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La vaccination contre la pneumonie chez les aînés

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2019
  • N° : 47 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 26/11/2019
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Il y a quelques jours, dans le cadre de la Journée mondiale de la pneumonie qui se déroule chaque année le 12 novembre, l’Institut belge de la santé Sciensano révélait que seuls 8,6 % des Belges âgés de plus de 65 ans ou de plus de 45 ans avec un risque accru (asthme, maladies cardiaques, diabète…) se sont fait vacciner l’année dernière contre l’infection à pneumocoques, l’une des formes les plus courantes de pneumonie.

    Pour rappel, la pneumonie est une infection respiratoire aiguë affectant les poumons et est provoquée par des bactéries, des virus ou des champignons microscopiques. Dans un tiers des cas, le pneumocoque en est la cause.

    En 2015, le pneumocoque a été responsable de quelque 430 décès chez les plus de 50 ans en Belgique. Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) ajoute même que chez les plus âgés, la mortalité des infections invasives pneumocoques reste élevée, avec environ 12 %.

    Madame la Ministre dispose-t-elle de chiffres concernant la Wallonie ?

    Des initiatives en matière de prévention et de sensibilisation à destination des aînés existent-elles ?

    Dans le cas contraire, la mise en place d’une campagne d’information concernant la vaccination chez les aînés de manière globale, avec un focus sur les infections à pneumocoques est-elle envisageable ?
  • Réponse du 18/12/2019
    • de MORREALE Christie
    La pneumonie est une infection respiratoire aiguë du tissu pulmonaire, due à une bactérie, un virus ou un champignon.

    Très souvent, la pneumonie est due à une bactérie appelée Streptococcus pneumoniae ou pneumocoque. D'autres germes bactériens sont moins fréquemment en cause : Mycoplasma pneumoniae, Chlamydia pneumoniae, Legionella pneumophila, Haemophilus influenzae, et cetera. Le pneumocoque n'est pas transmis d'une personne à l'autre et il n'y a donc pas d'épidémies. En revanche, la bactérie Mycoplasme pneumoniae a une transmission interhumaine par inhalation de particules respiratoires et peut donc être responsable de petites épidémies, notamment en collectivité (famille, classe, bureau...). Le pneumocoque peut aussi être à l’origine d’infections dites invasives. Par infection invasive, on entend la concordance d’une image clinique et de critères de laboratoire : isolement et/ou détection d’acide nucléique et/ou détection de l’antigène de Streptococcus pneumoniae à partir d’un site normalement stérile (sang - septicémie, liquide céphalo-rachidien (LCR) - méningite, liquide pleural - pleurésie, ou autre site profond).

    Lorsqu’un patient est atteint de pneumonie à pneumocoque, dans 20 à 30 % des cas, il peut développer une septicémie qui peut alors mener au décès.

    Les facteurs de risque de la survenue de la pneumonie sont :
    - l’âge : une pneumonie peut apparaître n'importe quand, mais elle est plus fréquente avant l'âge de deux ans et après 65 ans ;
    - une maladie pulmonaire préexistante comme :
    ◦ l' asthme ;
    ◦ la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) ;
    ◦ la mucoviscidose, et cetera ;
    - une hospitalisation en réanimation, notamment en cas d'assistance respiratoire ;
    - un déficit immunitaire :
    ◦ une infection par le VIH (virus de l'immunodéficience humaine) ;
    ◦ une chimiothérapie ou une corticothérapie sur le long terme ;
    - des troubles de la déglutition avec risque d'inhalation par fausse route ;
    - la consommation de tabac ;la survenue au préalable d'une grippe, la pneumonie étant la complication bactérienne la plus fréquente de la grippe saisonnière.

    En termes d’épidémiologie, l’incidence des infections invasives à pneumocoques (en particulier la pneumonie avec bactériémie) augmente à partir de 50 ans et est significativement plus élevée chez les personnes de plus de 65 ans : en 2017, 28,2 cas d’infections invasives pour 100 000 habitants ont été recensés pour la Wallonie parmi ce groupe d’âge (données du Centre national de référence (CNR) qui couvre 88 % des souches).

    Les personnes à risque sont donc : les personnes de 65 ans et plus, ou les personnes de 45 ans et plus avec une maladie chronique spécifique (asthme, bronchite chronique, pathologie cardiovasculaire, hypertension, troubles rénaux ou diabète).

    En termes de vaccination, il existe deux vaccins enregistrés pour la population des adultes : le vaccin polysaccharidique à 23 valences (PPV23) et le vaccin conjugué à 13 valences (PCV13). Des études rétrospectives de grande envergure montrent de manière cohérente que le vaccin polysaccharidique 23 valences (PPV23) confère une protection d'environ 50 % contre les infections invasives à pneumocoque chez les personnes âgées en bonne santé âgées de 65 à 80 ans. En revanche, en ce qui concerne la pneumonie, il n’existe aucune preuve cohérente que le vaccin PPV23 assure une protection contre la pneumonie chez l’adulte, les personnes âgées ou les patients présentant des facteurs de risque sous-jacents et/ou une immunité réduite. Pour le vaccin PCV13, la protection conférée contre les sérotypes vaccinaux est de 75 % pour les infections invasives. En ce qui concerne les pneumonies, la protection tourne autour de 45 %.

    Le schéma vaccinal actuel de l’adulte combine les deux vaccins : les schémas varient selon les classes d’âge et les comorbidités.

    Le GT vaccination du Conseil supérieur de la santé travaille actuellement sur une mise à jour du schéma vaccinal contre le pneumocoque chez l’adulte : celui-ci sera normalement disponible en 2020.

    L’enquête de santé 2018 réalisée par ScienSANO montre qu’en Belgique, 6,1 % de la population de 45 ans et plus a été vaccinée contre le pneumocoque au cours des 5 dernières années. Ce taux monte à 8,6 % quand on se focalise sur la population à risque.

    En Région wallonne, on observe une baisse du taux de couverture au sein de la population à risque entre 2004 (15,5 %) et 2013 (8,1 %), puis une stabilisation en 2018 (7,8 %).

    Si les résultats en fonction de l’âge et le sexe ne montrent pas de différences significatives, l’enquête de santé 2018 ScienSANO met en évidence le fait que la couverture chez les personnes ayant un diplôme de l’enseignement supérieur est significativement plus élevée (11,3 %) que chez les personnes ayant un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur (5,7 %) en Région wallonne. Cette différence est significative après correction pour l’âge et le sexe.

    Sur le plan de la prévention et de la sensibilisation chez les aînés, chaque maison de repos et de soins travaille avec un médecin coordinateur et conseiller qui est chargé de différentes tâches en concertation avec le ou les infirmiers en chef. Il participe notamment à la mise en place des politiques concernant la maîtrise des infections liées aux soins et coordonne l'activité médicale en cas de risques pour la santé des résidents et du personnel, en concertation avec les médecins traitants.

    En Wallonie, le site www.vaccination-info.be dispense des informations au grand public sur l’offre de vaccination par pathologie. Ainsi, il existe une page dédiée aux infections à pneumocoques qui fait état de qui doit se faire vacciner et pourquoi, quels vaccins sont disponibles, des contre-indications et des effets indésirables. Un calendrier de vaccination est également disponible sur le site. Il est conseillé de faire vacciner contre le pneumocoque les nourrissons (entre 2 et 12 mois, vaccin gratuit) et les adultes de 65 ans et plus.