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Les conséquences du réchauffement climatique sur les oiseaux migrateurs

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 89 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 22/11/2018
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Une conclusion d’une récente étude de la revue britannique « Nature Climate Change » indique que d’ici 2050, près de 80 % des oiseaux migrateurs pourraient être affectés par la modification de l’environnement en raison du réchauffement climatique. Leurs populations estivales ou hivernales seraient réduites dans 30 ans de 10 % et leur parcours migratoire augmenterait de 10 %.

    Le cas des oiseaux migrateurs est assez particulier puisqu’un faible nombre de ces espèces sont classées en tant qu’espèce menacée par l’Union internationale pour la conservation de la nature. Il est donc plus compliqué que les oiseaux en question fassent l’objet d’une protection particulière.

    Des conséquences sont déjà visibles puisque la présence du tarier pâtre, un oiseau semi-migrateur, est en nette augmentation sur les hauts-plateaux ardennais.

    Monsieur le Ministre peut-il m’indiquer si des changements de comportement ont déjà eu lieu chez les oiseaux migrateurs ayant l’habitude de venir en Région wallonne ?

    Des réflexions ont-elles actuellement lieu afin d’étendre l’annexe 1, déjà bien fournie, de la loi du 12 juillet 1973 sur la conservation de la nature ?
  • Réponse du 13/12/2018
    • de COLLIN René
    Les résultats évoqués sont basés sur l’étude de plus de 700 migrateurs au long cours (plusieurs milliers de kilomètres entre le site d’hivernage et le site de nidification), répartis sur tout l’hémisphère nord (zone holarctique).

    L’étude met en avant les effets du changement global sur la diminution à la fois des aires de reproduction, d’hivernage et sur les distances qui les séparent. Le changement global est l’association du changement climatique et de la disparition des habitats, dont il ne faut donc pas oublier l’influence.

    En Wallonie, les migrateurs au long cours concernent les oiseaux qui nichent chez nous et qui hivernent en Afrique du Nord ou Afrique subtropicale. Ils ne représentent qu’une minorité des oiseaux nicheurs, car les espèces sont majoritairement des espèces résidentes ou des espèces qui ne migrent pas au-delà de l’Europe.

    Chez nos oiseaux communs, 22 % des espèces migrent jusqu’en Afrique et seulement deux tiers d’entre elles migrent en Afrique subtropicale.

    En Europe, la liste rouge des espèces menacée concerne 57 % des espèces nicheuses et 56 % des espèces en Wallonie. Au sein de ces listes, une majorité des espèces représente justement des espèces migratrices dont le statut défavorable est notamment lié aux conditions difficiles lors de l’hivernage et de la migration.

    En Wallonie, l’ensemble des espèces d’oiseaux sont déjà protégées par la Loi sur la conservation de la nature. Toutes les espèces font l’objet d’un monitoring. Une grande partie des espèces au statut défavorable fait l’objet de loin ou de près de mesures de gestion visant à améliorer leur situation, qu’elles soient migratrices ou non.

    Comme expliqué dans un article paru en 2014 dans le bulletin Aves, l’effet du réchauffement climatique est déjà perceptible à l’échelle de la Wallonie. Par exemple, pour certaines espèces, la migration printanière est significativement avancée par rapport à ce qu’elle était il y a quelques décennies. Il est également constaté que certaines espèces, autrefois entièrement migratrices, hivernent maintenant chez nous. L’apparition occasionnelle d’espèces méridionales est de plus en plus fréquente et peut parfois conduire à des nidifications exceptionnelles. De plus, les espèces nicheuses de chez nous à caractère méridional, se voient favorisées. Cela a pour effet d’influencer les communautés d’oiseaux. L’exemple donné du Tarier pâtre est un exemple connu d’espèce favorisée chez nous par le réchauffement climatique.

    Néanmoins, globalement, il est difficile de voir qu’une espèce en particulier régresse ou au contraire progresse à la suite des changements climatiques dans nos contrées.