/

La réforme de la santé mentale

  • Session : 2017-2018
  • Année : 2018
  • N° : 470 (2017-2018) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 10/07/2018
    • de NICAISE Marie-Françoise
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    La réforme de la santé mentale, initiée en 2010 par le Fédéral, dont l’objectif était de déplacer une partie des soins hospitaliers vers l’ambulatoire, avance lentement en raison de la réalité institutionnelle de notre pays, qui voit les compétences de la santé partagées entre le Fédéral, les Communautés et les Régions.

    Les professionnels de la santé mentale pointent certains manquements tels que le manque de personnel dans les équipes mobiles et en centre hospitalier, le manque de moyen et la lenteur de la mise en place de certaines mesures.

    Madame la Ministre, peut-elle faire le point sur la situation de la santé mentale en Wallonie ?

    La Ministre fédérale de la santé invoque la prudence lorsqu’il est question de santé mentale, les patients étant les plus vulnérables qui existent. La santé mentale serait un peu le domaine oublié de la médecine.

    Est-elle en contact avec le cabinet de la Ministre fédérale de la Santé à ce sujet ?

    Quels sont les moyens consacrés à la santé mentale en Wallonie ?
  • Réponse du 20/07/2018
    • de GREOLI Alda
    En matière d'offre de soins en santé mentale, la Wallonie soutient un grand nombre d'institutions, notamment les services de santé mentale, les conventions de revalidation fonctionnelle résidentielles ou ambulatoires, les initiatives d'habitations protégées, les maisons de soins psychiatriques, la concertation autour du patient psychiatrique, les services de télé-accueil, les platesformes de concertation en santé mentale et de nombreuses subventions facultatives. Ajoutons à cette liste les services agréés spécialisés en assuétudes et les conventions de revalidation fonctionnelle spécialisées dans la prise en charge des assuétudes.

    Sans compter les compétences transférées, le budget alloué à la santé mentale et aux assuétudes en 2018 par Wallonie s’élève à environ 43 millions d’euros, principalement pour des institutions ambulatoires.

    En ajoutant le montant lié aux compétences transférées, qui concernent en grande partie des institutions résidentielles, le budget total avoisine les 150 millions d'euros.

    Le Gouvernement fédéral subventionne de son côté la prise en charge des troubles psychiatriques en hôpital.

    D'autres institutions plus généralistes ont également un rôle à jouer en matière de difficultés psychologiques, comme, par exemple, certaines maisons médicales qui comprennent un psychologue. Comme l’honorable membre le sait certainement, il ne faut pas négliger le rôle des médecins généralistes qui sont souvent les premiers à faire face à la détresse des patients.

    Néanmoins, les soins, généralistes ou spécialisés, ambulatoires ou résidentiels, ne suffisent pas pour aider les personnes avec des troubles en santé mentale. Ces personnes ont également besoin de pouvoir continuer à vivre dans leur communauté de vie, dans leur famille, à travailler – ou du moins à rester actif – et à avoir une vie sociale.

    Elle l’aura compris, la prise en charge des problèmes de santé mentale implique de très nombreux acteurs de l'aide et du soin, mais également des représentants des usagers et des proches. Il est nécessaire dans l'intérêt des usagers que les institutions collaborent entre elles pour assurer la continuité des soins et pour veiller au rétablissement de la personne dans son milieu de vie, c'est-à-dire au renforcement de l'autonomie de la personne, que son trouble soit momentané ou chronique.

    C'est pourquoi les Ministres de la Santé se sont réunis pour créer la réforme des soins de santé mentale pour adultes, afin de faciliter la concertation entre institutions et la continuité des soins pour les patients.

    Cette réforme est soutenue et supervisée par la Conférence interministérielle santé publique (CIM), au sein de laquelle je suis en contact avec la Ministre fédérale de la Santé, ainsi qu'avec les autres Ministres de la Santé. La CIM a délégué au groupe de travail intercabinets (GTI) « Task force Soins en Santé mentale » le soin de veiller au développement des réseaux en santé mentale. Au sein de ce GTI, les conseillers de cabinet et des représentants des administrations concernées se réunissent régulièrement pour suivre l'évolution de la réforme.

    Pour garder le lien avec le terrain concerné par la réforme, la CIM a chargé le GTI de constituer un organe de concertation. Il a été officialisé lors de la CIM du 21 mars 2016. Cet organe consultatif est constitué des membres du GTI, de représentants des soins et de représentants d'usagers et de proches. Il a pour objectif d'accompagner l'approfondissement et l'élargissement du travail en réseau, ainsi que l'amélioration de la qualité de ce travail, via des recommandations bien étayées par la situation sur le terrain. Plusieurs groupes de travail ont été constitués : sur le territoire des réseaux, sur la fonction médicale, sur l'intensification des soins résidentiels, sur l'expertise du vécu et sur l'hospitalisation partielle.

    À présent, grâce au gel de lits réalisé par les hôpitaux et au suivi intensif des réseaux réalisé par le SPF Santé publique sous l'égide du GTI, les réseaux couvrent l'ensemble du territoire belge. La Wallonie compte ainsi sept réseaux. Chaque province compte au moins un réseau. Les Provinces de Hainaut et de Liège, particulièrement peuplées, en comptent cependant deux. L'élargissement et l'approfondissement des réseaux ont tenu compte des recommandations de l'organe de concertation.

    Si cette réforme concerne les adultes, la nouvelle politique en santé mentale concerne quant à elle les enfants et les adolescents. Cette nouvelle politique a abouti à la création de cinq réseaux en Wallonie : un par province. Comme pour les adultes, ces réseaux impliquent non seulement les soins en santé mentale, mais également les autres secteurs concernés tels que le handicap, l’aide à la jeunesse, l'enfance et l'enseignement.

    Comme pour la réforme des soins de santé mentale pour les adultes, un organe de concertation se met en place. Il donnera la possibilité aux représentants des secteurs concernés d’accompagner la nouvelle politique et de produire des recommandations étayées. Appelé le COMSMEA (Comité pour la nouvelle politique en Santé mentale des enfants et des adolescents), il comprendra des groupes de travail thématiques. Son lancement est prévu en automne 2018.

    Pour l'ensemble des réseaux, le processus de formation, d’accompagnement et de suivi se poursuit grâce au travail du SPF Santé publique.

    Les réseaux effectuent déjà un travail conséquent via la fonction de coordination, le recrutement et la mise en place des équipes mobiles (de crise et de longue durée), la fonction de liaison intersectorielle, les lits de crise et le programme dédié aux situations « double diagnostic ». Les réseaux sont différents selon leur lieu d’ancrage : l’offre de soins, le nombre de partenaires, la taille de la population, la taille du territoire à couvrir géographiquement et le contexte socio-économique varient en effet d’un territoire provincial à l’autre.

    En outre, pour suivre spécifiquement les réseaux en Wallonie et à Bruxelles, une plateforme intrafrancophone de soutien à la nouvelle politique rassemble les conseillers des Ministres compétents et les représentants de leurs administrations. Cette plateforme se concentre sur les possibilités d’actions et de moyens, de façon pragmatique, notamment en soutenant le travail en réseau des administrations et des secteurs subventionnés.

    Enfin, le GTI se réunira pour élaborer une déclaration conjointe sur les soins de santé pour personnes âgées.