/

L’état de l’industrie wallonne

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 466 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 28/05/2018
    • de GALANT Jacqueline
    • à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
    Selon la RTBF, « il y avait encore 35 000 travailleurs dans la sidérurgie liégeoise dans les années 60. Un peu moins de 16 000 en 1980 et à peine 1 400 aujourd’hui. Pourtant en 10 ans, la Wallonie a encore investi 295 millions d’euros dans sa sidérurgie ».

    Rappelons que Jean-Claude Marcourt a été Ministre de l'Économie entre 2004 et juillet 2017.

    Ajoutons également que sur la dernière décennie (2005-2015), le repli de l’industrie se constate dans les trois Régions du pays.

    L’effet de la crise économique et financière se remarque par la diminution plus importante de la part des branches d’activité liées à l’industrie entre 2008 et 2009, tant en Wallonie qu’à Bruxelles et en Flandre. La part moyenne de l’industrie en Wallonie se situait à 26 % entre 2003 et 2008 contre 24 % entre 2009 et 2015.

    Quelle est l'analyse de Monsieur le Ministre de l’état de l’industrie wallonne ?

    Quels seront les investissements, grands chantiers de la Région wallonne concernant le secteur industriel ?

    La révolution de l’industrie 4.0 semble en marche, la production se personnalise, quels sont les enjeux pour la Wallonie ?

    Le défi de l’industrie en Wallonie est-il d’acquérir des nouvelles technologies afin de diversifier le modèle industriel passé et actuel ?
  • Réponse du 14/06/2018
    • de JEHOLET Pierre-Yves
    Comme le souligne l’honorable membre, la Wallonie a connu, communément à la plupart des économies développées, un double phénomène de désindustrialisation et tertiarisation croissantes de son économie. La structure productive de l’économie wallonne s’est profondément modifiée, passant d’une économie industrielle à une économie de services avec une part des services marchands qui a nettement progressé, passant de 47 % en 1988 à 57 % de la valeur ajoutée régionale en 2015 (voir le Rapport sur l’économie wallonne 2016), alors que la valeur ajoutée industrielle est passée de 22 % à 14 %.

    Malgré la tendance à la baisse de la part de la valeur ajoutée industrielle, l’industrie conserve une importance centrale dans l’expansion des économies contemporaines du fait de la dynamique qu’elle insuffle en termes de dépenses en R&D, de son rôle dans la croissance de la productivité et de son impact indirect sur l’économie. En particulier, l’industrie a des effets d’entraînement importants sur l’ensemble de l’économie de par la grande quantité de biens et services intermédiaires qu’elle demande aux autres secteurs d’activités. Cela s’illustre notamment par une externalisation croissante par les entreprises industrielles à des entreprises de services d’une partie de leurs activités qu’elles effectuaient précédemment en leur sein.

    Cela signifie également que la désindustrialisation et la tertiairisation de l’économie constituent un même phénomène, étant donné qu’une partie de la croissance des activités de services correspond simplement à un transfert d’activités des entreprises industrielles à leurs sous-traitants. De même, cela suggère que viser un certain pourcentage du PIB dans l’industrie est un objectif peu clair au vu de la frontière poreuse entre l’industrie et les autres secteurs d’activités.

    Plutôt que de se focaliser sur le processus de désindustrialisation, il me semble plus important de bien positionner nos entreprises dans les chaînes de valeurs qui unissent services et industrie afin de profiter d’opportunités de développement économique qui combinent croissance économique et créations d’emplois. L’analyse de la chaîne de valeur du secteur de la chimie développée dans l’édition 2017 du Rapport sur l’économie wallonne montre par exemple que ce secteur pourrait améliorer son ancrage local. Il y a certainement des actions à prendre en sens afin de favoriser cet ancrage et donc de développer encore l’emploi dans ce secteur fort en Wallonie.

    Cette fragmentation à travers plusieurs branches d’activités économiques ne se limite pas aux frontières nationales et prend place au sein d’un réseau d’entreprises de plus en plus mondialisé. Les biens et services sont produits et consommés de manière dispersée ; la matière première brute provient d’un endroit, les produits intermédiaires proviennent d’un autre endroit et sont ensuite exportés ailleurs et l’assemblage final peut être réalisé encore dans un autre lieu. Les activités liées au processus de production telles que la R&D, la conception et les activités de services subissent la même dynamique, ce qui fait qu’au final toutes les activités économiques se mêlent au sein de chaînes de valeurs mondialisées.

    Étant donné la mondialisation des processus de production, il convient pour les pays et les régions de faire en sorte que leurs entreprises se positionnent dans les activités dans lesquelles ils ont un avantage comparatif ; idéalement les segments qui captent le plus de valeur ajoutée. La difficulté est d’être en mesure d’intégrer les segments requérant le plus de technicités et de connaissances. Bien souvent, la plus grande part de la valeur ajoutée se trouve en amont et en aval du processus de production industrielle. En termes de création de valeur, il peut donc être préférable de délaisser les phases intermédiaires d’assemblage et de s’insérer intelligemment dans le processus de production au sens large.

    La politique industrielle doit donc être menée dans un contexte élargi, au-delà du seul secteur industriel et au sein de chaînes de valeurs mondialisées de biens et services. Il est nécessaire de favoriser les liens entre tous les acteurs économiques de la région, à l’image de la dynamique lancée par les pôles de compétitivité en Wallonie, plutôt que trop segmenter notre tissu économique en opposant l’industrie aux services et les grandes aux petites entreprises.