/

La "task force" haies et les changements climatiques

  • Session : 2020-2021
  • Année : 2020
  • N° : 103 (2020-2021) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 06/11/2020
    • de PECRIAUX Sophie
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    Madame la Ministre a présenté plusieurs actions envisagées pour parvenir à l'objectif de planter 4 000 km de haies en Wallonie. Il semble que tant les agriculteurs, propriétaires de terres agricoles et citoyens, soient motivés pour planter ces haies. Un site web spécifique sera mis en ligne et une campagne de communication « Yes We Plant » se prépare pour le mois de novembre, notamment à l'occasion de la semaine de l'arbre en Wallonie.

    Quelques freins existent : il faudra notamment, stabiliser le cadre réglementaire, mobiliser des soutiens supplémentaires et, pour l'entretien, travailler sur le partage de l'équipement pour que ce ne soit plus un problème pour les agriculteurs. Pour atteindre son objectif, la Wallonie a augmenté ses moyens budgétaires en faisant passer le budget global des subventions à la plantation de 300 000 à 1,2 million d'euros, et l'objectif est de parvenir à 2 millions à la fin de la législature. La filière des pépiniéristes est aussi mobilisée pour proposer des plants wallons.

    À ce sujet, notre Région subit des changements climatiques, avec depuis quelques années des sécheresses à répétition durant l'été et des périodes de pluie très importante. Les conséquences sur la nature sont importantes, le problème des scolytes, les essences indigènes qui ne supportent pas les grosses chaleurs, le manque d'eau et son effet pervers inverse, l'apport excessif d'eau sur des terres desséchées.

    Dès lors, outre les problèmes liés à la plantation et à l'entretien de ces haies, est-il prévu la plantation d'essences plus méridionales, capables de résister aux sécheresses à venir ?

    Quels sont les modes de plantation éventuellement déterminés, afin d'atténuer les inondations potentielles, ainsi que l'orientation des espèces animales sauvages qui se déplacent dans nos régions ?
    L'objectif wallon est clair, planter des haies c'est très bien, mais faut-il encore que ces haies supportent les changements climatiques à venir !
  • Réponse du 10/02/2021
    • de TELLIER Céline
    La « task force » haies a pu, en effet, identifier les freins à la plantation d’arbres et de haies et proposer une série de leviers et de recommandations, notamment au niveau du monde agricole, comme pour toute une série d’autres secteurs. La campagne de sensibilisation « Yes We Plant » a été lancée ce 20 novembre dernier et rencontre déjà un vif succès auprès d’un nombre important de Wallons.

    La problématique des effets de plus en plus visibles des changements climatiques est aussi au cœur de nos préoccupations. Si le projet de planter un maximum d’arbres en Wallonie contribue à stocker du carbone d’une part et à tamponner au niveau local les aléas climatiques - l’arbre étant un climatiseur naturel et contribue à limiter les inondations - il reste évident que la bonne reprise des plantations est fondamentale pour atteindre ces objectifs.

    Aussi, les soins apportés lors de la plantation et des premières années de la pousse des plants font partie des conseils techniques diffusés et repris dans les informations pratiques à disposition sur notre site : https://yesweplant.wallonie.be/home.html  

    La question du choix d’essences plus méridionales, qui seraient conceptuellement mieux adaptées, mérite d’être posée. C’est toutefois une question complexe.

    Tout d’abord, il faut être conscient que dans la liste des 65 essences indigènes, toute une série d’entre elles pousse également dans les pays et régions du Sud. Ce sont des écotypes de la même espèce qui sont adaptés à la pluviométrie et aux températures de ces régions. Continuer à planter ces essences et intégrer leur flexibilité génétique est donc intéressant, ceci sans perturber les écosystèmes actuels wallons et leur faune, déjà adaptée à ces essences indigènes.

    En effet, nous devons rester attentifs à ne pas importer des espèces non indigènes qui risques de devenir invasives ou encore d’importer conjointement avec ces espèces des pathogènes et ravageurs susceptibles de déstabiliser nos écosystèmes, déjà fortement mis sous tension. Il faut donc agir avec prudence et de manière réfléchie, mais déterminée et sans a priori.

    De plus, une essence méridionale n’est peut-être pas adaptée, non plus, à résister aux gelées tardives que nous connaissons encore sous nos latitudes lors des fameux « Saints de glace », comme ce fut encore le cas en mai 2020.

    Cette problématique est donc bien connue et intégrée au sein du groupe de travail « Filière » de la « task force » haies, notamment en articulation avec le comptoir forestier du Département de la nature et des forêts (DNF) de Marche, qui veille à la diversité génétique large et adaptée des semences et graines, ainsi qu’au niveau du groupe de travail scientifique mis en place au sein de l’administration wallonne. Cette réflexion est donc déjà bien entamée et se poursuivra tout au long de notre travail.