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Les conséquences sur le climat des traînées de condensation des avions à réaction

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 286 (2017-2018) 1

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  • Question écrite du 24/05/2018
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à CRUCKE Jean-Luc, Ministre du Budget, des Finances, de l'Energie, du Climat et des Aéroports
    Plusieurs articles scientifiques pointent du doigt le rôle des traînées de condensation qui s’échappent des avions sur le changement climatique. Ces fameuses lignes blanches naissent quand de la vapeur d’eau se condense sur de fines particules en suspension dans l’air.

    Cela se crée automatiquement avec les avions puisque leurs réacteurs rejettent de la poussière de suie et de la poussière d’eau qui s’agglutinent dessus, créant ainsi les traînées de condensation pouvant ainsi rester plusieurs heures dans le ciel. Certaines traînées deviendront ensuite des cirrus qui se laissent traverser aisément par les rayons du soleil et entraînent ainsi un réchauffement de la température de surface. D’après ces articles, ces nuages auraient un impact plus important que le carburant consommé par les avions.

    En outre, une partie de la population semble mal informée sur ce sujet en adhérant à la théorie conspirationniste présentant ces traînées blanches comme des produits chimiques délibérément répandus par des autorités gouvernementales pour des raisons farfelues.

    Monsieur le Ministre, a-t-il déjà été informé sur ces faits et ses conséquences sur le changement climatique ?

    A-t-il en sa possession des chiffres sur les effets des traînées de condensation en Région wallonne ?

    Ces mêmes scientifiques prétendent que des solutions existent avec le détournement du trafic aérien qui pourrait réduire ces trainées. En sachant que le trafic aérien fait l’objet d’une concertation entre l’autorité fédérale et la Région, cette donnée est-elle prise en compte sur les routes empruntées par les avions qui survolent notre Région ?
  • Réponse du 12/06/2018
    • de CRUCKE Jean-Luc
    Des articles récents indiquent en effet que les traînées de condensation des avions auraient un effet sur le climat qui serait au moins aussi important que l’effet du CO2 émis par les réacteurs.

    En guise d’introduction, je me permets de rappeler un principe important lié aux causes du réchauffement climatique : la solidarité obligatoire. En effet, il n’existe que peu d’effets directs locaux des gaz à effet de serre ou d’autres causes indirectes comme les traînées de condensation. Dès qu’une molécule de CO2 est émise en un point du globe, elle impacte la température mondiale, et ce, pour de longues périodes.

    Ainsi, pour répondre à la première question de l’honorable membre, je confirme que les bases de connaissance sur les effets des traînées de condensation sont bien connues des négociateurs, et donc de mon administration. Cela fait d’ailleurs l’objet des travaux de synthèse du Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIECC), qui, on le sait, constitue le socle scientifique de l’Accord de Paris. Voir à ce titre le dernier rapport d’évaluation, publié en 2013, chapitre 8 (Anthropogenic and Natural Radiative Forcing) (voir ipcc.ch). Le GIEC a également publié en 1999 un rapport spécial titré « aviation and the global atmosphere ». À l’échelle mondiale, le forçage radiatif, c’est-à-dire la part des effets de traînées de condensation sur le réchauffement global est estimée à 0,05 W/m2, incluant les cirrus produits par ces traînées (…). Comparativement, le forçage dû au CO2 pour la même année est estimé à 1,68 W/m2.

    Sa deuxième question invoque un effet local des traînées de condensation en Wallonie. En vertu du principe évoqué en introduction à cette réponse, je confirme qu’il n’est pas possible de dégager scientifiquement un effet local en Belgique. Dès lors, elle comprendra également qu’éviter le survol de la Wallonie par des ajustements des routes aériennes n’aurait que très peu d’effet local sur notre Région. En outre, vu les altitudes concernées (ce phénomène ne se produit que lorsque l’avion est à plus de 10 000 mètres d’altitude), on se situe dans la sphère de compétence d’Eurocontrol en charge du contrôle aérien en route.

    L’essentiel est donc d’inclure la modération du trafic aérien, combinée à des solutions technologiques comme l’amélioration de la consommation des réacteurs et la diminution des émissions de particules fines, dans les accords internationaux. L’intégration des questions liées aux effets directs et indirects des vols aériens constitue d’ailleurs un sujet majeur dans les processus de négociations politiques.