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La gestion des boues de dragage et le phytomanagement

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 1158 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 09/05/2018
    • de KNAEPEN Philippe
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    À plusieurs reprises, la Cour des comptes a pointé du doigt l’insuffisance du budget consacré à la gestion du dragage des cours d’eau wallons et de leur 300 000 mètres cubes de sédiment. Le budget nécessaire à la gestion de ces volumes serait d’environ 40 millions d’euros. Cette année encore, le budget de crédits d’engagements s’élève à seulement 16,533 millions d’euros, à l’instar des trois années précédentes.

    Cette somme, si elle est suffisante au maintien de la navigabilité du réseau, tout en assurant une accessibilité permanente des navires aux zones de quais et aux infrastructures portuaires, reste insuffisante pour atteindre les vieux fonds et vieux bords des voies d’eau navigables.

    Est-il prévu et, dans l’affirmative, à quel horizon, une augmentation du budget alloué à la gestion des boues de dragage pour atteindre les vieux fonds et vieux bords des voies d’eau navigables ?

    Si aucun risque à court terme n’a été calculé, existe-t-il des risques à moyen ou long terme si ce n’était pas fait ? Dans l’affirmative, lesquels ?

    Par ailleurs, début octobre dernier, le Gouvernement a approuvé la signature d’une convention de collaboration entre l’ISSeP, Valbiom et SPAQuE pour un projet de phytomanagement, à savoir un ensemble de techniques utilisant sur le site des espèces végétales pour contenir, extraire ou dégrader des polluants inorganiques ou organiques. Il indiquait, dans une réponse précédente, que l’objectif était « d'étudier la faisabilité du développement de cette pratique dans le cadre de la réhabilitation de friches industrielles, de décharges et d’anciens dépôts de boues de dragage, plutôt que de laisser ces zones sans traitement avec juste une surveillance environnementale, d’aller un peu plus loin en étant proactif via ces techniques de phytomanagement, mais qui nécessitent encore un peu de travail d’études et de mises au point ».

    Des avancées significatives ont-elles été réalisées en matière de phytomanagement ?

    Le recours à cette technique a-t-il déjà fait ses preuves à long terme ?

    Quel coût de mise en place et d’entretien cet ensemble de techniques représente-t-il ?

    Que ressort-il des échanges avec l’INERIS, qui développe le même type de techniques, côté français ?

    Peut-il me dire si l’implantation d’une ou plusieurs entreprises dans ce secteur prometteur est prévue en Wallonie ?

    Des mesures sont-elles prises pour créer un contexte incitatif à l’implantation de ce type d’entreprises et d’initiatives en Wallonie ? Dans l’affirmative, lesquelles ?
  • Réponse du 01/06/2018
    • de DI ANTONIO Carlo
    Concernant le dragage des voies hydrauliques, le Plan wallon d’investissement 2019-2024 prévoit un nouveau financement pour la mise à gabarit des voies navigables.

    Concernant le phytomanagement, la volonté est de promouvoir ces modes de gestion qui restent malgré tout encore insuffisamment mis en œuvre. Il est utile que la Wallonie s’inscrive dans la démarche afin de bénéficier de retour d’expérience adapté aux sols pollués et aux conditions climatiques de la région.

    Les expérimentations réalisées ces dernières années ont donné des résultats prometteurs. Citons notamment :
    - en Belgique, en 2010, SPAQuE a lancé un projet pilote d’implantation de cultures énergétiques de Miscanthus sur trois anciennes friches industrielles, en collaboration avec la cellule UCL de l’ASBL Valbiom et le Centre indépendant de promotion fourragère (CIPF), pour une superficie totale de 1 ha. La biomasse produite a été valorisée en paillage ou comme combustible ;
    - en France, sur le site de Metaleurop, une expérimentation avec du Miscanthus a permis de démontrer l’intérêt de cette plante en phytostabilisation. En effet, Miscanthus accumule peu d’éléments métalliques dans ses parties aériennes et produit rapidement de la biomasse ;
    - en France toujours, une autre expérimentation a été menée avec cinq espèces d’arbres en mélange sur une ancienne parcelle agricole contaminée en cadmium, plomb et zinc. Celle-ci a permis d’évaluer la compatibilité des espèces testées pour la phytostabilisation et l’effet d’un amendement de cendres volantes.

    Plusieurs actions et projets ont été ou sont financés pour soutenir le développement du phytomanagement sur notre territoire. Citons par exemple :
    - les projets Logigramme I et II, qui ont permis le développement d’une feuille de route (et son guide d’utilisation) pour monter un projet de phytomanagement. Sa publication est prévue début juillet 2018 sur le site de ValBiom ASBL ;
    - le projet de phytostabilisation « Wallphy » qui fait l’objet d’une convention entre l’ISSeP, la SPAQuE et Valbiom pour l’aménagement de trois parcelles de phytostabilisation en Wallonie. Dans le cadre de ce projet, l’INERIS a été associé dès le début, et des échanges sont mis en place de manière régulière pour bénéficier des retours d’expérience de l’INERIS, pionnier dans ce domaine. Dans le cadre de ce projet, un travail actif mené par l’ISSeP, la SPAQuE et Valbiom afin que la filière tende à être mieux reconnue dans les réglementations régionales.

    D’autres initiatives intéressantes sont prises, notamment :
    - la mise sur pied par Valbiom aASBL ’un groupe d’action pour le phytomanagement qui compte actuellement une quarantaine d’acteurs du domaine ;
    - sur le plan international, le projet européen Interreg New-C-Land, qui vient d’être approuvé, où des acteurs de Wallonie, Flandre et Nord-Pas-de-Calais vont travailler ensemble à promouvoir la valorisation (non alimentaire) de biomasse sur des sites marginaux.

    Concernant la question des coûts de mise en œuvre et de valorisation de la biomasse, ces derniers sont variables en fonction des caractéristiques du site, des espèces végétales choisies et des filières de valorisation de la biomasse produite. Les expériences en phytomanagement sont encore majoritairement au stade pilote (échelle de 1 à 2 ha par site) à l’heure actuelle. Les coûts-bénéfices pour du phytomanagement sur des surfaces plus grandes devraient être plus intéressants. L’aspect économique est par ailleurs abordé dans la feuille de route issue des projets Logigramme I et II.

    Les initiatives se multiplient ces dernières années et cet essor s’inscrit pleinement dans la politique de transition écologique et d’économie circulaire que nous menons.