/

Les maladies pulmonaires permanentes

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 88 (2019-2020) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 29/01/2020
    • de DURENNE Véronique
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Ce 20 novembre, c'était la journée de la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

    L'occasion pour la Belgian Respiratory Society (BERS) de rappeler que la bronchopneumopathie chronique obstructive constitue la cinquième cause de mortalité en Belgique. Selon eux, quelque 700 000 Belges souffrent de maladies pulmonaires permanentes alors que la moitié à peine sont diagnostiquées.

    La BERS indique que plus d'un tiers des Belges n'a jamais entendu parler de la BPCO. Elle reste pourtant toujours incurable à l'heure actuelle. Elle se manifeste le plus souvent chez les personnes de plus de 45 ans et résulte du tabagisme dans neuf cas sur dix.

    Madame la Ministre a-t-elle profité de cette journée pour rencontrer les associations ?

    Quelles mesures sont prises par la Région wallonne afin de renforcer le diagnostic de cette maladie ?

    Dispose-t-elle de chiffres concernant le nombre de Wallons atteints par cette maladie ?

    Le Plan wallon sans tabac comporte différents programmes d'informations. L'un de ces programmes sensibilise-t-il aux risques des maladies pulmonaires permanentes, et plus particulièrement à la bronchopneumopathie chronique obstructive ?
  • Réponse du 04/03/2020
    • de MORREALE Christie
    La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est, avec l’asthme, une des maladies pulmonaires permanentes les plus fréquentes. Maladie chronique d’évolution lente et progressive, elle est souvent non perçue par celui qui en souffre et diagnostiquée tardivement. L’inflammation chronique des voies respiratoires qui la caractérise entraîne des dommages pulmonaires irréversibles. Le traitement ne vise pas la guérison, mais la réduction des facteurs accélérant l’évolution de la maladie et l’amélioration de la qualité de vie du patient. Comme dans toute pathologie chronique, l’implication du patient dans la gestion de son traitement à travers une information et un encadrement adapté est essentielle. Dans le cas spécifique de la BPCO, ils concernent notamment les techniques d’inhalation des médicaments, l’usage de l’oxygénothérapie au long cours, mais aussi la cessation du tabac qui est la mesure la plus efficace pour freiner la progression de la maladie.

    En effet, dans 80 % à 90 % des cas, la BPCO est due au tabagisme actif. Le risque de développer une BPCO augmente avec la durée du tabagisme et en fonction du nombre de cigarettes fumées quotidiennement. C’est donc une maladie qui peut être évitée à travers des programmes de prévention ou de cessation du tabagisme.

    La prise en charge de ce problème au niveau individuel, mais aussi collectif exige d’articuler un continuum d’interventions : des activités de promotion, de prévention et de réduction des risques, de soins, de revalidation, avec des compétences réparties entre l’État fédéral, les Communautés et les Régions.

    Dans le cas de renforcement du diagnostic de la BPCO et de sa prise en charge, l’État fédéral soutien la publication de guides de pratique clinique et autres supports basés sur l’évolution de la science et les besoins des prestataires à destination des professionnels de soins de santé. Au cours de l’année 2019, des guides ont été actualisés pour les thèmes suivants : la toux prolongée chez l’adulte, le guide de prise en charge clinique de la BPCO et l’autogestion des exacerbations de la BPCO.

    La Région wallonne intervient en amont, à travers des actions de sensibilisation aux méfaits du tabac, dirigées vers les professionnels de la santé et du social ainsi que vers le grand public.

    Lors de l’Enquête santé par interview de 2018 de Sciensano, 3,7 % des hommes et 4,6 % des femmes de la population de ≥ 15 ans ont déclaré souffrir d’une affection respiratoire chronique (1). En Wallonie, ces pourcentages sont de 3,8 % chez les hommes et 6,6 % chez les femmes.
    En reprenant comme dénominateurs les chiffres présentés sur le site ‘Statbel’ (2), on peut estimer à 158 000 le nombre de Wallons atteints d’une affection respiratoire chronique.

    La BPCO est la cause de 4,2 % des décès et est en effet la 5e cause de mortalité en Wallonie en 2016. En 2000, elle était responsable de 4,9 % des décès et la 4e cause de mortalité en Wallonie. Le nombre de décès attribuables à la BPCO est en diminution depuis les années 2000, avec 1 600 décès en Wallonie en 2016 contre 1 800 décès en 2000. On observe une augmentation progressive de la proportion des femmes dans ces décès par BPCO. En effet, alors qu’en 2000, les décès par BPCO étaient 2,2 fois plus nombreux chez les hommes que chez les femmes, ce rapport n’est plus que de 1,3 en 2016. La maladie se manifeste vers l’âge de 40 ans, après souvent plusieurs années de tabagisme.

    Il est intéressant d’analyser aussi l’évolution de la consommation de tabac. L’enquête de santé par interview assure depuis 1997 la surveillance de l’usage du tabac dans la population belge âgée de 15 ans et plus. La proportion de fumeurs dans cette population était de 24,5 % en 2008, 23 % en 2013 et de 19 % en 2018. La proportion de ceux qui n’ont jamais fumé a augmenté au cours du temps, 45 % en 1997, 53 % en 2008 et 57 % en 2018 (3). Le tabagisme reste cependant un problème de santé publique important en Belgique. En effet, il reste en Wallonie une habitude plus courante parmi les hommes même si l’écart se réduit, qui s’acquiert dès l’adolescence avec un début du tabagisme quotidien à un âge moyen de 17,9 années avec un usage quotidien du tabac pour une durée moyenne de 21,5 années. Les progrès sont plus marqués dans les couches sociales plus favorisées. Le Plan wallon sans tabac a pris en compte ces données et des actions ont été envisagées pour ces groupes spécifiques.

    Le Plan wallon sans tabac (PWST) constitue un dispositif stratégique rassemblant les actions portées par 10 associations actives sur le terrain (4). Les subventions se montent à près de 900 000 euros au total, réparties entre les acteurs du plan. En plus des actions menées sur le terrain, le fonds des affections respiratoires (FARES) assure le pilotage et le monitoring de la mise en œuvre du plan. Le plan prévoit des actions dirigées vers les professionnels de la santé, du social, de l’éducation ou de l’associatif, vers des bénéficiaires, le grand public, les jeunes, les publics fragilisés et vers les autorités politiques ainsi que des décideurs à l’échelon plus local, afin d’influencer le cadre de vie et l’environnement local.

    Il s’agit de contribuer à la réduction du tabagisme et de la vape, d’augmenter l’aide à la cessation tabagique et de réduire l’exposition à cette consommation, dans une perspective de réduction des risques pour le consommateur et son entourage.

    La sensibilisation des professionnels et du grand public aux méfaits du tabagisme inclut l’information sur la BPCO. Des outils de sensibilisation, des recommandations et des informations sur les soutiens possibles ont été spécifiquement développés pour le problème de BPCO par le FARES : des affiches de sensibilisation à la détection pour les salles d’attente (5), des recommandations pour les professionnels de santé pour l’aide à l’arrêt du tabac (6), divers supports informatifs ou formatifs sur la maladie – vidéos, bandes dessinées… (7) – ainsi que des informations sur les services d’aide possible, comme les centres de revalidation conventionnés.





    1. https://his.wiv-isp.be/fr/Documents%20partages/MA_FR_2018.pdf
    2. https://statbel.fgov.be/fr/themes/population/structure-de-la-population
    3. https://his.wiv-isp.be/fr/Documents%20partages/summ_HS_FR_2018.pdf
    4. La Fédération des Maisons Médicales de Wallonie (FMM), la Société Scientifique des Médecins Généralistes (SSMG), le Service d’Étude et de Prévention du Tabagisme ASBL (SEPT), L’Association des Unions de Pharmaciens (AUP), L’Observatoire de la Santé du Hainaut (OSH), La Fondation contre le Cancer (FCC), Les amis de l’Institut Bordet, Rélia (représentant la Fédito wallonne), La Société de Médecine Dentaire (SMD) et le Fonds des Affections respiratoires (FARES).
    5. https://www.fares.be/fr/affiche/bpco-femme/ , https://www.fares.be/fr/affiche/bpco-version-homme/
    6. https://www.fares.be/fr/aide-a-larret-du-tabagisme-chez-les-patients-attei/
    7. https://www.fares.be/fr/bpco?nocache