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Le vieillissement de la population dans les communes rurales

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 14 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 19/09/2018
    • de GALANT Jacqueline
    • à GREOLI Alda, Ministre de l’Action sociale, de la Santé, de l’Egalité des chances, de la Fonction publique et de la Simplification administrative
    En 2060, selon une analyse de Befius research, la population âgée de 65 ans et plus, qui représente actuellement 18 % de la population totale du pays, progresserait de manière continue pour atteindre près de 25 % de la population en 2060.

    L’effectif des personnes âgées de 80 ans et plus s’élèverait à près de 1,2 million de personnes en Belgique, soit 9,1 % de la population totale.

    Le vieillissement de la population ne sera pas homogène sur tout le territoire wallon, le vieillissement sera plus marqué dans les communes rurales. Madame la Ministre peut-elle me renseigner ?

    Quelle sera la stratégie globale d’anticipation du vieillissement de la population par la Région wallonne ?

    Quelle est son analyse de la situation concernant le vieillissement de la population wallonne dans les prochaines décennies ?

    Envisage-t-elle des mesures pour accompagner ce vieillissement dans les prochaines années notamment dans les communes rurales ?

    Les communes disposent d’outils comme le Programme communal de développement rural (PCDR).

    Comment l’adapter pour répondre efficacement au vieillissement de la population ?

    Dispose-t-elle de chiffres du vieillissement de la population dans les communes wallonnes ?
    Si oui, lesquelles seront-elles les plus impactées ?
  • Réponse du 02/10/2018 | Annexe [PDF]
    • de GREOLI Alda
    Une étude de l’IWEPS, menée avec le Centre de recherche en démographie de l’UCL, a en effet montré qu’il existe bien de fortes disparités en matière de vieillissement entre communes, mais que cette disparité concerne aussi la proportion de personnes âgées qui vivent dans des conditions sociales précaires, leur état santé, l’accès aux soins et l’accès aux services d'aide à domicile.

    Dans ce cadre, ces chercheurs ont conclu que « Les communes ardennaises, ainsi que celles situées dans le Tournaisis ou dans l’Entre-Sambre-et-Meuse sont sans doute les plus particulières de ces points de vue. Elles concentrent de larges parts de populations âgées, souvent résidentes dans des ménages isolés et déclarant, pour la plupart, être en mauvais état de santé. Pour autant, ces localités n’offrent pas nécessairement un large panel d’aides aux bénéfices de ces populations vulnérables. Si l’offre de places en institutions, rapportées aux potentiels bénéficiaires n’y apparaît pas forcément plus sous-développée qu’ailleurs, l’offre d’aides et de services fournis par des proches ou des professionnels du secteur médico-social s’avère toutefois bien insuffisante. Les communes situées en Brabant wallon ou dans le sud de la Province de Luxembourg présentent actuellement l’avantage d’être relativement épargnées des difficultés engendrées par le vieillissement démographique. Bien sûr, la part de personnes âgées et très âgées y croît, comme partout, mais selon des ampleurs moins fortes. Encore aujourd’hui, elles présentent des populations aux structures par âge très jeunes, résultat d’une périurbanisation récente et intense. Par ailleurs, les populations résidant dans ces quelques communes bénéficient d’avantages socioéconomiques qui les laissent partiellement à l’abri d’une précarité prononcée, y compris chez les populations plus âgées. Inévitablement, le processus de vieillissement s’y propagera (peut-être même selon un rythme bien plus effréné qu’ailleurs), mais l’expérience des autres communes wallonnes leur laisse l’opportunité de pouvoir mieux en appréhender les défis ».

    L’IWEPS a également publié en mars 2017 un document présentant les perspectives de population par commune à l’horizon 2035. Il est à noter que ces deux publications peuvent être téléchargées sur le site de l’IWEPS.
    Dans l’annexe figure une carte n° 1 montrant la population des 65 ans et plus en 2035 par commune.

    À sa lecture, on constate qu’« en Région wallonne, l’âge moyen était de 40,5 ans en 2011. La distribution des communes sur base de ce critère varie de 35,4 et 45,4 ans. Les âges moyens les plus faibles sont observés dans un vaste triangle englobant des communes du pays hennuyer et brabançon et de Hesbaye liégeoise, ainsi que d’autres situées le long de l’autoroute des Ardennes et dans le sud de la Province de Luxembourg. Dans ces régions, le processus de vieillissement s’est propagé plus lentement qu’ailleurs. L’âge moyen n’y a évolué que très peu entre 1970 et 2011.

    À l’autre extrême, on trouve quelques communes urbaines (Liège, Namur, Tournai, Mons), des villes de petites ou de moyennes tailles (telles que Huy par exemple), ainsi que des communes de la vallée de la Semois qui présentent un âge moyen largement supérieur à la moyenne régionale. Les communes des Cantons de l’Est se distinguent, elles aussi, très nettement, puisqu’elles présentent des tendances à la hausse de leur âge moyen entre 1970 et 2011 parmi les plus élevées. (Voir annexe carte n° 2)

    Comparativement à la répartition de la population âgée de 60 ans et plus, les personnes ayant 80 ans ou plus sont toutefois surreprésentées dans un nombre plus restreint de communes. C’est principalement dans les communes de l’ouest des Ardennes ou du sud de la Province de Namur que ces personnes sont proportionnellement plus nombreuses. Les communes situées dans le Tournaisis et dans le sud-est de la Province de Liège comptent également de fortes proportions de personnes très âgées.

    Dans quasiment toutes les communes wallonnes, au moins quatre personnes sur dix âgées de 80 ans et plus vivent dans des conditions sociales précaires. Les proportions sont néanmoins bien plus élevées dans les communes situées dans les anciens bassins industriels wallons. Un premier foyer de communes situé dans l’Entre-Sambre-et-Meuse et en Province de Hainaut (spécialement les communes de Charleroi et Mons, ainsi que les communes des périphéries de ces villes) compte une part importante d’individus appartenant au quartile social défavorisé. Jusqu’à trois personnes sur quatre âgées de 80 ans ou plus vivent dans des situations précaires. Un nombre important de communes situées en périphérie de la Ville de Liège et dans les arrondissements de Marche-en-Famenne et Bastogne comptent, elles aussi, une part importante de populations défavorisées, constituant ainsi le deuxième foyer wallon le plus précarisé.

    En ce qui concerne les mesures à adopter pour accompagner ce vieillissement, elles passent, outre celles relatives aux soins, par l’insertion sociale, la qualité de la nourriture, l’accès au logement, la prévention du ralentissement de la perte d’autonomie, ….

    La mise en place de l’assurance autonomie, ainsi que la revalorisation du secteur des Services d’aide aux familles et aux aînés a dès lors été réfléchie et pensée pour répondre à ces problématiques. De même, l’accroissement du nombre d’institutions d’hébergement pour les aînés s’y conjugue pour apporter la réponse la plus complète possible.

    En effet, l’assurance autonomie vise, selon les principes généralement admis dans un cadre assurantiel, à couvrir le risque de dépendance, avec une volonté affirmée de privilégier et de faciliter l’accompagnement des personnes à leur domicile via une aide adaptée à leur situation. Dans ce cadre, l’assurance autonomie via sa première branche couvre des prestations à domicile via des aides familiales, des gardes à domicile et des aides ménagères sociales.

    Le bénéfice de l’assurance autonomie est octroyé tant aux personnes vivant à domicile qu’à celles résidant en institutions (MRPA/MRS, institution pour personnes handicapées) via sa deuxième branche (conditionnée à des critères d’âge et de revenus) qui prévoit le versement d’une allocation forfaitaire autonomie qui peut être utilisée par le bénéficiaire afin de l’aider à couvrir les coûts liés à sa perte d’autonomie.

    Concernant la réforme du secteur d’aide aux aînés, elle porte notamment sur l’accessibilité universelle pour les résidents et sûreté des prix. En effet, il est important de garantir l’accessibilité de l’hébergement à un minimum de personnes âgées. De nouvelles normes de qualité seront aussi travaillées afin d’intégrer une réelle démarche dans le fonctionnement des institutions, mais aussi dans leur contrôle par l’autorité. Si le respect des normes architecturales était un point de départ fondamental, il est avéré que la prise en compte des besoins physiques et psychiques des résidents est tout autant importante, voire supérieure. Les établissements devront dès lors s’engager dans une démarche d’amélioration continue de la qualité où le résident est au centre des actions entreprises.

    Par ailleurs, concernant le nombre de médecins généralistes en milieu rural, un ensemble de mesures ont déjà été prises pour inciter de nouveaux médecins à venir s’installer dans les communes en pénurie :

    - le maintien des primes à l’installation dans les zones en pénurie et l’augmentation de la prime dans les zones en pénurie grave ;
    - le soutien dans les charges salariales de l’employé administratif du médecin et dans les frais de télé secrétariat, c’est-à-dire les Impulseo II ou III.

    Mon collègue René Collin s’est aussi impliqué pour favoriser l’accès aux médecins dans les zones rurales en lançant un appel à projets créant des logements tremplins et des cabinets ruraux de médecine.

    Enfin, je ne doute pas que l’obligation faite aux communes à l’issue du prochain scrutin communal quant à l’élaboration d’un « programme stratégique transversal » (PST) sera l’occasion pour nombre d’élus locaux de se pencher sur cette thématique et d’adapter leurs projets en conséquence. À cet égard, l’Agence pour une vie de qualité et la Direction générale opérationnelle de l’Intérieur et de l’Action sociale ne manqueront pas d’apporter leur support aux acteurs locaux.

    Pour la question relative au Programme communal de développement rural, j’invite l’honorable membre à la poser à mon collègue Monsieur Collin.