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La mortalité des mésanges bleues

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 37 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 22/10/2019
    • de NIKOLIC Diana
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Début septembre, deux associations flamandes dévoilaient les résultats d’analyses menées sur une centaine de poussins de mésanges retrouvés morts dans leur nid en Flandre et à Bruxelles. Des résidus de 36 types de pesticides différents ont été décelés sur cet échantillon.

    Dans 89 des 95 échantillons examinés, on trouve même des traces de DDT qui est pourtant interdit d'usage depuis 1974 en Belgique, ce qui montre la persistance de ce produit dans l’environnement. Ce résultat est inquiétant, d'autant plus que les mésanges avaient tout au plus deux semaines et n'étaient jamais sorties de leur nichoir.

    Des recherches supplémentaires sont par ailleurs menées en Flandre pour déterminer si la lutte contre la pyrale du buis a une influence sur la mortalité des mésanges, puisque l’étude a pu trouver dans le corps des mésanges mortes des substances qui sont utilisées pour combattre la pyrale du buis.

    En Wallonie aussi la pyrale est partout, et activement combattue par les jardiniers. Il y a deux méthodes efficaces : la pulvérisation d’insecticides et les pièges à phéromones.

    On le voit, cette première méthode est désormais largement suspecte, et le principe de précaution voudrait qu’on l’écarte au plus vite.

    Y a-t-il des études fiables sur le sujet ? L’ISSeP a-t-il mené des analyses sur la question ? Les pièges à phéromones pourraient-ils être encouragés d’une manière ou d’une autre (distribution gratuite, baisse de prix…) ?

    Enfin, je voudrais faire une suggestion : si l’hiver permet d’espérer une trêve dans la reproduction de ces petites chenilles vertes, qui ont jusqu'à quatre cycles de vie par an, ne serait-il pas opportun de prévoir pour le printemps un guide des bonnes pratiques dans la lutte contre la pyrale qui soit aussi axé sur la préservation de la faune et pas seulement la sauvegarde des buis ?

  • Réponse du 06/12/2019
    • de TELLIER Céline
    D’un point de vue méthodologique, les analyses de l’étude menée en Flandre ont ciblé des cas de mortalités suspectes. De ce fait, les conclusions ne sont donc pas extrapolables en tant que telles. Par ailleurs, même si on peut le soupçonner, il n’est pas possible de conclure de façon certaine que les pesticides analysés sont à l’origine des mortalités constatées. La mortalité des oisillons pourrait aussi être liée à d’autres facteurs, seuls ou en combinaison tels que notamment les conditions climatiques, le déclin des insectes, la prolifération de maladies.

    Cela dit, les résultats de cette étude sont inquiétants à plus d’un titre.

    Tout d’abord, le fait de retrouver une large variété de pesticides dans des jeunes animaux nourris durant seulement quelques jours met une nouvelle fois en évidence la présence généralisée de ces substances dans notre environnement, avec les risques induits non seulement sur les animaux, mais aussi sur la santé humaine. 36 pesticides différents ont été mis en évidence. Ensuite, le fait de retrouver dans une majorité de nids du DDT, un pesticide interdit depuis plus de 40 ans, doit nous interpeller sur la très longue rémanence d’un tel produit, fait d’autant plus interpellant que la concentration atteint dans un cas 17 fois la valeur limite.

    Aucune analyse spécifique n’a été menée en Wallonie dans la mesure où les suivis globaux de l’avifaune par les associations naturalistes n’ont pas mis en évidence une mortalité anormalement élevée de jeunes mésanges en comparaison avec les suivis menés les autres années. Il n’y a donc pas d’inquiétude à avoir pour ces espèces en particulier.

    Par contre, la présence répandue de pesticides dans notre environnement doit nous encourager à une utilisation raisonnée des pesticides. C’est l’approche qui est promue par mes services, ainsi que par le Comité régional phyto, lequel a édité plusieurs guides de bonnes pratiques à l’attention des particuliers et des professionnels.

    Le site de ce comité (https://www.crphyto.be/la-pyrale-du-buis-jardiniers-amateurs ; https://www.crphyto.be/pyrale-du-buis-wallonie-professionnels ) met en avant diverses méthodes possibles pour faire face à la Pyrale du Buis (méthode de taille, filet de protection, ramassage manuel des chenilles, pulvérisation d’eau à haute pression, nématodes…). Les mesures préventives sont encouragées pour la lutte contre la Pyrale du Buis, tandis que l’utilisation des produits de synthèse n’est à envisager qu’en dernier recours.

    Les pièges à phéromones peuvent constituer une alternative en cas d’échec des méthodes manuelles. Cependant, les pièges à phéromones attirent les papillons pour ensuite les piéger et peuvent dès lors causer des mortalités collatérales non souhaitées, y compris dans des endroits où la Pyrale du Buis n’est pas présente.

    L’autorisation de mise sur le marché d’une substance ou d’un produit ne ressort pas de mes compétences puisque celles-ci dépendent respectivement de l’Union européenne et du SPF Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement (fédéral). Toutefois, bien sûr, je continuerai d’encourager l’utilisation des alternatives aux pesticides pour protéger à la fois la santé des citoyens que celle du vivant dans son ensemble.