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Le développement du secteur équin en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 138 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 13/01/2020
    • de DURENNE Véronique
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Début décembre, dans le cadre de la mission économique en Chine à laquelle Monsieur le Ministre participait, la presse mettait en lumière le plein essor du secteur du cheval en Wallonie. Le secteur équin pèse en effet pour plus de 1 milliard d'euros rien qu'au sud du pays et draine quelque 6 600 emplois directs et indirects et concerne plus de 2 200 entreprises.

    Le secteur étant porteur d'avenir en Région wallonne, un « cluster » rassemblant les acteurs du milieu équin - dont l'Université de Liège et Liege Airport - a été créé à Vielsalm. Cette structure, baptisée « EquisFair », rassemble 27 entreprises (six vont encore les rejoindre prochainement) et a pour objectif de développer le secteur du cheval en Wallonie en fédérant l'ensemble des acteurs du milieu et ainsi réunir un panel de tout ce qui touche à celui-ci, des infrastructures comme les boxes ou les clôtures, en passant par l'alimentation, le volet vétérinaire ou encore la formation des cavaliers.

    C'est dans ce cadre qu'EquisFair a signé un protocole d'accord avec un immense centre équestre de Pékin. Le contrat porte sur l'échange de compétences en ce qui concerne la formation des cavaliers, des palefreniers ou encore la médecine vétérinaire. Par cet accord, la Wallonie marque clairement sa volonté de miser sur le cheval comme facteur de développement économique.

    En parallèle de ces perspectives encourageantes pour le milieu équin wallon, Monsieur le Ministre peut-il m'indiquer de quelle manière la Région wallonne a-t-elle soutenu le secteur au cours de ces 10 dernières années, ainsi que les moyens qui ont été dégagés pour celui-ci ?

    La filière équine pèserait plus de 1 milliard d'euros et représenterait quelque 6 600 emplois directs et indirects. Confirme-t-il ces chiffres ?

    Quelles sont les perspectives et les ambitions projetées pour le secteur dans les années à venir ?

    Enfin, existe-t-il un plan de stratégie pour le développement du secteur équin en Wallonie ?
    Si oui, comment se décline-t-il ?
  • Réponse du 30/01/2020
    • de BORSUS Willy
    La Belgique et la Wallonie comptent parmi les plus grandes concentrations de chevaux au monde, que ce soit par km² ou en rapport avec le nombre d’habitants. Actuellement, on en dénombre 102 000 dans notre Région (chiffre Confédération belge du Cheval).

    Trois milles naissances ont été déclarées cette année, dont 2 400 poulains inscrits au sein de stud-books (livres généalogiques liés à une race). Cette proportion démontre un professionnalisme et un dynamisme certains de la part des éleveurs wallons. La réputation de leurs compétences a d’ailleurs largement dépassé nos frontières. C’est particulièrement le cas pour la discipline du saut d’obstacles (jumping) où, aux Jeux olympiques de Rio et de Londres, près d’un cheval sur quatre était belge. Il est intéressant de préciser qu’à Rio, en 2016, 50 % des médailles du jumping ont été gagnées par l’élevage belge. De plus, l’activité équestre est extrêmement populaire en Belgique (85 000 licenciés, 200 000 pratiquants, 3e sport national, 1er sport féminin).

    La Wallonie subventionne la Confédération Wallonie-Bruxelles du Cheval (CWBC) basée à Ciney qui chapeaute 10 « stud-books », à hauteur de 176 000,00 euros/an. Ses principales missions sont l’identification des poulains, le soutien administratif et logistique aux « stud-books », l’encouragement à la sélection via des primes concours, ainsi qu’un volet communication. Dans ce cadre, un cycle de conférences techniques est organisé depuis 2011 en collaboration avec le pôle équin de la Faculté de médecine vétérinaire de l’ULg et la direction Recherche et Développement du SPW-DGARNE. Ces formations rencontrent un vif succès avec plus de 550 participants en 2018.

    Les activités du Centre européen de Mont le Soie, subventionné à hauteur de 650 000,00 euros/an, ont permis, depuis 10 ans, d’effectuer un suivi ostéo-articulaire chez 1 500 poulains appartenant à 250 éleveurs wallons. La valorisation des produits de l’élevage est soutenue grâce aux Écuries wallonnes, projet permettant un suivi médical et sportif durant trois années où de jeunes chevaux nés en Wallonie sont généralement confiés à de jeunes cavaliers prometteurs. Mont le Soie assure également un encadrement et des formations aux maréchaux-ferrants. Le nouveau cluster Equisfair est hébergé au Centre européen de Mont le Soie. L’un de ses axes stratégiques est de développer des collaborations internationales et ainsi favoriser les investissements étrangers en Région wallonne.

    À côté de ces deux centres soutenus de longue date, un projet de recherche de trois ans financés par la Wallonie (396 000,00 euros) a débuté en 2018. Il concerne la myopathie atypique des équidés, maladie à l’évolution extrêmement rapide provoquant, en moyenne, 75 % de mortalité en 24 heures et touchant les chevaux vivant au pré.

    La Wallonie soutient le « stud-book » SBS (cheval de sport belge) à hauteur de 35 000,00 euros/an et offre des aides régionales à l’élevage du cheval de trait ardennais via des primes à la naissance de poulains (124 euros par poulain inscrit au « stud-book », environ 300 à 350 naissances par an), ainsi que des subventions agroenvironnementales.

    Le poids économique de la filière est de 1,014 milliard d’euros pour la Wallonie, pour 6 500 emplois répartis en 3 630 directs et 2 870 indirects en 2016. Ces données sont amenées à être actualisées en 2020.

    Dans les années à venir, il serait intéressant de valoriser un élevage wallon très compétitif et bien positionné au niveau mondial, mais également les sports équestres de haut niveau (jumping entre autres) en soutenant les acteurs pour répondre aux évolutions du secteur : exigences des acheteurs quant à la santé des chevaux (et notamment indemnes de lésions du système locomoteur), infrastructures de plus en plus développées pour répondre aux attentes des utilisateurs, nouvelles techniques de reproduction comme la fécondation in vitro et la congélation d’embryons, questions relatives au bien-être animal (questionnements de la société autour de l’utilisation des chevaux, impact de l’entraînement et des compétitions, et cetera). Des projets porteurs sont les biotechnologies, les produits de haute valeur ajoutée (compléments alimentaires, produits de soin, et cetera), la construction d'écuries « intelligentes » intégrant les récents développements technologiques (infrastructures et chevaux connectés) et accessibles à tous (personnes handicapées).

    De manière plus anecdotique, il y a aussi d’autres voies de valorisation du cheval comme l’hippothérapie et ses bienfaits pour un large public (enfants en difficulté, personnes souffrant de handicap mental ou physique, victimes de burn-out), sans oublier la reconnexion avec le vivant et la nature.

    On pourrait également considérer davantage, qu’au-delà du fait d’offrir une solution écologique et durable, le cheval de trait, hors forêt, peut être économiquement compétitif et constituer une réelle solution adaptée à de nombreux travaux d’entretien, de production et de transport. On peut citer entre autres le travail du sol en arboriculture fruitière, en pépinière, en viticulture et dans les cultures horticoles maraîchères.

    Une autre manière de développer des voies de valorisation autour du cheval serait notamment de favoriser le développement du réseau de circuits de randonnée via des voies plus sécurisées pour les cavaliers amateurs.

    Enfin, du fait que, dans les zones de grandes cultures ou périurbaines, elles constituent des îlots verts importants pour la biodiversité, les surfaces prairiales utilisées par les équidés rendent de multiples services environnementaux et climatiques.