L’état des lieux des bureaux des services publics wallons et leur utilisation en suite du télétravail
Session : 2024-2025
Année : 2024
N° : 3 (2024-2025) 1
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Question écrite du 23/09/2024
de CASSART-MAILLEUX Caroline
à GALANT Jacqueline, Ministre de la Fonction publique, de la Simplification administrative et des Infrastructures sportives
La pandémie de Covid-19 a modifié certaines habitudes des travailleurs, notamment pour ce qui concerne le télétravail. Désormais, autorisé jusqu'à trois jours par semaine pour les fonctions le permettant, cela engendre inévitablement une baisse de fréquentation des bureaux des services publics.
Or, le patrimoine immobilier représente un coût non négligeable pour la Wallonie et une rationalisation des espaces de bureaux permettrait de contribuer à une gestion saine des deniers publics.
Madame la Ministre dispose-t-elle d'un cadastre des bureaux des services publics wallons et de leur utilisation ?
Une ventilation est-elle disponible par direction générale opérationnelle (DGO) ?
Une rationalisation des bureaux est-elle à l'ordre du jour ?
La Région wallonne est-elle propriétaire des bâtiments qu'elle occupe ?
Réponse du 15/10/2024
de GALANT Jacqueline
Comme l’honorable membre le souligne à juste titre, la pandémie de covid-19 a profondément transformé nos modes de fonctionnement et le télétravail occupe désormais une place importante dans l’organisation du travail.
Cependant, si ce télétravail a effectivement entraîné une réduction du taux d'occupation des bureaux, il n'a pas pour autant mis purement et simplement fin à l'ère des espaces de travail traditionnels qui participent encore au sentiment d’appartenance des agents.
L’occupation moyenne des bureaux fluctue, mais c’est actuellement un modèle de travail hybride qui est préféré par la majorité des travailleurs. Cette adaptation nécessite dès lors une réflexion pointue sur l'aménagement des espaces de travail et l'optimisation de l'utilisation des bureaux pour répondre au besoin de flexibilité.
Dans ce contexte, je confirme que le Département de la gestion immobilière dispose d’un cadastre des biens appartenant à la Région wallonne, reprenant tant les bâtiments administratifs en gestion au sein du Département de la gestion immobilière que les bâtiments « métiers » gérés par les Directions générales opérationnelles.
Cet outil, dénommé ImmoTEP, intègre peu à peu les biens issus des parcs immobiliers gérés par les UAP.
La ventilation de l’occupation des bâtiments administratifs ne se fait pas selon l’occupation par les Directions générales, mais selon le principe de 20 m² bruts en moyenne par collaborateur.
Depuis 2020, sur la base d’une étude approfondie intégrant un benchmarking du bureau Cushman et Wakefield, le Service public de Wallonie s’est doté d’une stratégie immobilière visant à poursuivre quatre objectifs principaux : - fournir aux collaborateurs des espaces de bureaux performants, dans des bâtiments à faible consommation énergétique ; - proposer des bâtiments mieux localisés, près de gares ou d’infrastructures de transports en commun afin de favoriser la mobilité douce ; - offrir des espaces modulaires comme des salles de réunion, des espaces collaboratifs, des zones de coworking, et cetera, permettant d’intégrer les nouvelles formes de travail ; - regrouper les services de chaque entité du SPW dans un même bâtiment à Namur et Jambes et regrouper les services extérieurs des grandes villes wallonnes en un seul bâtiment.
À cela s’ajoute un objectif relatif à la valorisation dynamique du parc, notamment à travers des rénovations visant tant la performance énergétique que le maintien de la valeur patrimoniale du bien, essentiels l’un pour l’impact carbone et l’autre pour la comptabilité régionale en termes d’actifs.
La mise en œuvre de cette stratégie a également pour effet de rationaliser les surfaces de bureaux.
Alors qu’en 2020, la superficie moyenne était de 36,5 m² bruts par collaborateur, la stratégie immobilière actuelle prévoit désormais 20 m² bruts en moyenne par collaborateur ; ces 20 m² par agent tiennent partiellement compte d’une présence variable au bureau, liée au télétravail.
En effet, bien que la stratégie immobilière ait été établie avant le Covid, la réduction de la norme de superficie de 30 % suggérée par l’étude Cushman et Wakefield tenait compte des avancées en termes de nouvelles formes d’organisation du travail (les NWOW) ainsi que de comparaisons avec les entreprises privées.
Les recommandations ont été globalement suivies et cette stratégie a abouti à un premier résultat tangible, notamment mesuré lors de l’application de la circulaire gouvernementale sur la sobriété énergétique. Des diminutions de 15 à 20 % ont pu être mesurées suite à la combinaison de la réduction des surfaces et de la diminution des normes de température.
Pour ce qui est de la fréquentation des bureaux, de simple intuition, on peut voir qu’il y a des marges importantes de progression.
Soucieuse de mieux gérer l’occupation de ces locaux, mon Administration a sollicité en interne un rapport circonstancié pour divers bâtiments dont TPE (Liège), Cap Nord, Cauchy et Crosspoint, sur un mois déterminé hors vacances. Les résultats de cet état des lieux devraient être connus dans les prochains jours.
Ce n’est pas la première fois que l’Administration analyse la fréquentation de ses infrastructures. En effet, une étude relative à la fréquentation du bâtiment « Cap nord » a été effectuée sur la base des pointages des agents. Les pourcentages de présences étaient révélateurs : les plus bas étaient aux alentours de 17 % (lundi et vendredi), montaient à 20 % le mercredi et au maximum de 30 % les mardis et jeudis.
Ces chiffres sont éloquents quant au besoin de flexibilité et à la nécessaire réflexion à avoir sur la mise en place de « flex desks » ou « bureaux partagés ».
Selon une estimation de mon administration, grâce aux bureaux partagés, il serait possible de passer d’un bureau par agent à deux bureaux pour trois agents pour les futures occupations. Ceci aurait bien entendu un impact direct sur le nombre de m² bruts par agent et l’organisation des différents services.
Une rationalisation des bureaux est donc bien à l’ordre du jour afin de contribuer à une saine gestion des deniers publics. Le modèle du bureau traditionnel doit évoluer vers plus de flexibilité, s'écartant de l'utilisation exclusive et fixe des bureaux pour s'orienter vers des formats hybrides et modulables.
Certains bâtiments occupés par nos services dont « Crosspoint » et « Cap Sud », peuvent déjà être pris en référence : pas de bureau individuel sauf pour les Inspecteurs généraux (ces bureaux peuvent également être utilisés comme salle de réunion s’ils ne sont pas utilisés), salle de réunion, bureaux partagés, bubbles et salles de réunion maîtrisées, cadre fixe, mobilier récupérable au maximum, et cetera.
Ces nouveaux modes organisationnels devront être négociés prochainement, à plus large échelle, dans le cadre de l’actualisation de la stratégie immobilière, actuellement en finalisation de rédaction.
En sus de la libération de surfaces, ces regroupements permettront de générer des économies d’échelles que ce soit en matière d’entretien, de maintenance des installations, de consommation énergétique, de frais divers comme le nettoyage, le gardiennage, les entretiens d’abord, et cetera.
Enfin, il y a lieu de souligner que la Région wallonne n’est pas exclusivement propriétaire des bâtiments qu’elle occupe, elle est aussi locataire et emphytéote.
En effet, la stratégie immobilière a poussé vers la location, à la fois en raison des disponibilités immobilières près des gares (très peu d’immeubles sont à acquérir dans ces contextes urbains) et par la nécessaire maîtrise de l’impact comptable (impact SEC) des investissements.
Pour conclure, je confirme que j’ai effectivement l’intention de solliciter de nouvelles propositions de mon Administration, une fois les résultats de l’enquête actuellement menée sur la fréquentation réelle des bureaux dans les grands bâtiments connus.
Je ne doute pas que de nouvelles normes, génératrices d’économies supplémentaires, pourront voir le jour prochainement, engendrant une stratégie immobilière encore plus performante et plus adaptée aux besoins réels, tout cela, sans perdre de vue que le télétravail n’est pas la panacée et en réaffirmant que pour offrir un service de qualité à la population, il faut garantir un minimum de présence et de disponibilité.