/

L'impact environnemental des vélos et trottinettes électriques

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 350 (2019-2020) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 19/05/2020
    • de PECRIAUX Sophie
    • à HENRY Philippe, Ministre du Climat, de l'Energie et de la Mobilité
    Depuis quelques années, circulent dans les rues de certaines grandes villes, des trottinettes électriques partagées, un type de transport « moins polluant », afin de remplacer en priorité les déplacements en voiture, mais aussi parfois les transports en commun.

    La Déclaration de politique régionale prévoit quant à elle que « la micro mobilité électrique, dont les trottinettes, si elle est encadrée efficacement, est une composante importante de l'intermodalité qui fait partie d'un ensemble de solutions pouvant diminuer la congestion du trafic et la pollution ».

    Or, il ressort d'une étude récente dirigée par l'ULB que ce mode de transport polluerait en réalité plus que la voiture, qui représente une émission de 110 g de CO2 par km alors que la trottinette électrique en représente 131 g.

    C'est principalement sa production en Chine et sa faible durée de vie qui en est la conséquence. Cette faible durée de vie provient, notamment, d'infrastructures non adaptées (type trous dans les routes), d'une mauvaise maintenance et de vandalisme.

    Qu'en est-il des vélos électriques, dont beaucoup sont produits en Chine, et leur impact CO2 sur l'environnement qui est tout aussi important que pour les trottinettes ?

    Avec le confinement, le vélo est devenu une activité de choix pour les familles, certains ayant décidé de passer au vélo lors de leur retour au travail. Les commandes de vélos ont d'ailleurs nettement augmenté durant cette période.

    Monsieur le Ministre a-t-il connaissance de cette étude récente dirigée par l'ULB ? Estimerait-il nécessaire d'évaluer également l'impact du vélo électrique sur notre environnement ? Quels autres moyens de transport « non polluant » pourrait-il mettre en évidence, pour conscientiser les citoyens à polluer moins ?
  • Réponse du 16/06/2020
    • de HENRY Philippe
    J’ai pris connaissance de cette étude très intéressante de l’Université libre de Bruxelles sur les trottinettes électriques.

    Je me dois d’abord de corriger une erreur d’interprétation dans la question, qui pèse largement sur les conclusions : l'honorable membre dit que ce mode de transport « polluerait plus que la voiture, qui représente une émission de 110 g de CO2 par km alors que la trottinette électrique représente 131 g. »

    En réalité, comme mentionnés dans l’étude et la presse, les 110 g CO2/km concernent « les modes de transport qu’elles remplacent ». L’étude précise que ces modes de transport ont été estimés par un sondage des utilisateurs de trottinettes et représentent le mix suivant : 29 % de transports en commun, 27 % de voitures, 26 % de marche à pied, 14 % de vélos non électriques et 4 % autres.

    Ceci explique ce chiffre de référence de 110 g CO2/km. En effet, les émissions d’une voiture thermique, analysées selon le cycle de vie et tenant compte des émissions réelles et non des annonces des constructeurs, sont estimées de 175 à 300 g CO2/km selon différentes études et sont donc ainsi toujours nettement plus polluantes que les trottinettes. Inversement, les émissions de la marche sont considérées comme zéro et celles du vélo non électrique sont très faibles, ce qui diminue le bilan du mix de transport considéré.

    D’autre part, comme le souligne l'honorable membre, la durée de vie actuelle de ces trottinettes, dans ce système spécifique d’utilisation partagée, est un point clé : une augmentation de leur durée de vie de 55 jours suffirait à ramener leur bilan à 110 g, équivalent au mix de transport auquel il est comparé. L’étude rappelle d’ailleurs que ces mêmes trottinettes électriques en usage privé ont un bilan de 67 g CO2/km.

    L’étude évoque enfin les importants co-bénéfices de ce mode de transport, en termes de mobilité urbaine, mais surtout de particules fines, dont les émissions se limitent à l’usure des pneus et des freins.

    Je ne dispose pas d’une comparaison directe des trottinettes avec les vélos électriques, mais selon plusieurs sources les conclusions sont comparables et mettent en évidence des émissions nettement moins élevées que les voitures, mais aussi un large impact du mode d’utilisation, partagé ou individuel, sur la durée de vie et donc le bilan global.

    La conclusion de l’étude de l’ULB ne présente aucune ambiguïté : « les utilisateurs qui remplacent la marche ou le vélo (non électrique) avec l'utilisation de scooters électriques auront toujours un impact environnemental négatif tandis que ceux qui remplacent l'utilisation d'une voiture réduiront leurs impacts ». Le bilan à moyen terme de ces petits véhicules est clairement positif, tant en termes de changements climatiques qu’en qualité de l’air. En effet, contrairement aux voitures, les trottinettes n’ont pas d’émissions directes de polluants tels que les PM ou NO2. De ce fait, il ne me parait pas utile de mener une étude supplémentaire à ce niveau.

    Par contre, ces études soulignent l’impact du mode d’utilisation et la nécessité de larges améliorations pour les modes de transport partagés : batteries amovibles, durée de vie, qualité des routes, impact du vandalisme, etc. C’est donc sur ces aspects que je concentrerai mon action dans ce domaine, tout en continuant à promouvoir les autres modes de transport alternatifs, comme la marche, le vélo et les transports en commun.