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Le déclin des populations d'oiseaux en Wallonie

  • Session : 2019-2020
  • Année : 2020
  • N° : 304 (2019-2020) 1

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  • Question écrite du 06/07/2020
    • de DURENNE Véronique
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    D'après les résultats de la semaine de recensement des oiseaux de nos jardins de ce printemps 2020, Natagora indique que les espèces d'oiseaux déclinent très nettement. En effet, huit des dix espèces d'oiseaux communs généralement observés dans le top 10 sont en dessous de leur moyenne habituelle.

    Madame la Ministre dispose-t-elle de chiffres précis ?

    Confirme-t-elle le constat tiré par Natagora ?

    Quelles sont les causes, selon elle, de ce déclin important des populations oiseaux ?

    Identifie-t-elle des solutions face à ce constat interpellant ?

    Quelle réponse pourrait-être apportée par le Gouvernement ?

    Comment l'avifaune wallonne a-t-elle évolué au cours de ces dix dernières années ?
  • Réponse du 28/07/2020
    • de TELLIER Céline
    Depuis 1990, les populations des espèces d’oiseaux les plus communs qui nichent en Wallonie sont suivies annuellement. Il s’agit du programme SOCWAL (surveillance des oiseaux communs de Wallonie), coordonné par AVES-NATAGORA et financé par le SPW. Les espèces communes sont celles dont le nombre d’individus est élevé, ce qui inclut notamment les espèces que l’on observe à proximité des habitations et dans les jardins.

    Grâce à ce suivi, il est possible de savoir, pour chacune des espèces, si la population est en déclin, en augmentation ou si elle est stable.

    Pour les espèces communes, les résultats obtenus sur ces 30 dernières années sont les suivants :
    * 51 % des espèces communes ont vu leurs effectifs diminuer ;
    * 26 % des espèces communes ont vu leurs effectifs augmenter ;
    * 23 % des espèces communes présentent des effectifs stables.

    La baisse des effectifs n’est pas constante chaque année, mais en moyenne elle est de 1 % par an depuis 30 ans et cette diminution s’accélère depuis 10 ans. Les espèces qui nichent dans les campagnes et celles qui hivernent en Afrique et se reproduisent chez nous voient leurs effectifs diminuer plus vite que les autres.

    Pour les espèces rares et semi-rares qui ne sont représentées que par quelques centaines d’individus tout au plus : plus l’espèce est rare, plus les effectifs ont tendance à augmenter, et inversement, moins l’espèce est rare, plus les effectifs ont tendance à diminuer.

    Ce constat conduit à deux résultats antagonistes : sur les 40 dernières années, on observe d’une part que le nombre total d’oiseaux (toutes espèces confondues) a diminué de l’ordre de 10 %, et d’autre part, on compte 22 espèces nicheuses supplémentaires en Wallonie, contre 4 disparitions.

    Qu’il s’agisse des oiseaux hivernants ou des oiseaux nicheurs, les causes du déclin sont les mêmes. Il s’agit principalement de l'artificialisation du territoire, de l’intensification des pratiques agricoles et sylvicoles et du recours aux pesticides ; lesquels entraînent la disparition et la fragmentation des habitats des espèces.

    Les déclins observés ne sont ni nouveaux ni propres à notre région. C’est bien pour inverser cette tendance que la Déclaration de politique régionale (DPR) est ambitieuse en matière de biodiversité. 

    Comme prévu par la DPR, mes services préparent la « Stratégie biodiversité 360° » qui doit fixer pour la décennie 2020 – 2030 des objectifs qui s’adressent aux principales causes de régression de la biodiversité de façon transversale, et comportera des mesures qui devraient favoriser l’ensemble des groupes vivants et leurs habitats.

    Concrètement et sans attendre l’adoption de cette Stratégie, la protection de 1 000 ha de réserves naturelles, la plantation de 4 000 km de haies et la mise en place d’un réseau écologique fonctionnel sont des projets importants de la DPR qui contribueront à améliorer le statut des espèces en déclin.

    De manière plus ciblée, les projets Life portant sur la préservation de la biodiversité et les subventions à la restauration des sites Natura 2000 dans le cadre du Programme wallon de Développement rural (PwDR) contribuent à l’amélioration des habitats des espèces d’oiseaux les plus menacées. Je compte poursuivre et amplifier cette dynamique. À ce titre, la Commission a retenu trois projets LIFE que j’ai déposés au Gouvernement en début d’année. J’ai également affecté 2,3 millions d’euros supplémentaires pour soutenir la mesure inscrite au PwDR.

    En ce qui concerne les milieux agricoles, la future Politique agricole commune 2021 - 2027 prévoit des objectifs ambitieux concernant la préservation des paysages et de la biodiversité. Les mesures d’indemnisation qui soutiennent une gestion adéquate des sites Natura 2000 et les mesures de gestion volontaires des habitats plus sensibles via les mesures agroenvironnementales et climatiques ont évidemment toute leur importance. Les mesures contribuant au maintien et la restauration du maillage écologique sont également essentielles pour assurer la connexion entre les sites.