Les tensions au sein des Nouvelles Verreries de Momignies.
Session : 2006-2007
Année : 2006
N° : 30 (2006-2007) 1
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Question écrite du 08/12/2006
de PARY-MILLE Florine
à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi et du Commerce extérieur
Voici deux ans, j'interrogeais Monsieur le Ministre sur l'avenir des Nouvelles Verreries de Momignies. Cette entreprise qui emploie 500 travailleurs et qui est détenue à concurrence de 99% par le Groupe allemand Gerresheimer et par la Sogepa pour le surplus, a fait l'objet d'un audit en 2005.
L'audit soulignait la mauvaise qualité de la gestion et entendait identifier les forces et faiblesses de l'entreprise, ainsi que toutes les améliorations possibles des processus de production.
Dans ce cadre, la Sogepa, auteur de l'audit, a examiné la consommation d'énergie, les performances au niveau des ventes et le développement des produits.
Les carences relevées étaient la sous utilisation de la main d'œuvre productive et une certaine inefficacité de la supervision.
Deux plans de redressement ont alors été adoptés, ce qui a réclamé des efforts importants de la part des travailleurs de l'entreprise.
Or il apparaît que la convention conclue entre les syndicats et le patronat en 2005, qui a permis la relance de l'entreprise, arrive à échéance le 31 décembre prochain.
Le patron des NVM aurait tout d'abord déclaré devoir procéder au licenciement de 150 travailleurs si ladite convention, qui prévoyait l'abandon provisoire par les travailleurs de certains acquis sociaux (notamment des jours de congé et de récupération) n'était pas reconduite en 2007.
Il a ensuite modulé sa déclaration et précisé que ce scénario ne serait d'actualité qu'en cas de non réparation du four 4 qui sert à la fabrication de verre opale.
Quant à l'ultime déclaration, elle faisait état de la volonté des dirigeants de « reconstruire le four » et, malgré cela, d'un licenciement de 39 personnes.
La direction se veut toutefois ouverte à la négociation et envisagerait des pistes intermédiaires, mais qui toutes conduisent à un certain nombre de licenciements.
Il faut aussi souligner que le Groupe allemand Gerresheimer a investi très peu en fonds propres dans cette entreprise et que les leviers de décision sont situés hors de notre pays.
Au vu du court délai qui reste avant la fin de la convention, des négociations et concertations ont-elles eu lieu avec l'aide de la Sogepa ?
Monsieur le Ministre a-t-il investigué quant à savoir si le mauvais fonctionnement du four n° 4 est dû soit à une mauvaise utilisation, soit à des défectuosités ? Dans ce dernier cas, une garantie du fournisseur ou une assurance interviennent-elles ?
A quelle(s) condition(s) la Région pourrait-elle contribuer à la relance du four n°4, en tenant compte des erreurs ou des manquements passés ?
Quel est l'état de santé de la Société Gerresheimer et quelles sont ses propositions quant à une recapitalisation des NVM ?
Réponse du 08/01/2007
de MARCOURT Jean-Claude
Pour rappel, les Nouvelles verreries de Momignies ont connu plusieurs années de pertes compensées par des apports successifs de leur actionnaire allemand, Gerresheimer, jusque fin 2004, où il a subordonné sa participation financière dans l'investissement d'un nouveau four, dans la réalisation d'un audit du process industriel de l'usine et dans une restructuration importante, afin de renouer avec l'équilibre.
L'audit, financé par la Sogepa, a été réalisé par IMPAX, société spécialisée dans les audits industriels et disposant notamment d'une expérience dans le secteur du verre. Cet audit a débouché sur une réorganisation de l'activité de production et a permis un accroissement sensible de la productivité depuis mi-2006, moment où le nouveau four est devenu totalement opérationnel.
A présent, ce sont les départements planning et ventes qui sont en cours de réorganisation.
Le volet social portait quant à lui sur la suppression de cinquante emplois, des réductions de salaires et la diminution de 8 jours de congé, pendant une période de 2 ans.
Moyennant accord sur le plan social, qui a été obtenu, l'actionnaire s'engageait sur la réalisation d'un projet d'investissement de 11 millions d'euros, comportant la construction d'un nouveau four et l'acquisition de machines.
Cet investissement a été réalisé et a été financé pour moitié par l'actionnaire et pour moitié par un prêt consenti par la Région wallonne.
Lors du plan social mis en place fin 2004, il était prévu que les efforts faits par les travailleurs étaient valables pour deux ans et qu'après cette période, les partenaires sociaux se remettraient autour de la table afin de rediscuter des conventions pour les deux prochaines années, discussions qui ont duré plus de deux mois entre les organisations syndicales et la direction. Ces conventions doivent entrer en vigueur au 1er janvier 2007.
Sur le plan des résultats, on constate un redressement de l'entreprise, même si, à ce jour, elle est toujours en perte. Les résultats sont en ligne avec le budget, même si légèrement inférieurs aux prévisions.
En 2007, un investissement de 3 millions d'euros doit être réalisé pour la rénovation du four opale. Compte tenu de la situation encore fragile de l'entreprise, les actionnaires ont conditionné la réalisation de l'investissement à la signature des nouvelles conventions confirmant le nouvel accord social.
Les discussions sociales ont été difficiles, les travailleurs ayant déjà réalisé de nombreux efforts au cours des dernières années. Dans un premier temps, la direction demandait aux travailleurs de prolonger l'accord de 2004 portant sur la suppression temporaire de 8 jours de repos de compensation de manière dégressive sur 2007 et 2008, et envisageait de procéder à une réduction de l'emploi d'une quarantaine d'unités.
Un accord a finalement pu être conclu, portant sur la récupération progressive des jours de repos compensatoires, à savoir 5 jours en 2007 et la totalité en 2008.
En ce qui concerne la réduction des effectifs, la restructuration porte bien sur 39 personnes, dont 15 prépensions, les modalités de licenciement devant encore faire l'objet de discussions entre parties.
Fin novembre, les ouvriers ont marqué accord en assemblée générale sur les propositions de la direction.
Début décembre, ce sont les employés qui, à leur tour, ont signé la convention sociale.
Il convient de souligner le sens des responsabilités dont ont fait preuve toutes les parties dans cette affaire, permettant ainsi à l'entreprise de poursuivre son effort de redressement afin d'assurer sa pérennité.