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La population de ratons laveurs en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 253 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 15/06/2020
    • de DURENNE Véronique
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Depuis quelques années maintenant, le Département de la nature et des forêts (DNF) attire l'attention sur la prolifération importante des populations de ratons laveurs en Wallonie.

    En effet, selon le DNF, ces mammifères sont présents par centaines et sont considérés comme un fléau majeur pour la biodiversité. Cet animal omnivore est capable de grimper aux arbres pour se mettre à l'abri, manger les œufs et les oisillons. Il nage également très bien et se délecte des batraciens, poules d'eau, poissons ou encore des moules perlières. À terre, il s'attaque aussi aux lapereaux, oiseaux, fruits et légumes du jardin, déchets ménagers, et n'hésite pas non plus à rentrer dans les poulaillers et remises et même parfois dans les habitations en quête de nourriture. En prime, le raton laveur n'a pas de prédateur naturel et se reproduit à grande vitesse.

    Selon le DNF, il est arrivé chez nous il y cinq ans d'Allemagne par le Luxembourg et il a déjà franchi la Meuse. Plusieurs individus ont même été observés dans le Hainaut. Sans réaction et avec la prolifération actuelle importante de l'espèce, les ratons laveurs seront bientôt présents sur l'ensemble du territoire wallon avec les dégâts que l'on connaît, particulièrement parmi les oiseaux et les milieux aquatiques. Sans compter qu'il existe également un risque non négligeable de propagation d'agents pathogènes pour les animaux domestiques et la population humaine par leur intermédiaire.

    Tout d'abord, existe-t-il un recensement récent du nombre d'individus sur notre territoire ?

    Il y a deux ans, le prédécesseur de Madame la Ministre annonçait la mise en place d'un plan d'action (piégeage intensif) afin de préserver les zones les plus sensibles, telles que les rivières hébergeant des populations de moules perlières.

    Ce plan d'action a-t-il été mis en place ?
    Si oui, a-t-il porté ses effets ? Combien d'individus ont-ils été attrapés ?

    Au regard du constat dressé par le DNF, Madame la Ministre compte-t-elle prendre des dispositions afin de réduire sensiblement la population de ratons laveurs ?
    Dans l'affirmative, quelles mesures compte-t-elle mettre en place ?
  • Réponse du 09/07/2020
    • de TELLIER Céline
    Le raton laveur est présent sur notre territoire depuis une trentaine d’années : la première observation remonte à 1989, mais l’intensification de la colonisation a débuté il y a une quinzaine d’années. Sa distribution est en progression constante depuis lors, avec un front majeur arrivant par l’Allemagne et un front moins rapide remontant à l’ouest de la Meuse par les Ardennes françaises. Il est aujourd’hui abondant partout au sud du Sillon Sambro-Mosan et présent de manière sporadique au nord de celui-ci.

    Concernant l’impact de l’espèce, des analyses de régime alimentaire effectuées en Wallonie (ULiège, 142 estomacs), il ressort que le raton laveur est une espèce très opportuniste : un quart des aliments consommés sont des insectes (surtout des coléoptères), viennent ensuite le maïs (16 %), les fruits secs (14 %) et les amphibiens (12 %, particulièrement au printemps) puis dans une moindre mesure les poissons (6 %). La consommation de reptiles et oiseaux est assez rare (3 %).

    L’impact de la prédation du raton laveur a rarement un effet conséquent sur les populations des espèces prédatées, mais il peut arriver que, dans des contextes précis, l’effet de la prédation soit dommageable (colonie d’hirondelles de rivage, par exemple).

    Mon administration dispose d'une cartographie mise à jour de la distribution de l'espèce en Wallonie montrant qu'au moins 1 519 carrés de 1 kilomètre de côté sont occupés, soit un peu moins de 10 % de la Wallonie. On connaît en revanche très mal la densité d’individus présents dans chacun de ces carrés et on peut donc difficilement évaluer le nombre total d’individus présents sur notre territoire.

    Les campagnes de piégeage menées localement montrent que ces densités sont probablement assez élevées. Ainsi, en 2019, plus de 1 100 ratons laveurs ont été capturés dans la zone de la PPA par le biais d’une lutte proactive contre cette espèce visant à faciliter les efforts de gestion du sanglier.

    Compte tenu de ces éléments, les mesures les plus pertinentes que je souhaite soutenir pour éviter des impacts négatifs sur des espèces ou habitats sensibles sont les suivantes :
    1. Mesures de prévention ou actions de lutte ciblées sur des situations potentiellement conflictuelles (présence du raton laveur dans une zone de reproduction d’une espèce proie sensible) ;
    2. Renforcement de la sensibilisation envers les particuliers par de l’information adaptée. En effet, une densité élevée de ratons laveurs est favorisée par du nourrissage, intentionnel ou non, dans les zones anthropisées qu’il y a lieu de minimiser.