à NEVEN Cécile, Ministre de l'Energie, du Plan Air-Climat, du Logement et des Aéroports
L'innovation dans le domaine des énergies renouvelables prend une nouvelle tournure avec l'apparition d'éoliennes domestiques compactes et silencieuses, telles que le modèle « LIAM F1 UWT », développé aux Pays-Bas. Ce modèle, qui ne pèse que 100 kg et présente un diamètre de 1,5 mètre, est capable de générer jusqu'à 1500 kWh d'électricité par an, soit près de la moitié de la consommation moyenne d'un foyer. Ces éoliennes domestiques, adaptées à l'environnement urbain, offrent une alternative intéressante aux grandes éoliennes, tout en réduisant l'impact sonore et visuel.
Dans ce contexte prometteur, plusieurs questions se posent.
Quelles initiatives la Wallonie prévoit-elle pour encourager l'adoption de ces technologies domestiques éoliennes, notamment dans les zones résidentielles ?
Quelles sont les démarches nécessaires pour l'installation de telles éoliennes au regard de la législation actuelle ? Sont-elles compatibles avec le Code du développement territorial (CoDT) ?
Madame la Ministre prévoit-elle des incitants financiers ou fiscaux pour encourager les ménages à opter pour ce type d'installation et réduire ainsi leur dépendance énergétique ?
Finalement, la Wallonie prend-elle en compte les synergies possibles entre ces éoliennes et d'autres sources d'énergie renouvelable, comme les panneaux photovoltaïques, pour favoriser une autonomie énergétique accrue des ménages ?
Réponse du 14/11/2024
de NEVEN Cécile
Les éoliennes domestiques pourront, peut-être, à l’avenir constituer un complément intéressant aux grandes éoliennes ou aux installations photovoltaïques résidentielles, mais la technologie n’est à ce jour pas suffisamment mature ni éprouvée.
Il n’a ainsi pas été possible de trouver des études indépendantes certifiant les performances annoncées en conditions opérationnelles.
Certains fabricants présentent des résultats de tests souvent réalisés en milieu non urbanisé. Les fabricants ne renvoient globalement pas vers d’éventuels revendeurs ou installateurs locaux. L’expertise et le savoir-faire des opérateurs pour l’installation et la maintenance de ces machines doivent encore se développer en Europe. Ces signaux laissent penser à une maturité technologique non aboutie et invitent à la prudence quant à envisager un déploiement généralisé.
Il n’a également pas été possible de trouver des informations concernant la conformité de ces appareils avec la norme CEI 61400 relative aux aérogénérateurs, ainsi qu’avec les normes en dérivant.
Enfin, des campagnes de mesures objectives et réalisées en conditions réelles des émissions sonores de ces machines ne sont manifestement pas disponibles.
Les éoliennes domestiques présentent par ailleurs des contraintes techniques importantes.
De manière générale, l’installation d’éoliennes domestiques en toiture est déconseillée ; un tel dispositif doit être étudié avec beaucoup d’attention en raison de la transmission des vibrations de la machine et de la force mécanique du vent à la toiture. Ces forces se concentrent au point de fixation et il existe un risque d’endommagement de la structure du bâtiment si elle n’a pas été spécialement conçue ou adaptée à cette fin.
Les éoliennes domestiques présentent également des interrogations en ce qui concerne leur rendement.
De manière générale, le milieu optimal pour installer des éoliennes est un espace bien dégagé du côté des vents dominants, sur un plateau ou un sommet, assurant un régime de vent laminaire et continu. Tout obstacle à l’écoulement du vent crée des turbulences qui impactent significativement la production d’électricité. Ainsi, l’environnement urbain et résidentiel parait moins propice à l’installation d’éoliennes.
Les éoliennes domestiques présentent également des structures de coût défavorables, en comparaison par exemple d’une installation photovoltaïque.
En généralisant à partir du modèle renseigné dans la question de l’honorable membre, le prix d’achat pour une éolienne d’une puissance nominale de 1 000 Watts peut être estimé à 4 000 euros. Les frais d’installation et de maintenance sont inconnus. Le coût minimal est donc de 4 euros/Watt installé (Wc). En comparaison, d’après les publications d’Énergie commune sur le site Renouvelle, une installation photovoltaïque conventionnelle en toiture coûte environ 1,5 euro/Wc.
En généralisant à partir du modèle renseigné dans sa question, la durée de vie d’une éolienne domestique peut être estimée à 15 ans, tandis que la durée de vie considérée pour les panneaux photovoltaïques est de 30 ans, et de 15 ans pour leur onduleur.
À la place d’une installation en toiture, ce type d’éolienne pourrait être installé au sommet d’un mât. Dès lors, des ressources supplémentaires seront nécessaires, notamment un mât en métal et des fondations en béton armé.
Enfin, les éoliennes domestiques sont soumises à des contraintes réglementaires plus importantes que les installations photovoltaïques résidentielles installées en toiture.
Ainsi, en application du code du développement territorial, l’installation d’une éolienne domestique en toiture n’est pas exonérée d’un permis d’urbanisme et le citoyen qui souhaiterait s’en équiper devrait introduire une demande au préalable.
En comparaison, à l’heure actuelle, la technologie photovoltaïque en toiture est moins chère, mieux maîtrisée, moins lourde, a une durée de vie plus longue, ne nécessite pas de permis d’urbanisme dans le cas d’une installation résidentielle, et nécessite moins de maintenance. En conclusion, il semble prématuré d’encourager l’adoption de cette technologie d’éoliennes en toiture ; elle n’est pas suffisamment mature ni éprouvée. De plus, l’éventuelle complémentarité avec la production photovoltaïque est rendue très incertaine à cause d’un régime de vent défavorable en zone résidentielle et/ou urbaine. Le photovoltaïque semble dès lors, sur base de ces éléments, rester une meilleure alternative à ce stade.