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La bactérie responsable de la hausse de mortalité des hérissons

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 55 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 06/10/2020
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Nous avons déjà eu l'occasion d'échanger sur le sujet de la diminution de la population de hérissons. À cet égard, Madame la Ministre faisait alors le point sur les différentes initiatives portées par la Wallonie pour, d'une part, agir sur les causes de mortalité de cette espèce et, d'autre part, viser une restauration générale du potentiel d'accueil de la vie sauvage sur l'ensemble du territoire et en particulier dans les milieux ouverts. Ces derniers mois, les centres CREAVES ont constaté un afflux important de hérissons souffrant de blessures graves et souvent mortelles. Dans un premier temps, il semblait que l'une des causes principales de ces blessures était l'utilisation des robots-tondeuses pendant la nuit.

    Mais l'ampleur du phénomène constaté cette année a poussé l'Université de Gand à se pencher sur la question. Il résulte des premiers résultats de ces études que même si les robots-tondeuses sont dangereux pour les hérissons, ils ne doivent pas être les seuls incriminés puisque la présence d'une bactérie, la corynebacterium ulcerans, a été observées dans de nombreuses lésions des hérissons. La presse relatait récemment qu'en Wallonie, c'est la Faculté vétérinaire de l'ULiège qui se penche sur cette question.

    Madame la Ministre peut-elle faire le point sur cette problématique ?

    Dispose-t-on de données plus précises à ce sujet en Wallonie ?

    Quelles sont les études en cours à ce propos et avec quels objectifs ?

    Quelles sont les mesures envisagées pour protéger le personnel des refuges dans l'attente d'une connaissance plus étendue de la problématique, notamment en ce qui concerne sa possible transmission à l'homme sous forme de diphtérie ?

    Enfin, sait-on si cette bactérie serait éventuellement transmissible aux animaux de compagnie (chiens et chats) par contact avec les hérissons ou leurs excréments dans les jardins par exemple ?
  • Réponse du 19/11/2020
    • de TELLIER Céline
    Dans deux études récentes menées en Belgique et en Allemagne, une corynébactérie a été décrite chez des hérissons. Cette bactérie, appelée Corynebacterium ulcerans, produit des toxines qui peuvent entraîner une diphtérie touchant le système respiratoire, cardiaque et nerveux.

    En Europe, ce pathogène affecte un nombre croissant d'animaux domestiques et sauvages.

    Depuis 2008, les infections humaines liées à cette bactérie doivent être déclarées. De plus, la vaccination contre la diphtérie est recommandée en Belgique.

    Cependant, la protection due au vaccin peut diminuer après un certain temps, ce qui souligne l’importance des vaccinations de rappel. Grâce à la vaccination, le nombre de personnes atteintes de diphtérie reste très faible au sein de l’Union européenne.

    Depuis le printemps 2020, le Réseau de surveillance sanitaire de la Faune sauvage a autopsié plusieurs dizaines de hérissons provenant des CREAVES (Centres de revalidation des espèces animales vivant à l’état sauvage) dans l’objectif de déterminer la prévalence des cas de corynébactéries chez les hérissons en Wallonie et d’identifier la toxine en cause. La corynébactérie, C. ulcerans, a été détectée chez plus de 60 % des hérissons autopsiés.

    Cette étude comptant plus de 100 hérissons est toujours en cours.

    Concernant le risque de transmission d’un hérisson vers un soignant des CREAVES, la transmission par contact direct d’animaux infectés aux humains est rare et n’a été vérifiée qu’occasionnellement.

    À ce jour, il n’y a pas d’évidence de transmission de cette bactérie du hérisson vers un humain ni vers un animal domestique.

    Cependant, le fait que plus de 60 % des hérissons soient positifs doit inciter à une extrême prudence lors de la manipulation de ces animaux et à l’application de mesures sanitaires telles que le port de gants et d’un masque.

    Par ailleurs, les hérissons peuvent potentiellement être infectés par d’autres maladies transmissibles aux humains.

    Les règles sanitaires ont été rappelées aux responsables des CREAVES par mon administration, avec l’appui d’un document reprenant les règles de biosécurité liées à la Covid-19, d’application pour d’autres agents tels que C. ulcerans.