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Les populations de chauves-souris en Wallonie

  • Session : 2023-2024
  • Année : 2024
  • N° : 415 (2023-2024) 1

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  • Question écrite du 26/04/2024
    • de LENZINI Mauro
    • à TELLIER Céline, Ministre de l'Environnement, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité et du Bien-être animal
    On recense en Belgique 24 espèces de chauves-souris. En Wallonie, elles sont observées, étudiées et protégées par différentes associations et groupes de travail. Cependant, Natagora observe que certaines espèces sont en déclin à cause de la disparition de leurs habitats, du manque de nourriture, mais aussi de l'usage de pesticides.

    Une autre problématique est qu'au printemps, les chauves-souris et autres petits animaux sortent d'hibernation. À cause des basses températures de cette année, elles sont fortement affaiblies et se retrouvent au sol, sur les murs ou les arbres. Les citoyens, voulant leur venir en aide, peuvent parfois avoir des gestes maladroits.

    Pour sensibiliser la population à ces phénomènes, le centre Creaves de Virelles a lancé une campagne sur les réseaux sociaux. Certains gestes simples peuvent améliorer l'habitat et le bien-être des chauves-souris.

    Madame la Ministre peut-elle faire le point sur les populations de chauves-souris en Wallonie ?

    D'autres campagnes de sensibilisation à destination des particuliers sont-elles prévues par d'autres associations/organisations ?
  • Réponse du 28/05/2024
    • de TELLIER Céline
    La référence la plus récente et la mieux argumentée concernant l’état des populations de chauves-souris en Wallonie et leur évolution à long terme est certainement la dernière liste rouge coordonnée par le DEMNA en 2021, avec l’appui de Plecotus, groupe de travail « chauves-souris » de Natagora. Cette liste rouge est accessible en ligne ( http://biodiversite.wallonie.be/nl/liste-rouge.html?IDC=6464).

    En résumé, les tendances de populations sont plutôt favorables pour la plupart des espèces suivies. Les effectifs perdus durant les années 1960 et 1970 se reconstituent petit à petit. La situation favorable spécifique à ce groupe contraste avec celle d’autres groupes animaux ou végétaux dont le déclin est plus sensible. Les causes de cette évolution sont sans doute multifactorielles, mais la protection totale de toutes nos espèces, l’évolution des mentalités qui induit un changement d’attitude du grand public par rapport à ces animaux et surtout l’arrêt de l’utilisation de certains pesticides délétères sont sans doute les principaux éléments expliquant cette tendance positive.

    Toutefois, certaines espèces semblent avoir accusé un certain recul cet hiver, comme le murin à moustaches et le petit rhinolophe, alors que d’autres, comme le grand rhinolophe et le murin à oreilles échancrées, ont enregistré des effectifs records sans que l’on puisse affirmer que ces tendances à la hausse ou à la baisse se confirmeront à moyen et long terme. La poursuite des inventaires permettra d’ajuster le diagnostic.

    Le phénomène de chauves-souris en détresse en cette fin d’hiver n’a rien d’exceptionnel. Lors de chaque printemps, des individus qui semblent affaiblis et désorientés sont observés. S’il est vrai que les conditions climatiques actuelles ne sont pas idéales, la plupart des individus font face à ces périodes d’intempéries et de froid prolongé en retournant en léthargie (micro-hibernation) tout en profitant des périodes plus clémentes pour restaurer leur réserve de graisse.

    L’ASBL Natagora bénéficie d’un financement dont une partie est dévolue à l’animation et la formation d’un réseau de bénévoles chargés de répondre aux appels et sollicitations diverses des particuliers qui font face à des problèmes de cohabitation avec des chauves-souris. L’ASBL, via son groupe de travail Plecotus, peut intervenir sur le terrain pour appuyer la résolution de problèmes, par exemple pour préciser des aménagements permettant une cohabitation harmonieuse ou, en dernier ressort, pour induire le déplacement d’une colonie.

    Une autre partie de ce financement soutient une étude sur « les étables comme biotope de chasse pour les chauves-souris ». Cette étude démontre l’intérêt des chauves-souris en tant qu’auxiliaires contre certains nuisibles au bétail et aux cultures et constitue une occasion de sensibiliser le milieu agricole aux bénéfices de ce groupe d’espèces.

    Plecotus est également chargé de la recherche des sites d’hibernation et de reproduction des chauves-souris dans le cadre des du rapportage « Natura 2000 » et d’appuyer la protection de ces sites.

    Le CRIE de Mouscron développe quant à lui une campagne intitulée « Osons la nuit », avec une série de partenaires sur l’ensemble de la Wallonie. Cette campagne se déroulera durant le mois de juillet. Ce sera l’occasion de sensibiliser le grand public aux animaux nocturnes, dont les chauves-souris, à la trame noire, et de soutenir la reconnexion à la nature.