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Les mesures prises pour contrer les épidémies en Wallonie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 1030 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 14/06/2017
    • de KNAEPEN Philippe
    • à PREVOT Maxime, Ministre des Travaux publics, de la Santé, de l'Action sociale et du Patrimoine

    Le Gouvernement wallon a, ces dernières années, pris nombre de mesures afin de cheminer progressivement vers une vision à long terme en matière de développement durable. Ce cheminement wallon est inexorablement lié au contexte et à l’agenda international.

    En effet, lors du Sommet des Nations Unies (25 au 27 septembre 2015), 17 objectifs de développement durable (ODD) à l’horizon 2030, assortis de 169 cibles, ont été adoptés. Ces 17 objectifs traduisent les priorités en matière de développement durable que les chefs d’État et de Gouvernement de l’ensemble des pays de la planète ont identifiées pour les 15 prochaines années. Ces priorités vont de la santé et l’éducation à la conservation des écosystèmes, en passant par le travail décent, les modes de production et de consommation durables ou encore la réduction des inégalités au sein et entre les pays.

    Ces 17 objectifs et leurs cibles sont regroupés dans cinq catégories, appelées les 5P, qui ont été proposées par les Nations Unies comme axes de communication sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030  : Humanité (People), Planète (Planet), Prospérité (Prosperity), Paix (Peace) et Partenariats (Partnership).

    Au sein de l’axe «  Humanité  », dans l’ODD 3 visant à «  permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge  » figure au point 3.3 l’objectif suivant  : «  d’ici à 2030, mettre fin à l’épidémie de sida, à la tuberculose, au paludisme et aux maladies tropicales négligées et combattre l'hépatite, les maladies transmises par l'eau et autres maladies transmissibles.  »

    Concrètement, quelles sont les mesures qui ont été prises par l'administration allant en ce sens au cours des cinq dernières années  ? Quelles sont les statistiques en matière d’épidémies en Wallonie  ? Des résultats significatifs ont-ils été notés ces dernières années  ? Des pistes de réflexion sont-elles aujourd’hui sur la table en la matière  ?

    Par ailleurs, une épidémie de rougeole a marqué la Wallonie, début mars 2017. On comptait 163 cas au 8 mars. Cette maladie entre-t-elle dans le cadre de ce point  ? Cette recrudescence a-t-elle pu être contenue  ? Des mesures concrètes, pratiques ou de sensibilisation, ont-elles été prises ?
  • Réponse du 03/07/2017
    • de PREVOT Maxime

    Le terme « épidémie » est large et couvre un panel de situations. Les différentes épidémies qui se sont déclarées en Wallonie ces dernières années concernent des germes à transmission aérogène, féco-orales ou encore par contact direct.

    Citons parmi les principales situations vécues de manière régulière :
    - des cas groupés d’hépatite A : actuellement, une épidémie touche principalement les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes. Des écoles ont également été touchées durant les années antérieures ;
    - l’épidémie de grippe saisonnière ;
    - des toxi-infections alimentaires collectives, notamment durant la période estivale ou après l’ingestion de repas communs ;
    - des épidémies de gastroentérites virales ;
    - l’épidémie de rougeole ;
    - des cas groupés de coqueluche dans des milieux familiaux ou en collectivité (écoles, milieux d’accueil,…) ;
    - des cas groupés d’infection à E Coli entéro-pathogène en milieux collectifs ;
    - des « mini-épidémies » de tuberculose pulmonaire. Certaines maladies, dites tropicales, ne concernent actuellement pas le territoire de la Région wallonne.

    En Région wallonne et plus particulièrement, au sein de l’AViQ, il existe la cellule surveillance des maladies infectieuses composée de médecins inspecteurs et infirmiers qui qui ont pour mission l’organisation de la collecte systématique, de l’analyse, de l’interprétation et de la diffusion de données concernant des pathologies spécifiques. Cette cellule est très active et efficace et a notamment géré l’épidémie de rougeole qui a sévi récemment.

    En outre, parmi les différents axes d’action, citons notamment pour la Région wallonne :
    - les pistes de réflexion (au regard, notamment, des aspects relatifs à la vaccination, des infections sexuelles transmissibles, de la tuberculose) qui seront intégrées dans le cadre du plan wallon de promotion et de prévention Horizon 2030.
    - le Plan de lutte contre les moustiques exotiques, en collaboration avec la DGO3 compétente pour l’environnement, avec le niveau fédéral et les autres entités fédérées, qui permettra de retarder l’installation, en nos contrées, d’espèces non autochtones et l’apparition de maladies vectorielles comme la dengue, le chikungunya ;
    - le protocole d’accord en matière de prévention (maladies chroniques) du 21 mars 2016 de la Commission interministérielle de la Santé (CIM) ;
    - le Plan national de contrôle de l’hépatite C ;
    - le plan national VIH 2014-2019, dont un des piliers stratégiques est la prévention ;
    - l’existence de plusieurs réseaux de surveillance (laboratoires vigies, médecins vigies, pedisurv,…) mis en œuvre par l’Institut scientifique de Santé publique (ISP) et financé par l’AViQ dans le cadre d’un marché public ;
    - une participation active aux organes Risk Assessment Group (RAG) et Risk management groupe (RMG) mis en place par l’autorité fédérale de santé publique dans le cadre du règlement sanitaire international (RSI).

    Une collaboration avec l’ONE, responsable du programme vaccinal en Communauté française, dans le cadre d’une approche « long life vaccination », c’est-à-dire une vaccination tout au long de la vie, devrait également être envisagée avec le support du Réseau santé wallon.

    Il existe donc bel et bien une dynamique qui monte peu à peu en puissance en Wallonie en la matière dont nous pouvons nous réjouir.

    Concernant la rougeole, entre janvier et, mai de cette année, 293 cas de rougeole ont été notifiés à la Cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ. Cette épidémie est actuellement terminée : aucun cas n’a été déclaré depuis 4 semaines.

    Des analyses complémentaires sur les données récoltées dans le cadre de cette épidémie seront réalisées par les services compétents, mais quelques points d’attention peuvent déjà être relevés :
    - l’importance de se protéger encore et encore contre ces maladies à prévention vaccinale par un acte de vaccination, par rapport à sa propre santé et également dans une vue altruiste pour la protection de la communauté, et ce, spécifiquement pour les professionnels de la santé ;
    - un accès de type électronique des données de vaccination d’un individu est nécessaire pour connaitre son statut : de nombreux patients ne connaissaient pas leur statut vaccinal, n’ont pas de carnet ad hoc et il est difficile d’estimer correctement leur protection ;
    - il existe des groupes de personnes dont la couverture vaccinale contre la rougeole, entre autres, est insuffisante pour enrayer une contagiosité : une réflexion quant à l’amélioration de l’accès aux services de santé, notamment de prévention, devrait être menée ;
    - la difficulté, rencontrée parfois, de faire le diagnostic d’une pathologie qui est peu rencontrée et donc méconnue des prestataires de soins.

    Cette épidémie a touché des groupes à risque de personnes non vaccinées. Elle est survenue dans un contexte européen d’émergence de foyers épidémiques de rougeole, notamment en Roumanie et en Italie.

    Des mesures de sensibilisation ont été prises via des communications auprès des professionnels de la santé. La Cellule de surveillance des maladies infectieuses de l’AViQ est également intervenue dans différents médias pour sensibiliser la population à l’intérêt de la vaccination.