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La recharge électrique automobile à partir des lampadaires LED publics

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 93 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 28/11/2017
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports

    J’étais attirée par un projet de pilotage à Londres de recharges de lampadaires par «  vampirisation  ». En effet, il faut se poser la question  : pourquoi faut-il investir dans des systèmes coûteux de recharge électrique automobile quand on peut s’appuyer sur le mobilier urbain préexistant  ?

    Dans les quartiers londoniens de Kensington et de Chelsea, on travaille avec le fournisseur d’énergie britannique OVO et la firme allemande ubitricity pour créer un réseau de 50 points de charge en «  vampirisant  » des lampadaires situés à proximité d’espaces de stationnement.

    Il apparaît que les points de recharges s’installent à n’importe quel endroit. Dans le cas présent, les lampadaires sont d’abord convertis en lampes LED à très basse consommation avec un stock d’électricité à redistribuer. Pour profiter de ce réseau, le propriétaire du véhicule électrique devra acheter un câble OVO doté d’un compteur intégré. L’entreprise établira ensuite une facture mensuelle et l’utilisateur pourra opter pour l’électricité verte s’il le désire.

    Que pense Monsieur le Ministre de ce modèle  ? Voit-il également des possibilités de développer un tel projet de pilotage en Région wallonne  ? Dans le projet de renouvellement des lampes publiques par des lampes LED en Région wallonne, serait-il peut-être possible d’intégrer cette idée ?
  • Réponse du 01/12/2017
    • de CRUCKE Jean-Luc

    La technique développée par Ubitricity et d’autres opérateurs tels Eluminocity ou Lightmotion est simple. Utiliser le réseau d’éclairage public et les infrastructures d’éclairage comme support pour le déploiement d’une infrastructure de rechargement pour véhicules électriques. Selon l’argument des divers concepteurs de ce type de système, cette approche symbiotique contribue à développer une « ville intelligente ».

    L’approche d’optimisation du réseau d’éclairage par adjonction de système de recharge pour véhicules a été abondamment détaillée dans le projet TELEWATT financé en 2013 par l’ADEME en France. Cette étude a ainsi montré que moyennant certaines précautions techniques, le réseau basse-tension du réseau d’éclairage pouvait permettre des options de chargement à des puissances n’excédant pas 11kW. L’avantage d’un tel système symbiotique est de voir le coût de déploiement d’infrastructure diminuer drastiquement les travaux de génie civil et de raccordement pouvant être, ainsi, drastiquement réduits.

    La modernisation du système d’éclairage public récemment approuvée sous l’impulsion du Gouvernement permettrait d’imaginer également la mise en œuvre d’un tel système en Wallonie. Je pense essentiellement aux zones urbaines où les propriétaires de véhicules ne disposeraient pas de garage ou de stationnement privé leur permettant de disposer d’une infrastructure de chargement. Néanmoins, deux contraintes majeures sont à signaler.

    La première porte sur l’infrastructure d’éclairage elle-même qui devra proposer un mat où le point de chargement pourra être installé. Ce mat, lui-même, devra être suffisamment proche d’une place de stationnement permettant la recharge sans entraver ou présenter un danger pour les piétons ou autres usagers de l’espace public.

    La seconde contrainte relève plutôt de la gestion centralisée du réseau d’éclairage. Le système de recharge de véhicule électrique par « vampirisation » du réseau d’éclairage part du principe que le réseau d’éclairage est en permanence alimenté et que la commande d’éclairage se fait au niveau du point lumineux et non de la sous-station. En l’état, le réseau d’éclairage généralement rencontré ne permet pas techniquement l’implantation de systèmes de « vampirisation ».

    Même si les modifications nécessaires afin de permettre cette solution étaient assez facilement réalisables, un investissement conséquent devrait être réalisé afin de généraliser une gestion plus intelligente de l’éclairage public. Pour rappel, l’enveloppe dégagée afin de permettre la modernisation de l’éclairage public était prévue pour couvrir le remplacement des ampoules actuelles par des systèmes plus performants énergétiquement et ne peut donc couvrir les coûts engendrés par cette disposition.

    Je suis conscient que de telles possibilités permettraient, sans doute, des solutions pleinement intégrées de nature à aider le développement de la mobilité électrique, principalement en ville, mais, en l’état, les coûts nécessaires à ce déploiement, même s’ils seraient parfaitement maitrisés par rapport au déploiement des infrastructures de rechargement par borne, et le marché des véhicules actuels rendraient difficile une généralisation du système dans un avenir proche.

    Je reste néanmoins attentif à de nouvelles solutions et je suis ouvert à toute initiative d’opérateurs soucieux de coopérer de manière innovante avec les gestionnaires des réseaux d’éclairage public et avec les pouvoirs locaux afin de faire évoluer ces réseaux de manière intégrée.