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Le niveau d'information de la population en matière de santé

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 38 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 22/11/2019
    • de de COSTER-BAUCHAU Sybille
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Une récente étude a révélé que la Wallonie a un taux de faible littératie en matière de santé de l’ordre de 37 % (c’est-à-dire des personnes âgées de plus de 15 ans disposant d’une faible connaissance dans le secteur de la santé). Le concept de littératie en santé désigne la capacité d’un individu à trouver de l’information sur sa santé, à la comprendre, l’évaluer et, enfin, s’en servir pour prendre une décision avisée. Ce taux est préoccupant, car plusieurs études ont démontré qu’une littératie en santé limitée est associée à des taux de morbidité plus élevés et à une mortalité prématurée. Ceux qui en savent moins sur la santé ont effet « une adhérence thérapeutique » plus faible (leur autogestion de la maladie en particulier de type chronique, est insuffisante). Ils sont aussi moins susceptibles de participer aux programmes de dépistage et davantage enclins à des comportements nocifs pour la santé, comme le tabagisme ou la consommation d’alcool.

    Pour améliorer le résultat actuel wallon, il serait opportun d’utiliser des messages clairs vis-à-vis des populations vulnérables et une simplification des procédures. En outre, l’OMS propose d’intégrer la prise en charge de la littératie dans le fonctionnement quotidien des institutions de soins de sorte que quand les médecins expliquent une maladie ou un traitement, ils puissent identifier les personnes à risque et adapter leur façon de communiquer.

    La digitalisation de la santé pourrait constituer une solution positive dans le but de réduire le taux de faible littératie en santé en Wallonie. En effet, si l’on adapte l’emploi de l’outil numérique, en sachant que certaines personnes ont une littératie plus faible, alors celui-ci peut constituer une solution. On pourrait par exemple imaginer des interfaces en ligne complètes qui comportent des images et des explications simples.

    Afin de tendre vers plus de lisibilité et une meilleure communication, Madame la Ministre est-elle d’accord avec la proposition avancée par l’OMS ?

    Comment compte-t-elle orienter la digitalisation croissante de la santé afin de diminuer le taux de faible littératie en Wallonie ?

    A-t-elle déjà imaginé des pistes pour vulgariser le langage médical au sein de la population wallonne ?
  • Réponse du 17/12/2019
    • de MORREALE Christie
    La littératie en santé est reconnue être un élément déterminant de la santé publique. On entend par ce terme la motivation et les compétences des individus à accéder, comprendre, évaluer et utiliser l'information en vue de prendre des décisions concernant leur santé. Elle est un médiateur, un outil de réduction des inégalités sociales de santé.

    Plusieurs facteurs de risques provoquant une faible littératie en santé ont été identifiés, parmi lesquels un faible niveau d’éducation ou de scolarité, une situation socio-économique ou un statut social défavorisés et l’appartenance à un groupe minoritaire (ethnie, immigration). On note également une forte association avec l’âge et le genre. Dès lors, de faibles compétences de santé peuvent être considérées comme facteurs contributeurs aux inégalités de santé. C’est ce public plus vulnérable qu’il faut atteindre.

    Six Belges sur 10 ont un niveau de compétence suffisant des matières touchant à la santé. De l’autre côté, la littératie en santé est limitée pour 3 Belges sur 10, et 1 sur 10 en a une connaissance insuffisante.

    Au total, 4 Belges sur 10 en savent trop peu en matière de santé. Avec ces proportions, la Belgique ne se démarque pas de la moyenne des pays repris dans l’enquête européenne, mais nous sommes loin derrière les performances, par exemple, des Pays-Bas.

    Suite à l’élargissement progressif des domaines de la littératie en santé, il faut garder à l’esprit qu’elle reste un outil de promotion de la santé parmi d’autres, elle ne doit pas être la seule. Le développement de compétences de littératie en santé implique que les personnes disposent d’un minimum de compétences (par exemple, savoir lire). Dès lors, la question de la prise en compte des personnes les plus précarisées se pose : celles-ci présentent souvent des carences multiples quant aux prérequis nécessaires à l’acquisition des compétences de base de littératie en santé.

    Quelques pistes pour favoriser le développement de la littératie en santé ; Stephan Van den Broucke (Professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de l'éducation de l’UCL) propose quelques recommandations :
    - intégrer la santé dans l’enseignement ;
    - intégrer la santé dans les programmes de formation professionnelle et de l’éducation pour adultes ;
    - au niveau des mesures politiques, intégrer la littératie en santé dans les politiques de santé, d’enseignement et sociales ;
    - encourager le développement communautaire et la participation citoyenne ;
    - créer des partenariats pour répondre aux défis de la littératie en santé. (Universités, Hôpitaux universitaires et non universitaires, mais également se tourner vers notre voisin, les Pays-Bas, qui semble être plus performant…).

    Et la littératie digitale de santé est un domaine en émergence sur lequel on peut agir. La volonté durant cette législature est de réunir, d’écouter les acteurs de terrain sur les réalités qu’ils traversent afin de dégager avec les opérateurs et prestataires de soins les solutions aux problèmes rencontrés.

    De plus, nous inviterons les fournisseurs de solution IT et systèmes applicatifs à réfléchir à un écosystème numérique pour prestataires de soins intra et extra-muros, mais également pour le patient. En effet, la vulgarisation des termes en santé, l’accès facilité à l’information permettront de rectifier ces inégalités citées plus haut.

    Enfin, rappelons que la communication, l’information et l’éducation en matière de santé de toutes et tous est un des objectifs stratégiques poursuivi par le WaPPS, Plan dont l’opérationnalisation en concertation avec les opérateurs concernés, est soutenue par la Déclaration de politique régionale de ce Gouvernement dont l’améliorer l’état de santé des Wallons doit être une priorité. La littératie en santé est donc l’affaire de tous.