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La sécurisation des infrastructures routières pour les motards

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 99 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 21/01/2020
    • de NIKOLIC Diana
    • à DE BUE Valérie, Ministre de la Fonction publique, de l'Informatique, de la Simplification administrative, en charge des allocations familiales, du Tourisme, du Patrimoine et de la Sécurité routière
    Ces derniers mois, les statistiques d'accidents graves et mortels sont reparties à la hausse, impliquant de nombreux usagers faibles, mais aussi un certain nombre de motards.

    Si certains facteurs externes (météo, nombre de motos immatriculées, et cetera) peuvent expliquer cette augmentation, la proportion de motards impliqués semble particulièrement alarmante.

    Selon les acteurs de terrain et les associations représentatives des motards, deux facteurs semblent particulièrement prépondérants : la qualité de la formation à la conduite, ainsi que la réflexion quant aux infrastructures routières.

    Si la formation et le permis sont des compétences fédérales, on pourrait imaginer de mettre en place une offre complémentaire de formation continue en Wallonie.

    Quant aux infrastructures, elles nécessitent une réflexion globale dans leur aménagement afin de concevoir dès le début ou à chaque rénovation des « routes qui pardonnent ».

    Enfin, si les points noirs du réseau sont relativement connus, il convient de travailler sur les « points gris » qui n'ont pas encore connu d'accident, bien qu'ils soient reconnus comme à risque par les usagers.

    Madame la Ministre a-t-elle un plan spécifique pour améliorer la sécurité des motards sur nos routes ?

    A-t-elle des contacts avec les fédérations de motards pour identifier leurs besoins ?

    Peut-elle envisager de mettre en place ou de soutenir une formation continue à la conduite défensive en moto ?

    A-t-elle pu se coordonner avec son collègue en charge des Infrastructures pour intégrer dans les cahiers des charges, notamment du Plan infrastructures, la dimension moto ?
  • Réponse du 30/01/2020
    • de DE BUE Valérie
    Depuis mon entrée en fonction, j’ai effectivement eu l’occasion de rencontrer des représentants de motocyclistes et les échanges furent constructifs.

    La formation à la conduite des motos, qui est une compétence régionale, a fait l'objet d'une grande et profonde réforme en 2013. Ainsi, la formation à la conduite est progressive en fonction de la puissance autorisée de la moto. Outre des épreuves de maîtrise de la moto sur terrain privé, l'examen pratique se déroule en grande partie sur la voie publique et évalue la manière de circuler.

    L'apprentissage ne doit pas s'arrêter avec l'examen du permis de conduire. Lorsqu'une compétence est acquise, il s'agit néanmoins de l'entretenir par la pratique et par une formation continue tout au long de sa vie afin de s'améliorer et de s'adapter aux évolutions. C'est pourquoi je soutiens toutes les initiatives de formation continue à la conduite.

    Une partie des motards ne conduisent pas en hiver et ressortent leur bécane au printemps. Dans ce cas, il est judicieux de vérifier sa moto et de se refamiliariser à circuler en moto. C'est notamment pour cela que l'AWSR organise la journée du motard à la fin mars de chaque année.

    L'infrastructure routière doit aussi contribuer à atteindre nos objectifs en réduisant les risques d'accidents et leur gravité.

    Pour cela, tous les gestionnaires d'infrastructures routières sont mobilisés. Une importance toute particulière est accordée à la sécurité routière lors de la planification, de la construction, de l'entretien et de l'exploitation de nos routes.

    Des outils et des procédures pour une gestion optimale de la sécurité des infrastructures routières ont été élaborés et sont d'application sur l'ensemble du réseau routier régional. Ces procédures concordantes avec les meilleures pratiques en application dans les pays à la pointe de la sécurité routière permettent de s'assurer que les projets d'aménagements routiers sont choisis, conçus et réalisés en tenant compte de la sécurité routière pour tous les usagers sans négliger les nombreux autres paramètres et contraintes.

    Ces procédures tendent aussi vers une diffusion rapide des bonnes pratiques au sein des services et sur l'ensemble du territoire.

    L'ensemble de ces démarches de gestion de la sécurité routière sont explicitées dans les lignes directrices actualisées du 23 mai 2016 mettant en œuvre le décret du 22 décembre 2010 relatif à la sécurité routière.

    Le principe de « route qui pardonne » et le traitement des obstacles latéraux font naturellement partie des bonnes pratiques. Il s'agit de plus de la sixième des sept mesures émises lors des États généraux de la Sécurité routière de juin 2017.

    Concrètement, citons quelques actions du SPW Mobilité et Infrastructures :
    1. Des inspections d’itinéraires sont réalisées par les correspondants Moto faisant suite à des plaintes remontées par des usagers ou fédérations de motocyclistes ou faisant suite à des analyses statistiques d’accidents ;
    2. Publication d'un guide intitulé « Recommandations pour la prise en compte des deux-roues motorisés dans les aménagements et la gestion des infrastructures » ;
    3. Mise en place d’un guichet unique (moto@spw.wallonie.be) pour recueillir les plaintes d’usagers et les transmettre aux directions territoriales afin de les traiter et le cas échéant, réaliser les adaptations nécessaires à l’infrastructure ;
    4. Échanges d’expériences entre les correspondants moto (discussions de cas concrets, visites de terrain …).

    Je me permets également d’ajouter qu’une formation à l’attention de chaque district routier va débuter prochainement. Elle vise à sensibiliser les agents des districts à la prise en compte des motocyclistes dans le cadre de la gestion du réseau de voiries et donc, à les informer sur les points d'attention spécifiques aux motocyclistes.
    Ainsi, la prise en compte de la dimension moto est assurée aussi bien lors de nouveaux projets d'aménagements routiers que lors des opérations d’entretien et de maintenance quotidienne.

    Aux côtés de l'infrastructure et de la formation à la conduite, l'état du véhicule est également à prendre en compte.

    C'est un des éléments de sensibilisation lors de la journée du motard organisée à la fin mars de chaque année par l'AWSR en collaboration avec les centres du contrôle technique.

    Toutes ces initiatives aussi louables soient-elles ne permettent pas de réduire comme il se faudrait le nombre de morts et de blessés motards sur nos routes. Il conviendra d’en considérer les raisons et d’agir efficacement sur celles-ci pour nous permettre d’atteindre l’objectif ambitieux de la DPR.

    J’ai parlé à l’honorable membre de formation à la conduite, d'infrastructure et de contrôle technique.
    Cependant, les études montrent 4 profils types pour les accidents impliquant un motocycliste. Ils représentent plus de 90 % des accidents de motos :
    - profil 1 - moto en perte de contrôle ;
    - profil 2 - l'autre usager ne détecte pas la moto ;
    - profil 3 - moto insuffisamment visible lors d'un dépassement ;
    - profil 4 - la moto ou l'autre usager circule dans la mauvaise voie.

    À ce sujet, un groupe de travail, dans lequel les représentants des motards sont évidemment présents, est chargé d'examiner l'opportunité d'un contrôle technique spécifique aux motos et, le cas échéant, d'en déterminer les principales modalités. Il se devra également établir des recommandations pour améliorer cette situation et les présenter aux États généraux de la Sécurité routière de 2020.