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Les conséquences du changement climatique sur l’agriculture et la pisciculture

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2018
  • N° : 99 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 05/12/2018
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à COLLIN René, Ministre de l'Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
    Une étude parue le 19 novembre dans la revue britannique Nature Climate change, a publié un rapport alarmant sur les effets du changement climatique dans le monde d’ici 2100.

    Leur méthodologie est très étoffée, puisque les rédacteurs de ce rapport ont compilé 3 300 études scientifiques pour établir une liste de 467 impacts qui touchent la totalité de la vie humaine dans le monde.

    Bien que la Région wallonne soit moins touchée que d’autres régions ou pays selon ce rapport, il n’en reste pas moins qu’elle sera confrontée au cours de ce siècle à d’importants problèmes liés à la sécheresse. L’agriculture et la pisciculture y sont plus que jamais concernées, nous l’avons vécu cet été avec une sécheresse considérée comme exceptionnelle par l’IRM.

    Je crains néanmoins que l’exceptionnel devienne la norme d’ici la fin de ce siècle et il est nécessaire d’anticiper le monde de demain pour nos agriculteurs et nos pisciculteurs. Mieux que les écouter et dédommager, la politique agricole wallonne sera efficace avec de l’anticipation et de la prospective.

    Des réflexions ont-elles lieu sur les conséquences liées au changement climatique sur l’agriculture et la pisciculture à long terme ?

    Outre les mesures prises par les autres niveaux de pouvoirs afin d’atteindre nos objectifs climatiques, quelles mesures Monsieur le Ministre peut-il prendre afin de mieux prévenir, mais aussi de mieux préserver nos productions ? Je pense notamment aux fourrages, au maïs, aux pommes de terre et aux truites saumonées qui ont particulièrement souffert l’été dernier.

    Comment compte-t-il mieux intégrer ce facteur avec les secteurs de l’agriculture, de la pisciculture et les milieux associatifs liés à ces deux domaines ?
  • Réponse du 10/12/2018
    • de COLLIN René
    Les conséquences du changement climatique sur l’agriculture sont depuis de longues dates au cœur de mes préoccupations.

    Depuis quelques années déjà, des chercheurs se focalisent sur la recherche de solutions pour nos agriculteurs. Au niveau wallon, j’ai voulu que le changement climatique constitue une dimension transversale des deux derniers appels à projets, tant en recherche qu’en développement. En marge de ces appels, différents projets et essais sont menés au sein des équipes de recherche ou des structures d’encadrement. Je cite pour exemple les essais menés au niveau du centre pilote « Fourrages Mieux » sur des variétés de graminées ou de légumineuses mieux adaptées à la sécheresse que le ray-gras anglais, plante dominante de nos prairies. Des techniques permettant d’avoir un couvert toute l’année et de limiter l’évapotranspiration et de mieux valoriser les productions sont à l’étude.

    D’autres pistes de solutions sont envisageables, telles que l’utilisation d’associations de céréales et de protéagineux, récoltés en immatures pour contourner la période sèche, la production de fourrages de qualité grâce aux légumineuses, ou encore, une utilisation de cultures dérobées et de méteil. Enfin, l’introduction de nouvelles cultures telles que le soja ou le sorgho est aussi à l’étude.

    Outre l’adaptation des systèmes fourragers au changement climatique, le recours à des races de bovins plus rustiques est également envisagé.

    En pisciculture, le plus gros problème pour la production de salmonidés reste le maintien d’un débit d’eau suffisant en vue d’assurer une température de l’eau adéquate et une teneur suffisante en oxygène dissous. Des solutions peuvent s’orienter vers des approvisionnements en eau moins chaude par le recours au forage ou à la production en circuit fermé (avec refroidissement). Vu le coût de l'énergie, la rentabilité économique de ces possibilités doit être étudiée. Il en va de même pour les risques d’apparition de certaines pathologies.

    Mais encore, la sélection d’espèces ou de souches plus tolérantes aux températures plus élevées est également envisagée, mais cela impliquera aussi la nécessité d'obtenir un changement des habitudes des consommateurs.

    L’encadrement des pisciculteurs wallons est pris en charge par un laboratoire du CER-Groupe avec le soutien de la Wallonie.