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Les conséquences de la prolifération des hannetons sur l'agriculture wallonne

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 107 (2020-2021) 1

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  • Question écrite du 06/11/2020
    • de LENZINI Mauro
    • à BORSUS Willy, Ministre de l'Economie, du Commerce extérieur, de la Recherche et de l'Innovation, du Numérique, de l'Aménagement du territoire, de l'Agriculture, de l'IFAPME et des Centres de compétences
    En région liégeoise, plusieurs habitants doivent faire face à la destruction de leur pelouse à cause de la présence de hannetons.

    Les hannetons sont des coléoptères inoffensifs pour l'homme. Les corvidés comme les blaireaux se nourrissent des larves de hannetons en retournant la terre, ce qui explique les dégâts occasionnés notamment aux pelouses des particuliers.

    Des solutions de lutte existent pour faire face à cette problématique, qu'elles soient bio (les nématodes ou par l'intermédiaire des taupes et des hérissons) ou non (insecticide systémique), mais il semble que la méthode bio soit actuellement en pénurie.

    Monsieur le Ministre peut-il me préciser si la prolifération des hannetons pose un problème au niveau de l'agriculture wallonne ?

    Sous l'angle de l'industrie et de l'économie, quelles sont les solutions en place ou à mettre en place en Wallonie pour lutter contre ce phénomène ?
  • Réponse du 01/12/2020
    • de BORSUS Willy
    Depuis une bonne dizaine d’années, plusieurs espèces de hannetons sont en recrudescence nette, tant en Wallonie que dans les régions voisines. Les adultes émergent en avril-mai et ne vivent que quelques semaines, le temps pour les partenaires sexuels de s’accoupler, et pour les femelles de pondre leurs œufs dans les anfractuosités du sol. En dehors de ces soirées de printemps où l’on peut les voir voler autour des arbres, les hannetons vivent à l’état larvaire, dans le sol pendant plusieurs années.

    Les adultes consomment de jeunes feuilles, généralement d’arbres, et ne commettent quasi aucun dégât. En revanche, les larves s’alimentent aux dépens des racines de diverses plantes. C’est surtout dans les jardins, tant potagers que d’agrément, que les hannetons se révèlent nuisibles. En effet, les « vers blancs » sont de grosses larves voraces, capables de sectionner les plantules et de compromettre la production de légumes, ou bien de détruire des gazons. Au mois d’août 2020, de nombreux appels ont signalé des dégâts graves dans les pelouses, non seulement dans la région liégeoise, mais à travers toute la Wallonie.

    Jusque dans les années 50, les hannetons étaient abondants. Puis, ils ont quasi disparu pendant 40 ans, du fait notamment de l’usage d’insecticides du sol à longue rémanence, tels que l’heptachlor ou le lindane, et dont les derniers utilisés ont été interdits depuis au moins 10 ans. La réémergence assez récente des hannetons doit être vue comme un signe de restauration progressive de la biodiversité et de la santé des sols.

    Jusqu’à présent, les dégâts commis en agriculture et en horticulture sont supportables, et ne justifient pas de mesure spécifique. Toutefois, à côté des hannetons, d’autres insectes à cycle pluriannuels ont tendance à proliférer, tels que les taupins. Si cette évolution n’a pas été perçue immédiatement après l’abandon des insecticides les plus rémanents, c’est que le début d’une courbe exponentielle est quasi imperceptible : ce n’est qu’après quelques cycles que le phénomène paraît soudain s’emballer. Il faut donc préparer l’avenir, surveiller la montée en puissance de ces ravageurs « lents », et poursuivre la mise au point de techniques efficaces et sûres, après la définition des risques potentiels encourus pour les différentes cultures.