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La productivité et les revenus des petits producteurs alimentaires

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 572 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 13/06/2017
    • de KNAEPEN Philippe
    • à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Ruralité, du Tourisme et des Aéroports, délégué à la Représentation à la Grande Région

    Le Gouvernement wallon a, ces dernières années, pris nombre de mesures afin de cheminer progressivement vers une vision à long terme en matière de développement durable. Ce cheminement wallon est inexorablement lié au contexte et à l’agenda international.

    En effet, lors du Sommet des Nations Unies (25 au 27 septembre 2015), 17 objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030, assortis de 169 cibles, ont été adoptés. Ces 17 objectifs traduisent les priorités en matière de développement durable que les chefs d’Etat et de Gouvernement de l’ensemble des pays de la planète ont identifiées pour les 15 prochaines années. Ces priorités vont de la santé et l’éducation à la conservation des écosystèmes, en passant par le travail décent, les modes de production et de consommation durables ou encore la réduction des inégalités au sein et entre les pays.

    Ces 17 objectifs et leurs cibles sont regroupés dans cinq catégories, appelées les 5P, qui ont été proposées par les Nations Unies comme axes de communication sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030  : Humanité (People), Planète (Planet), Prospérité (Prosperity), Paix (Peace) et Partenariats (Partnership).

    Au sein de l’axe «  Prospérité  », dans l’ODD 2.3 concernant la productivité agricole et les revenus des petits agriculteurs, figure l’objectif visant à «  d’ici 2030, doubler la productivité agricole et les revenus des petits producteurs alimentaires, en particulier des femmes, des autochtones, des exploitants familiaux, des éleveurs et des pêcheurs, y compris en assurant l'égalité d’accès aux terres, aux autres ressources productives et facteurs de production, au savoir, aux services financiers, aux marchés et aux possibilités d’ajout de valeur et d’emplois autres qu’agricoles.»

    Sensible à la cause des petits producteurs wallons, j’aimerais connaître les différentes mesures qui ont été prises jusqu’ici pour traduire cet objectif de manière concrète sur le territoire wallon  ? Doubler la productivité et les revenus des petits producteurs alimentaires semble en effet très ambitieux. Sur quels critères définit-on le concept de «  petits producteurs  »  ? Combien de producteurs sont considérés comme tels en Wallonie  ? Comment sont objectivés leur productivité et leurs revenus respectifs  ? Où se situe-t-on par rapport à la moyenne européenne en la matière  ?

    Monsieur le Ministre dispose-t-il de chiffres en fonction des différentes catégories de petits producteurs reprises ci-dessus au sein de l’ODD  ? Dans l’affirmative, peut-il me les communiquer ?
  • Réponse du 21/06/2017
    • de COLLIN René

    L’objectif de développement durable (ODD) 2.3, visant au doublement de la productivité et des revenus des petits producteurs est à remettre dans un contexte global.

    Ainsi, selon la FAO, plus de 80 % des exploitations agricoles dans le monde ont une superficie inférieure à 2 hectares. Les petits producteurs jouent donc un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire ; ils constituent par ailleurs la majorité des personnes vivant dans une extrême pauvreté et pratiquant pour la plupart, une agriculture de subsistance. L’enjeu de l’ODD 2.3, via une amélioration de la productivité, et donc des revenus, est de permettre à ces petits agriculteurs, d’ici 2030, de s’insérer dans une filière productive, gage d’avenir, le tout en assurant l’égalité d’accès aux ressources.

    Même si le contexte wallon est différent de celui décrit par la FAO, les ODD sont universels. Aussi, le Gouvernement wallon, dans le cadre de sa Déclaration de politique régionale 2014-2019, favorise plusieurs mesures contribuant à cet ODD 2.3, en veillant à assurer un revenu équitable aux agriculteurs, en facilitant l’installation de nouveaux agriculteurs et en garantissant aux agriculteurs un accès durable à la terre. Le Code wallon de l’Agriculture fait le choix de privilégier les exploitations familiales, à taille humaine, rentables, pourvoyeuses d’emplois et évoluant vers une agriculture respectant l’environnement.

    Concrètement, au niveau des mesures, je citerai dans le cadre de la Politique agricole commune (PAC) :
    - le paiement redistributif qui permet de verser un complément d’aide aux premiers hectares et son déplafonnement qui prend en compte le travail du conjoint aidant ;
    - un soutien couplé significatif envers le secteur animal, afin d’assurer une meilleure répartition des aides européennes au niveau wallon ;
    - le renouvellement des générations via un accès privilégié des jeunes et des nouveaux entrants à la réserve régionale ou via un complément d’aide en faveur des jeunes ;
    - la définition de l’agriculteur actif, afin de concentrer les aides agricoles européennes sur les vrais agriculteurs ;

    Quant à la définition de « petits producteurs » établie par la FAO, il est peu opportun de comparer la situation de la Wallonie avec le reste du monde, et en particulier les pays en développement intégrés dans l’approche de l’organisation onusienne.

    Je rappellerai simplement qu’en 2013, la taille moyenne des exploitations agricoles en Région wallonne était de 55,6 hectares, pour une surface moyenne de 35,5 hectares en Belgique. La taille moyenne des exploitations agricoles européennes s’élevait quant à elle à 16,1 hectares, chiffre cachant bien entendu une très grande hétérogénéité entre les États membres.