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Les risques accrus de violences conjugales liées au confinement suite au Covid-19

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 143 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 31/03/2020
    • de RYCKMANS Hélène
    • à MORREALE Christie, Ministre de l'Emploi, de la Formation, de la Santé, de l'Action sociale, de l'Egalité des chances et des Droits des femmes
    Le risque d'augmentation des violences conjugales et intra-familiales (touchant les femmes et les enfants) liées au confinement instauré par les autorités en Belgique est réel. Il a été observé dans d'autres pays. En Italie, déjà 3 féminicides ont eu lieu depuis le début du confinement. En France, le nombre d'appels sur la ligne d'écoute des violences envers les enfants a doublé depuis le début des mesures de confinement. On peut également s'attendre à une augmentation des violences sexuelles.

    Outre l'intensification possible de ces violences, il faut prendre en compte que les victimes vont éprouver davantage de difficultés à appeler à l'aide ou à quitter leur domicile en période de confinement car les démarches qui sont déjà difficiles à entreprendre en temps normal s'en trouvent encore complexifiées.

    Une campagne de communication pour faire connaître le numéro d'urgence a bien été lancée, relayée par les communes notamment et l'Institut pour l'égalité des femmes et des hommes a rappelé l'existence des centres de prise en charge des violences sexuelles. Mais ils ne sont que trois.

    Madame la Ministre entend-elle plaider pour l'installation en urgence des nouveaux centres envisagés ?

    Concernant les compétences de la Région wallonne, le problème majeur est le manque de places d'hébergement pour les victimes. Les maisons d'accueil sont à capacité maximale. Elles fonctionnent avec le public existant et quelques urgences et ne disposent pas nécessairement de places pour une éventuelle nouvelle demande. Elles vivent un manque de personnel lié à la crise sanitaire et des chambres doivent être conservées pour des quarantaines éventuelles. Par ailleurs, certaines doivent également réduire leur capacité d'accueil pour respecter les mesures de distanciation physiques.

    Quelles mesures a-t-elle prises concrètement pour pallier ce manque de places d'accueil ?

    Pourrait-elle m'expliquer comment sont coordonnés d'une part l'identification dynamique des besoins en termes d'hébergement et d'autre part l'accompagnement et le suivi financier et psychologique éventuels dans ce contexte ?

    Les pistes de partenariat avec des hôtels proches des maisons d'accueil (pour conserver l'accueil psychosocial), des réaffectations de logements inoccupés via les communes ou encore la mise à disposition d'infrastructures publiques ont-elles été explorées et surtout mises en œuvre ?

    La mobilisation de logements vides (hôtels, gîtes, chambres d'hôtes, auberges de jeunesse) est-elle en cours, s'agissant de personnes seules ou avec enfants ?

    Quelles sont les mesures prises au sein de la CIM droits des femmes en la matière ?
  • Réponse du 31/08/2020
    • de MORREALE Christie
    Pour faire face à la recrudescence des violences conjugales en temps de confinement, une task force « Violences conjugales » a été mise en place le 20 mars. Elle réunit les différentes administrations et cabinets des entités francophones (FWB-COCOF-RW) et de la Région bruxelloise. En partenariat avec des acteurs de terrain, un suivi de la situation des infrastructures d’accueil et de soutien est assuré afin de mettre au jour les besoins et les urgences rencontrées et d’y apporter une réponse rapide et efficace. 

    Les appels à la ligne d’écoute violences conjugales ayant presque triplé, nous avons renforcé la ligne en ouvrant un troisième poste d’écoute et en élargissant le chat de 2h/semaine à 10h/jour. Une campagne faisant la promotion du numéro vert « violences conjugales » a également été relancée en télé, radio et sur le Web depuis le 13 avril. Cette visibilité renforcée sera assurée jusqu’à la fin mai.

    Par ailleurs, la Wallonie a dégagé une enveloppe exceptionnelle d’un million d’euros pour assurer un accueil alternatif, présentant les garanties sanitaires imposées par la gestion de l’épidémie de la Covid-19, pour les publics les plus fragilisés, parmi lequel les femmes victimes de violences conjugales et intrafamiliales. À titre d’exemple, des partenariats avec les Provinces ou les CPAS ont permis de mettre à disposition des hébergements inoccupés, ailleurs certaines Maisons d’accueil ont loué des chambres d’hôtel. Le suivi psychosocial est toujours effectué en collaboration avec une maison d’accueil agréée pour l’accueil des femmes victimes de violences.

    Actuellement, près de 100 places d’urgence pour accueillir les femmes victimes de violences ont été créées dans des hébergements alternatifs à Liège, Verviers, La Louvière, Mons, Namur, Ottignies et Court-Saint-Étienne.

    Un monitoring quotidien des places « alternatives » disponibles dans les maisons d’accueil est effectué par la DGO5. Il est transmis à l’ensemble des Maisons d’accueil, à la Fédération des CPAS et à la ligne d’écoute.

    Les Maisons d’accueil veillent déjà, dans la mesure du possible, à réintégrer dans leur refuge, les femmes hébergées dans les logements alternatifs, dès la période de mise en quarantaine observée.

    Depuis le 23 avril dernier, une circulaire de Sciensano intitulée « Recommandations pour les populations en collectivités résidentielles recommande « d’effectuer un test de dépistage pour la Covid-19 pour tous les nouveaux arrivants (y compris s'il/elle est asymptomatique) au moment de leur inscription dans une structure. Comme un résultat négatif peut également arriver chez des personnes contaminées, mais encore en période d’incubation, un test négatif peut être répété une fois après 5 jours ».

    En ce qui concerne les nouveaux Centres de prévention pour les victimes de violences sexuelles (CPVS), la procédure de sélection pour la nomination des nouveaux hôpitaux qui accueilleront les nouveaux CPVS a été retardée au vu du contexte de la crise sanitaire. Je ne manquerai pas de plaider pour une accélération du processus lors de la première CIM Droits des femmes qui se tiendra le 8 mai et je tiendrai l'honorable membre informée de l’évolution de la situation.