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L’enquête de Vias sur la conduite de jeunes sous l'influence de drogues

  • Session : 2018-2019
  • Année : 2019
  • N° : 388 (2018-2019) 1

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  • Question écrite du 15/01/2019
    • de BALTUS-MÖRES Jenny
    • à DI ANTONIO Carlo, Ministre de l'Environnement, de la Transition écologique, de l'Aménagement du Territoire, des Travaux publics, de la Mobilité, des Transports, du Bien-être animal et des Zonings
    La presse est récemment revenue sur les résultats d’une enquête mettant en exergue la consommation de drogues chez les jeunes conducteurs. Monsieur le Ministre a certainement dû lire les mêmes chiffres que moi, puisqu’un jeune homme sur quatre âgé entre 18 et 34 ans, ainsi que pratiquement une jeune femme sur 10 de la même tranche d’âge, ont avoué avoir consommé des drogues et avoir pris le volant au moins une fois par mois.

    Cette enquête concorde avec les retours que j’ai eus avec des policiers de plusieurs zones locales dans le passé. Les chiffres proposés par l’institut Vias semblent conforter les constats de la police.

    Je suis consciente que l’AWSR agit en la matière et qu’il est important de rendre ces actions encore plus percutantes et symboliques. Des mesures ont également été mises en place comme les chèques Backsafe qui permettent un retour en toute sécurité pour ces jeunes et cela, à un moindre prix. Je pense, toutefois, que ces différentes campagnes et initiatives ne sont pas ancrées ou connues parmi les plus jeunes conducteurs.

    Comment Monsieur le Ministre interprète-t-il ces résultats ? A-t-il l’intention de soutenir les demandes de l’institut Vias ? Pour rappel, cette étude considère que la problématique des drogues doit être traitée de la même manière que les problèmes liés à l’alcool au volant. Il va de soi que l’usage de drogues augmente de manière exponentielle le risque d’accident grave.

    Voit-il des mesures qui peuvent être prises ou être renforcées sur les volets de la prévention et des initiatives renforçant la sécurité de tous les usagers ?
  • Réponse du 31/01/2019
    • de DI ANTONIO Carlo
    J’ai pris connaissance de cette enquête de Vias. Les résultats alarmants qu’elle nous fournit ne sont malheureusement pas nouveaux. L’Agence wallonne pour la Sécurité routière avait déjà mis en avant la progression inquiétante des conducteurs sous influence de drogue lors d’une enquête réalisée en 2017. Celle-ci constatait que 5 % des Wallons avouaient avoir conduit au moins une fois sous influence de drogue au cours des 12 derniers mois. Ce taux montait même à 17 % pour les jeunes conducteurs de sexe masculin.

    Cette enquête mettait par ailleurs en avant le fait que ¾ des consommateurs de substances illicites avouaient avoir pris aussi de l’alcool lors du même trajet à risque. Or, le risque d’accident grave est multiplié par près de 200 (comparativement à un conducteur sobre) suite à la prise combinée d’alcool et de drogue.

    C’est effectivement une problématique qui doit être prise à bras le corps. Pour ce faire, l’AWSR a institué un groupe de travail « Conduite sous influence de drogues » composé d’experts afin de comprendre davantage ce phénomène, d’en saisir les problématiques de terrain et de formuler des recommandations visant à améliorer la stratégie intégrée sensibilisation/répression en Wallonie. La conduite sous influence de drogues constitue la troisième des « sept mesures pour ne pas dépasser 200 tués en 2020 ».

    Quatorze recommandations ont été présentées par le Conseil supérieur wallon de la Sécurité routière (CSWSR) à l’occasion des États généraux de la Sécurité routière en Wallonie le 9 juin 2017.
    En 2018, le groupe d’experts s’est de nouveau réuni afin de faire le point sur chacune des recommandations permettant de conclure à la nécessité de poursuivre les objectifs en matière de sécurité routière.
    Considérer ledit phénomène de la conduite sous influence de drogues avec la même importance que celui de la conduite sous influence d’alcool constitue la première des recommandations émises par le CSWSR. Il est question de systématisation des contrôles salivaires à la suite d’accidents de la route avec dommages corporels, ce qui n’était pas le cas auparavant.
    Cette recommandation trouve sa force dans la nécessité de mieux cerner les causes de l’accident et d’établir les responsabilités en tenant compte de la conduite sous influence de drogues. Par ailleurs, si la constatation est une combinaison de drogue et d’alcool, le CSWSR recommande que la sanction soit plus sévère, dès lors que cette combinaison multiplie considérablement le risque de provoquer un accident.

    Cependant, tant que le prélèvement salivaire n’est pas entré en vigueur, la systématisation des contrôles en matière de drogues reste difficile à mettre en place. La procédure de prélèvement salivaire a été sollicitée auprès du fédéral. Dans l’attente, le prélèvement sanguin est une procédure qui requiert un effectif policier plus conséquent. Pour pallier cette à charge de travail, le groupe a émis des recommandations telles que la mise en place d’un partenariat entre les hôpitaux et les services de police ainsi que l’intervention de tout professionnel qualifié en art infirmier pour procéder au prélèvement sanguin.

    Concernant la sensibilisation auprès du public concerné, les policiers qui composent les cellules d’éducation et de prévention auprès des gouverneurs des cinq provinces wallonnes mènent des actions visant à prévenir le comportement inadéquat chez les jeunes.

    Il est important également de signaler que pour répondre aux différentes problématiques liées à la sécurité routière, l’AWSR se voit investi de nouvelles missions comme :
    - des actions de sensibilisation de terrain et en contact direct avec les publics cibles dans le cadre d'événements,
    - la mise en place d'une analyse détaillée des accidents, via l’analyse des PV, via des entretiens avec les personnes concernées par l’accident ou via le recueil de données sur les lieux de l’accident,
    - la contribution à la formation de policiers dans le cadre de la politique de contrôle en matière de circulation,
    - le développement de formations liées à la sécurité routière ou aux contacts avec des victimes de la route, tant en direct qu’en collaboration avec d’autres instances, et destinées au public ou aux agents professionnels.

    Quant au projet de chèques taxi lancé par l’AWSR à l’automne 2018, près de 6 000 chèques ont déjà été vendus et 25 sociétés de taxis y participent. Depuis, les commandes de chèques connaissent une augmentation constante avec un pic de 1500 chèques vendus durant le mois de décembre 2018.
    Au vu du succès, l’AWSR a décidé de prolonger le projet-pilote jusqu’au 31 décembre 2019.  De cette manière, les événements labellisés Backsafe (en période estivale principalement) seront renforcés par la promotion des chèques taxi auprès des participants. D’autres campagnes de promotion seront réalisées en 2019 afin que le public cible soit davantage informé.

    Enfin, ladite thématique a été reprise à l’occasion de la campagne « accidents de week-end » de juin 2018.  Cette action de sensibilisation sera renouvelée à l’occasion de la campagne de juin 2019.