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L'encadrement des résidents en maison de repos

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2017
  • N° : 144 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 11/12/2017
    • de LECOMTE Carine
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative

    Un regrettable incident s'est récemment déroulé dans une maison de repos bruxelloise : celle-ci, bien qu’ayant renseigné à la famille une adresse erronée de l’hôpital où leur maman, âgée de 90 ans, aurait dû être hospitalisée, n’avait procédé à aucune recherche pour la retrouver ! Huit heures d’angoisse pour la nonagénaire s’en étaient suivies !

    « Ce genre d’incident particulier, où l’on perd la trace d’une personne âgée entre le home et l’hôpital, est très rare », indique Myriam Boudart, coordinatrice du Service d’écoute pour personnes âgées maltraitées (Sepam) à Infor-homes Bruxelles. “Ce qui arrive parfois, c’est qu’en cas de chute ou de malaise, le home pare au plus pressé. Ils appellent l’ambulance et mettent parfois un peu de temps à informer les proches.”

    Néanmoins, la coordinatrice du SEPAM explique que les normes de personnel minimum, exigées pour obtenir un agrément comme maison de repos, sont en deçà du nombre de professionnels nécessaires pour offrir un accompagnement de qualité.

    J'en viens à mes questions.

    Une récente enquête d’ING-Prodis ne dit pas autre chose quand elle indique qu’il faut désormais 10,6 équivalents temps plein pour gérer de manière efficace 30 résidents en maison de repos. Madame la Ministre a-t-elle pris connaissance de cette enquête ? Que lui inspirent ces normes d’encadrement bien supérieures aux exigences minimales réglementaires? A-t-elle connaissance de structures d’hébergement qui appliquent ces normes de personnel ?

    On entre en MR, en MRS, à un âge de plus en plus avancé. Le grand âge des résidents a une incidence sur les normes d’encadrement relatives au personnel de soins et de réactivation. Par contre, le personnel administratif est réduit à la portion congrue. Dans le cadre de la mésaventure relatée, il était rapporté qu’après 17 h 30, les bureaux étaient déserts. Impossible de joindre un pensionnaire ou une infirmière. Une permanence ne doit-elle pas être assurée ? A qui ce rôle est-il dévolu ?

    Enfin, nuançant les choses, la coordinatrice du Sepam, indique qu’il n’est pas toujours facile de tenir informées les familles en temps réel d’une chute ou d’un autre incident. «  On se retrouve de plus en plus dans des lieux où il y a beaucoup de résidents âgés et autant d’histoires singulières. »

    L’idée de faire appel à des bénévoles en MR, MRS, qui n’est pas neuve, se heurte à des obstacles de tout ordre. Cependant, la diffusion d’informations factuelles aux familles pourrait être de leur ressort ? Qu’en pense Madame la Ministre ?
  • Réponse du 27/12/2017
    • de GREOLI Alda

    L'honorable membre pense que l’organisation d’un travail bénévole dans les maisons de repos se heurte à de nombreux obstacles et imaginez dès lors que les maisons pourraient au moins y recourir pour diffuser aux familles un certain nombre d’informations factuelles. En réalité, et je vais le contredire : de nombreuses maisons de repos acceptent et recourent à des bénévoles.

    Pour des informations chiffrées et précises à ce sujet, je le renvoie utilement au rapport bisannuel relatif aux maisons de repos réalisé par la Direction des aînés en étroite collaboration avec l’Observatoire (AViQ). La dernière édition date de décembre 2014.

    On peut y apprendre que, près de 93 % des maisons de repos ont accueilli, au cours de l’année 2014, des étudiants, des stagiaires ou des bénévoles. La proportion de maisons de repos qui accueillent ces aidants est plus faible dans le secteur public (88,1 %). La différence entre secteurs existe pour tous les types d’aidants, mais est particulièrement importante pour les bénévoles puisque seulement 14 % des maisons de repos du secteur commercial en ont accueilli, contre respectivement 57 % et 45 % des maisons de repos du secteur associatif et du secteur public.

    Les bénévoles viennent essentiellement passer du temps avec les résidents ; ils peuvent aussi aider le personnel dans les tâches matérielles basiques, lui permettant de se concentrer sur d’autres choses. Ainsi, les bénévoles accompagnent les résidents qui le souhaitent aux activités organisées par l’ergothérapeute, organisent des animations, conduisent les résidents jusqu’au local de kiné, etc.

    A cet égard, il est cependant important de préciser que, si la présence de bénévoles (ou celle d’étudiants rémunérés et de stagiaires) est importante en ce qu’elle permet de consacrer plus d’attention aux résidents, elle ne peut en aucun cas pallier le manque de personnel qualifié nécessaire à la prise en charge du résident.

    Une norme chiffrée arrête en effet le personnel par catégorie nécessaire tenant compte du nombre de résidents, mais la règle première est bien celle de disposer, pour un établissement, de jour comme de nuit, d’un nombre suffisant de membres de personnel de soins et de réactivation permettant de répondre aux besoins des résidents, en fonction de leur nombre et de leur niveau de dépendance.

    Pour rappel, le Code wallon de l’action sociale et de la santé stipule la présence de 5,24 ETP pour assurer la permanence au sein des maisons de repos et de soins 24 h/24 et cela 7 j/7. Cette disposition doit être connue des pouvoirs organisateurs avant que ceux-ci ne concrétisent le projet d’ouverture d’un établissement.

    Je me dois de préciser néanmoins que je considère être un leurre l’augmentation des normes en matière de personnel comme la solution à tous les problèmes dont vous faites état. En effet, de nombreuses études et de nombreuses expériences de terrain tendent à démontrer que, si les soins restent essentiels pour le bien-être de la personne, ils sont, à ce jour, trop importants.
    Dans un souci de qualité, il importe dès lors que les maisons prennent le temps de déterminer leurs valeurs phare afin de donner sens aux pratiques des membres du personnel quels que soient leur qualification et leur champ d’action. Qu’elles prennent le temps aussi de développer les concepts et les instruments de référence et de transformer les valeurs en objectifs et en actions, indispensables à la bonne gestion au jour le jour puisqu’ils servent au développement permanent d’une politique cohérente au sein de la maison et facilitent le dialogue et la communication instaurée entre les différents partenaires. Les maisons de repos, et même les maisons de repos et de soins doivent en effet, avant tout, rester des lieux de vie plutôt que des lieux de soins.