La propagation du frelon asiatique
- Session : 2024-2025
- Année : 2024
- N° : 2 (2024-2025) 1
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Question écrite du 17/09/2024
- de HANUS Mélissa
- à DALCQ Anne-Catherine, Ministre de l'Agriculture et de la Ruralité
L'été touchant à sa fin, il serait bon de dresser un bilan des actions menées en 2024. En effet, au printemps, plusieurs associations d'apiculteurs ont distribué, avec le soutien de la Wallonie, des pièges pour les frelons. Dispose-t-on d'une évaluation des résultats des piégeages ? Quel est, aujourd'hui, le niveau de présence de cette espèce en Wallonie ?
L'automne et l'hiver sont des périodes propices pour repérer les nids et les détruire. Beaucoup d'observateurs regrettent l'absence d'une règle générale organisée sur le paiement des frais de destructions : dans certaines zones de secours, c'est gratuit, certaines communes prennent l'ensemble des frais à leur charge, d'autres renvoient vers des destructeurs agréés.
Ne devrait-on pas harmoniser la prise en charge et intervenir directement dans les frais de destructions ?
L'éradication de notre territoire de cette espèce est-elle réaliste ? Le cas échéant, en combien d'années peut-on y arriver ?
Réponse du 26/09/2024
- de DALCQ Anne-Catherine
En 2023, ce ne sont pas moins de 267 000 euros qui ont été dégagés en urgence sur le Plan de relance de la Wallonie, via la fiche 203. L’opération ayant été un succès, elle a été reconduite en 2024, pour un montant de 400 000 euros. Quant à savoir si elle sera prolongée, cela dépendra des résultats de l’action en cours, des budgets disponibles et des possibilités de participation financière du secteur.
La campagne de piégeage du printemps 2024 s’est déroulée du 2 mars au 26 mai. Au total, 6 524 pièges couvercles ont été distribués par le CRA-W sur tout le territoire wallon à raison de 4 pièges par participant. Les résultats de 3 078 pièges (47 %) ont pu être encodés et validés, ce qui est très satisfaisant pour une première expérience d’une telle envergure.
Ces pièges ont permis de capturer 802 fondatrices de frelons asiatiques, ce qui est relativement faible, mais peut s’expliquer par :
- la densité encore faible du frelon asiatique sur une bonne partie de notre territoire, dans l’Est notamment ;
- les conditions météorologiques défavorables en début de campagne ;
- et par le type d’attractif utilisé. Si la sélectivité du piège développé par le CRA-W a été prouvée, l’efficacité de celui-ci reste à améliorer.
La densité des nids de frelon asiatique en Wallonie présente un gradient d’ouest en est et du nord au sud. Le Hainaut occidental a été particulièrement impacté en 2023, conduisant certains apiculteurs à abandonner l’activité. Le Brabant wallon et le nord de la province de Namur sont également fort touchés. L’impact sur la province de Liège et du Luxembourg demeure relativement faible, mais l’invasion continue à progresser.
L’implantation du frelon asiatique semble avoir été freinée cette année par les mauvaises conditions climatiques, défavorables d’ailleurs au développement de tous les hyménoptères. Jusqu’à présent, peu de nids secondaires ont été signalés et la prédation observée dans les ruchers demeure faible.
Pour ce qui est de l’éradication de l’espèce sur notre territoire, il est bon de rappeler que depuis 2016 jusqu’en 2022 inclus, absolument tous les nids détectés ont été neutralisés par mes services. Malgré cela, d’année en année, le frelon asiatique a envahi la quasi-totalité du territoire belge et a vu sa densité de population augmenter en Wallonie.
En ce qui concerne l’efficacité des neutralisations systématiques des nids, l’espèce est mobile et se déplace sur de longues distances, impactant de ce fait les pays frontaliers. Aucun pays d’Europe n’a pu venir à bout de l’espèce. Il faudrait un effort de lutte démesuré et synchronisé dans l’ensemble des pays européens pour voir les populations de cette espèce diminuer significativement.
L’idée d’éradiquer un jour l’espèce au niveau belge est donc tout à fait illusoire et serait très coûteuse.
Dans cette situation, il est donc important de mettre en place une gestion intégrée et durable de cette espèce invasive en hiérarchisant les actions en fonction de leur impact sur la population et le secteur apicole, tout en recherchant des méthodes moins impactantes pour l’environnement.