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Le stockage du lait dans le contexte de la pandémie de la Covid-19

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 334 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 26/06/2020
    • de FLORENT Jean-Philippe
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    Pour contrer la baisse des prix sur le marché, l'Union européenne stocke de grandes quantités de lait en faisant appel à des acteurs privés. Les expériences précédentes de stockage l'ont démontré : cette dépense d'argent public ne résout pas le problème de la surproduction pour les éleveurs européens. Et il y a par ailleurs un risque d'aggravation des exportations à bas prix dans les pays du Sud, notamment en Afrique de l'Ouest, où le marché local est déstabilisé par ces importations de lait européen.

    J'avais déjà questionné Monsieur le Ministre sur ce problème avant la crise de la Covid-19. Or cette dernière a aggravé le phénomène de surproduction. L'Europe se retrouve avec des stocks particulièrement importants, notamment en poudre, mais aussi sous forme de fromages et de beurre. De ce fait, les prix du lait ont chuté, à environ 28 centimes le litre alors que les coûts de production sont de 45 cents.

    La Commission européenne a volé au secours de la filière en subventionnant le stockage privé. S'il s'agit d'une décision de la commission, elle est mise en œuvre par les États-Membres, et donc en Belgique, par les Régions. Le lait est acheté par la Région wallonne au prix du marché pour être stocké par des acteurs privés. Plus tard, ces mêmes laiteries rachèteront la poudre à un prix plus bas que le marché et l'UE interviendra pour compenser la perte de la Région wallonne.

    Peut-il nous dire quel est le coût du stockage pour la Wallonie ?

    Quel est l'impact du stockage sur les prix à long terme ?

    Qui engrange les bénéfices de cette politique ?

    Quels volumes sont stockés ?

    Comment expliquer qu'en Belgique le prix du lait soit au plus bas par rapport aux autres pays européens (BE : 0,27 euro – 0,28 euro/l ; DE : 0,31 euro/l, FR : 0,29 euro - 0,34 euro/l, IT : 0,33 euro – 0,35 euro/l; PT : 0,30 euro/l…) ?
  • Réponse du 13/07/2020
    • de BORSUS Willy
    La pandémie a fortement touché le secteur agricole. Les marchés ont été ébranlés, notamment celui du lait.

    L’Union européenne, depuis le début de la crise, a pris plusieurs dispositions censées envoyer un signal aux marchés pour stabiliser les prix.

    C’est ainsi que, comme le mentionne l'honorable membre, la Commission a ouvert en mai une aide au stockage privé de fromage, de beurre et de lait écrémé en poudre.

    L’aide au stockage privé est subsidiée à 100 % par l’Union européenne, sur la base de montants forfaitaires fixés à l’avance.

    Il faut toutefois ajouter les frais d’analyse, de personnel et de gestion administrative. Ces frais sont à charge du budget wallon.

    La période d’introduction des demandes d’aide au stockage privé de produits laitiers s’est clôturée le 30 juin. Les quantités entrées en stock en Wallonie et les montants correspondants sont les suivants :
    * lait écrémé en poudre : 0 tonne
    * beurre : 1 105,71 tonnes (en provenance des Pays-Bas, de Finlande et d’Allemagne, pas de beurre wallon) avec un montant d’aide minimal de 53 660,11 euros (90 jours de stockage) et un montant d’aide maximal de 96 451,08 euros (180 jours de stockage), le tout à charge du budget européen.
    * fromage : 18,12 tonnes de fromage wallon avec un montant d’aide minimal de 717,01 euros (60 jours de stockage) et un montant d’aide maximal de 1 586,77 euros (180 jours de stockage), le tout à charge du budget européen.

    À titre de comparaison, lors de la crise de 2015-2016, 7,850 tonnes de beurre étaient stockées en Wallonie, pour un montant d’aide financé par l’Union européenne de 1 479 914 euros.

    Pour la même période, 1 000 tonnes de lait écrémé en poudre étaient stockées en Wallonie, pour un montant d’aide financé par l’Union européenne de 23 196 euros.

    Une évaluation économique du stockage est malaisée à établir aujourd’hui étant donné les nombreux facteurs qui interviennent : l’évolution du COVID-19 dans les mois à venir, les conditions météorologiques et le comportement des marchés.

    En ce qui concerne le prix du lait, nous voyons que la chute entamée en mars 2020 a tendance à s’amortir. Le prix de mai 2020, en baisse de 2 % par rapport au mois précédent, est identique à celui de 2018.

    Il ne faut pas perdre de vue que le prix du lait aux producteurs est influencé par l’évolution des cotations de la poudre de lait et du beurre. On observe, ces dernières semaines, un arrêt de la chute des prix et même une légère augmentation, ce qui devrait permettre de stabiliser le prix du lait aux producteurs dans les mois à venir.

    En ce qui concerne le prix du lait belge comparé à nos voisins, il n’est pas simple de comparer le prix du lait avec les autres pays même s’ils sont limitrophes. En effet, la méthode de fixation des prix n’est pas équivalente entre les pays. Le prix du lait dépend également de sa composition en matière grasse et en protéine. Pour ces raisons structurelles, le prix du lait belge est depuis de nombreuses années inférieur à celui observé dans les pays limitrophes, il n’y aurait donc pas d’influence.