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Les abattoirs mobiles

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 368 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 29/03/2018
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région

    L’actualité récente montre que de nombreuses réflexions ont lieu actuellement dans notre Région afin de consommer des produits locaux de meilleure qualité. Une solution avancée par les acteurs de terrain est la présence d’abattoirs mobiles, notamment pour revenir abattre près des fermes, entre autres en lien avec le tir au pré.

    Une étude de faisabilité a été réalisée en 2012 pour le compte de la Province de Luxembourg. Cependant, ce rapport a mis en exergue les difficultés pratiques de la mise en œuvre d’abattoirs mobiles : leur hauteur excédant quatre mètres, les normes sanitaires et environnementales ainsi que des coûts élevés.

    Toutefois, plusieurs abattoirs mobiles circulant en Allemagne et en Suède font fi de ces conclusions en ayant les autorisations nécessaires.

    Dans le cas allemand, avant tout abattage, le prestataire se rend directement sur place afin de vérifier l’accessibilité de l’endroit, de la présence de connexions à l’eau, à l’électricité et au gaz. Une analyse post-mortem est analysée dans une chambre froide laissée chez le client avant de placer la carcasse dans une remorque équipée.

    J’ai posé déjà quelques questions parlementaires sur les différentes méthodes d’abattage. Quelle est la position actuelle de Monsieur le Ministre vis-à-vis de ces abattoirs mobiles ? A-t-il déjà réalisé un calcul quant à un éventuel surcoût en cas d’utilisation de cette pratique ?

    En regard avec les normes de l’AFSCA, les cas allemand et suédois seraient-ils compatibles avec la règlementation wallonne ? Qu'en est-il des conséquences, positives comme négatives, au sens plus large ?

    Y a-t-il eu des concertations avec les responsables des abattoirs traditionnels pour connaître leur point de vue et pour développer des pistes où ils puissent être intégrés dans un tel système ? Si oui, avec quels résultats ? Quel en est le potentiel pour les éleveurs ?
  • Réponse du 19/04/2018
    • de COLLIN René

    Je suis favorable à la diversité dans la taille et la répartition géographique des abattoirs dès lors que cela permet de répondre aux attentes des éleveurs. Dans ce contexte, la mise en place de conditions favorisant l’abattage à la ferme et le développement de petits abattoirs de proximité peut représenter une contribution positive.

    La réflexion sur ce type d’abattage est pour l’instant menée par Nature & Progrès dans le cadre d’une subvention que je lui ai attribuée dans sa mission « Echangeons sur notre agriculture » qui cherche à impliquer les agriculteurs et les consommateurs dans les perspectives d’avenir de notre agriculture wallonne. La constitution d’un groupe de travail multiacteurs permettra de mettre en évidence les obstacles éventuels que l’on peut rencontrer sur le terrain. Il est prévu que ce groupe me communique ses conclusions ainsi qu’à mon Collègue du bien-être animal.

    Comme mentionnées par l'honorable membre, la conception et la mise en œuvre d’abattoirs mobiles présentent plusieurs difficultés. À côté du respect des règles sanitaires qui sont essentielles dans un souci de santé publique, les contraintes sont nombreuses autour de l’abattage des animaux. On peut citer la gestion des déchets et le traitement des eaux usées ou le refroidissement et le stockage des carcasses qui sont des opérations gourmandes en énergie ; enfin la disponibilité et la formation de la main-d’œuvre sont cruciales dans un secteur où les métiers de boucherie sont en pénurie. Ces contraintes pèsent lourdement sur la rentabilité des opérations et il faut tenir compte d’une baisse constante de la consommation de viande qui ne favorise pas cette filière.

    Des petits abattoirs, fixes ou mobiles, sont plus facilement concevables pour les petites espèces telles que la volaille ou les ovins. La preuve en est la création récente d’un abattoir pour pigeons qui a été possible dans le Hainaut, notamment grâce à un encadrement par l’équipe de DiversiFerm.

    Cependant des abattoirs à la ferme ou des abattoirs mobiles semblent peu rentables pour les bovins dans le contexte wallon, comme l’a montré l’étude de 2012 mentionnée. Je ne peux pas me prononcer sur les contextes suédois ou allemands qui sont probablement très différents et peut-être plus favorables à la rentabilité de telles structures. Je souhaite investiguer davantage à ce sujet.

    Pour soutenir un réseau de petits abattoirs (publics) accessibles à un grand nombre de producteurs ou à des particuliers en Wallonie, nous disposons de deux mesures :
    - l’aide régionale aux abattoirs publics ;
    - l’aide régionale aux halls-relais agricoles, qui a permis la mise en place de deux salles de découpe jusqu’à présent (AgricoVert et Poulet de Gibecq) et pour laquelle deux autres projets devraient prochainement voir le jour (AgriNew et un abattoir de volailles dans la région namuroise).

    J’ai également déjà mentionné à plusieurs reprises l’encadrement que peut apporter DiversiFerm à la mise aux normes des abattoirs publics ou à la ferme.