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Les métiers en pénurie

  • Session : 2016-2017
  • Année : 2017
  • N° : 325 (2016-2017) 1

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  • Question écrite du 14/06/2017
    • de NICAISE Marie-Françoise
    • à TILLIEUX Eliane, Ministre de l'Emploi et de la Formation

    Nous en parlions récemment concernant les métiers de la construction, nous apprenons aujourd’hui que le secteur du levage déplore une pénurie criante de grutiers.
    Si le secteur déplore l’absence d’une filière de formation de qualité, il s’avère que le FOREm propose bien une formation de grutier. Toutefois, cette formation est décriée par le secteur, car elle est jugée inadaptée aux pratiques du terrain et incomplète car elle jette uniquement les bases du métier de grutier.

    En effet, le métier de grutier se subdivise en plusieurs branches d’activités, en dehors de celle de la construction, comme le secteur du levage par exemple.

    Ce constat m’interpelle fortement.

    Comment se fait-il que le FOREm ne propose même pas une formation couvrant tous les secteurs d’activités du grutage  ? Est-ce par manque de temps  ? Est-ce lié au manque de moyen financier  ? Ou est-ce, et c’est là que je m’interroge, par méconnaissance du secteur en profondeur  ?

    Cette dernière réflexion m’inquiète. Parmi les 59 métiers en pénurie listés par le FOREm, 47 sont concernés par une formation proposée par le FOREm, annonçait Madame la Ministre avec force en commission.

    Madame la Ministre est-elle toutefois certaine que ces 47 formations, à l’image de la formation de grutier, correspondent bien aux réalités du terrain  ? Des évaluations sont-elles régulièrement menées afin de vérifier l’adéquation de ces formations avec les besoins réels du terrain  ? Si oui, quelles sont les modalités de ces évaluations  ?

    Comment le FOREm a-t-il entrepris d'établir cette liste des métiers en pénurie  ? Chacun des secteurs a-t-il été rencontré  ? Le secteur du levage comme celui de la construction semblent ne pas avoir été entendus. Ce sont pourtant deux secteurs traversant une crise profonde, affaiblis par le phénomène de dumping social.

    Madame la Ministre compte-t-elle prendre des mesures particulières pour ces deux secteurs et pour les autres secteurs fragilisés  ? Si oui, quelles sont-elles  ?
  • Réponse du 11/07/2017
    • de TILLIEUX Eliane

    Entre 2006 et 2014, le FOREm a analysé en profondeur 102 métiers en pénurie de main-d’œuvre qualifiée, afin d’identifier les besoins des demandeurs d’emploi et des entreprises, d’adapter l’offre de formation qualifiante et préqualifiante en conséquence et, in fine, de renforcer l’accès à l’emploi. Les métiers analysés ont couvert les secteurs de la construction, de l'industrie technologique, du transport et de la logistique, de la santé et de l'action sociale. Le métier de « grutier » a été analysé dans ce cadre. Soulignons en outre que cet important travail d’analyse a été réalisé en collaboration avec les représentants des secteurs professionnels.

    Ce travail se poursuit, dans le cadre des activités du FOREm, par la réalisation d’un baromètre semestriel des métiers, visant en priorité l'ensemble des fonctions critiques et métiers en pénurie. Les données nécessaires à la réalisation de ce baromètre sont agrégées sur la base, notamment, d’enquêtes de suivi des offres d’emploi. Les fonds sectoriels de formation sont également consultés.

    En ce qui concerne le métier de grutier, 335 demandeurs d’emploi (DE) étaient positionnés sur le métier de conducteur de grue, en mai dernier. Parallèlement, entre mai 2016 et mai 2017, le FOREm a reçu de la part des employeurs de ce secteur 67 offres d’emploi de conducteur de grue pour des contrats à durée déterminée ou indéterminée, ce qui est très faible à l'échelle de la Wallonie.

    Le fonds sectoriel de formation du secteur de la construction « Constructiv », que le FOREm a consulté dans le cadre de l'établissement de la liste des métiers en pénurie et des fonctions critiques, n'a pas souhaité faire apparaître ce métier dans cette liste.

    Parallèlement, le métier de conducteur d'engins de chantier fait, quant à lui, partie de la liste des fonctions critiques avec l’aval de « Constructiv ». En effet, entre mai 2016 et mai 2017, le FOREm a reçu 153 offres d'emploi sur ce métier pour des contrats à durée déterminée ou indéterminée et 264 offres d'emploi diffusées par des agences intérimaires sur le site du FOREm. Comme pour toutes les autres fonctions critiques ou en pénurie, le métier de conducteur-trice d’engins de chantier fait l’objet d’actions de sensibilisation menées par le FOREm et ses partenaires dans les écoles, les CEFO et les Cités des Métiers ainsi que dans le cadre de l’accompagnement individualisé des demandeurs d’emploi.

    Par ailleurs, 13 tables rondes sectorielles ont été animées par le FOREm en 2016, en ce compris avec le secteur de la construction et du bois. Ces tables rondes ont réuni un grand nombre d’experts, d’acteurs de la formation issus des pôles de compétitivité, des centres de compétence, des fonds sectoriels, des entreprises ainsi que d’autres acteurs du marché de l’emploi. Ces analyses proposent une vision « co-construite », à trois ou cinq ans, des besoins en compétences et en formation et représentent donc un référent pour appréhender les plans stratégiques développés notamment par les différents centres de compétence.

    Depuis toujours, le FOREm est inscrit dans une démarche partenariale avec les partenaires sociaux du secteur de la construction (Confédération de la construction, Fonds de formation de la construction, devenue « Constructiv ») pour l’identification des besoins de compétences des entreprises du secteur et l’organisation des formations ad hoc, dont celles, spécifiques, dédiées à la conduite d’engins de chantier.

    Actuellement, plusieurs engins de chantiers, des grues à tour et une grue mobile sont mis à disposition par les partenaires sociaux sectoriels sur les deux sites des centres de compétence ConstruForm (à Grâce-Hollogne et à Châtelineau) afin de former les demandeurs d’emploi, les travailleurs, mais aussi les étudiants et leurs professeurs sur un matériel « up to date ».

    Dans le cadre de la relabellisation des centres de compétence « Construform », un comité d’orientation où siègent les représentants du secteur (« Constructiv », le fonds de formation du secteur de la construction, la CCW, …), du FOREm et de l’IFAPME a en outre été mis en place. Ce comité a pour mission de veiller à l’adéquation des formations proposées avec les besoins de compétences des entreprises.

    Périodiquement, l’offre de formation est aussi actualisée en fonction des demandes et besoins objectivés par ces mêmes partenaires.

    Le secteur du montage (commission paritaire 111.3) dispose par ailleurs d’un fonds sectoriel des entreprises de montage et de location de grues : l’ASBL MONTAGE. Ce fonds sectoriel contribue au développement d’une offre de formation spécifique mise en œuvre par le centre de formation COMOKRA qui résulte d’une collaboration entre le VDAB, la société SARENS (deuxième plus grand groupe mondial dédié au levage) et l’ASBL MONTAGE. L’offre de formation des centres de compétence « Construform » s’articule, en bonne intelligence, avec celle du centre COMOKRA.

    Enfin, le site http://www.vzwmontage.be renseigne de manière exhaustive, tous les moyens, aides et primes auxquels un employeur peut prétendre en vue de faire former son personnel. En Wallonie, le fonds de formation du secteur de la construction participe grandement à la promotion du chèque formation, du crédit-adaptation, du congé-éducation payé et du PFI auprès des entreprises.

    L’origine du désappointement vécu par les entreprises qui se sont manifestées résulte apparemment d’une méconnaissance tant de l’offre de formation des centres Construform et COMAKRA que des dispositifs de soutien à la formation des travailleurs. Pour remédier à cette méconnaissance de l’offre, j’ai sollicité le FOREm pour que la direction unique employeur de l’Office fasse offre de service à ces mêmes employeurs en vue de les aider à mettre en œuvre leurs projets respectifs de formation et de recrutement.