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La présence d'algues bleues dans le canal Hensies-Pommeroeul

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 83 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 26/10/2020
    • de CORNILLIE Hervé
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    À Pommeroeul en Wallonie picarde, un problème de pollution perdure dans les eaux du large aux abords de l'écluse. Il s'agirait de cyanobactéries et plus précisément des fameuses « algues bleues » qui pourraient dégager des toxines nocives, non seulement pour les animaux, mais aussi pour l'homme.

    Face à ce constat, les agents de la Direction Nature et Forêt de la Région wallonne ont interpellé plusieurs communes sur les dangers que pourrait engendrer tout contact cutané avec ces toxines.

    En réaction, le Bourgmestre de Bernissart a pris un arrêté pour interdire toute activité nautique et toute fréquentation des eaux du canal Hensies-Pommeroeul à tout baigneur et à tout chien. La pêche y est également interdite.

    La portion interdite s'étend depuis le canal Nimy-Blaton-Péronnes (partie haute de l'écluse) jusqu'au territoire de la commune d'Hensies (partie basse de l'écluse). La mesure est d'application jusqu'à nouvel ordre donné par les autorités compétentes.

    Qu'est-ce qui peut expliquer la potentielle présence d'algues bleues à cet endroit ?

    Que pouvons-nous faire en réaction à cette situation ?

    Quand la situation devrait-elle revenir à la normale ?

    Quels sont les différents moyens d'action du DNF ?

    Comment avertir au mieux la population locale vis-à-vis des dangers que représente la présence d'algues bleues ?
  • Réponse du 10/12/2020
    • de TELLIER Céline
    Ce problème d’algues bleues - scientifiquement intitulé « cyanobactéries » - est apparu début septembre 2020 sur le canal Condé-Hensies-Pommerœul.

    Le 21 septembre 2020, l'agent local du Service de la pêche du Département de la nature et des forêts a prévenu les autorités communales de Bernissart de la présence de cyanobactéries sur le canal. Cette information a été suivie de la prise d'un arrêté de police (n°195/2020) le lendemain, 22 septembre 2020. Celui-ci a été affiché sur place et a interdit les activités nautiques, la pêche et la baignade (par ailleurs non autorisée à cet endroit).

    La portion interdite aux activités de pêche et de plaisance depuis lors se trouve entre l’écluse de Pommerœul (en amont, près de l’embranchement avec le canal Nimy-Blaton-Péronnes, sur le territoire de la commune de Bernissart) et l’écluse de Hensies, en aval, proche de la frontière française (Commune de Hensies).

    L’apparition de cyanobactéries se traduit par une modification de l’aspect de l’eau qui devient bleu-vert intense, et par l’apparition d’efflorescences algales qui peuvent recouvrir la surface de l’eau sous la forme d’écumes vertes (bloom).

    Les chaleurs caniculaires et la sécheresse exceptionnelle de l’été 2020 sur les eaux stagnantes de ce canal, ont favorisé la prolifération de ces blooms. La prolifération des algues est conjointement liée à l’abondance de nutriments (phosphates et nitrates), apportés par l’érosion et le lessivage des terres agricoles (apports d’engrais) et aussi par des eaux usées domestiques insuffisamment épurées.

    Le canal Condé-Hensies-Pommerœul est interdit à la navigation depuis bientôt 30 ans, suite à son ensablement par des sédiments apportés par la Haine et la Grande Honnelle qui se déversent du côté français du canal, de l’autre côté de l’écluse d’Hensies, vers Condé. Ce canal est donc bien composé d’eaux stagnantes, les écluses étant inactives. Des apports récents de nutriments semblent peu probables, car le ruisseau « le Grand Courant » passe en siphon sous le canal et les rejets directs d’habitations sont interdits dans le canal ; par ailleurs, les villages de l’entité de Bernissart semblent à présent bien connectés au réseau d’épuration collective (égouts, collecteurs et stations d’épuration).

    Seule une arrivée d’eaux propres provenant de la réserve naturelle des Marais d’Harchies aboutit dans ce canal. L’eutrophisation est dès lors probablement favorisée par des sédiments riches en phosphates, apportés dans les années 70 et 80, jusqu’à la fermeture du canal à la navigation en 1992.

    Les cyanobactéries comprennent de nombreux genres et espèces. Certaines espèces sont susceptibles de produire des toxines appelées cyanotoxines, potentiellement dangereuses pour la santé.

    En Wallonie, tous les plans d’eau wallons utilisés pour la baignade font l’objet chaque semaine d’une surveillance des cyanobactéries. La baignade est déconseillée dès que le taux de microcystines (qui sont des cyanotoxines dangereuses par ingestion d’eau) mesuré par l’ISSeP dépasse 10 µg/L et elle est interdite dès que ce taux dépasse 20 µg/L.

    Aucun cas humain mortel d’intoxication due aux cyanobactéries n’est toutefois à déplorer à ce jour en Wallonie. On rapporte quelques cas de mortalités de chiens ayant bu l’eau d’étangs où proliféraient des cyanobactéries en France.

    Sur les canaux de Wallonie et leurs dépendances, il y a actuellement deux zones de baignade ouvertes, réservées aux stagiaires des centres Adeps de La Marlette à Seneffe et du Grand Large à Péronnes.

    Rappelons par ailleurs que les canaux non utilisés pour la baignade ne font pas l’objet d’une surveillance particulière.

    Avec l’impact des épisodes de stress hydriques croissant ces dernières années, un protocole d’accord va être préparé entre différents services de mon administration (DNF, DEE, DPC) et celle des Voies hydrauliques, afin d’optimiser la gestion des cyanobactéries sur les canaux, en dehors des zones de baignade.

    Enfin, concernant le cas particulier de l’arrêté de police de la Commune de Bernissart, le Service de la pêche, après un contrôle réalisé sur place, a informé le 7 octobre 2020 les services de la police locale que la situation ne nécessitait plus de mesures d'interdiction à cet endroit.

    Les premiers épisodes pluvieux étant arrivés après de longs mois de sécheresse, le maintien de l'interdiction ne semblait plus pertinent, l'apport d'eau fraîche au niveau des eaux de surface ne pouvant qu'améliorer la situation.