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Les graines contraceptives pour pigeons

  • Session : 2024-2025
  • Année : 2024
  • N° : 78 (2024-2025) 1

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  • Question écrite du 12/12/2024
    • de PECRIAUX Sophie
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre-Président et Ministre du Budget, des Finances, de la Recherche et du Bien-être animal
    Monsieur le Ministre-Président a annoncé soutenir financièrement les communes qui instaurent un plan de gestion pour réguler la population de pigeons via l'aménagement de pigeonniers contraceptifs. Ces propos ont été relayés par la presse, qui apprend, entre autres, que sept communes se sont engagées pour la période 2023-2024 : Charleroi, Soignies, Morlanwelz, Aywaille, Anderlues, Liège et Fléron. L'action y est poursuivie pour la période 2024-2025 malgré quelques soucis qui se sont présentés à l'usage.

    Selon la presse, est prévue la mise en place d'un tel dispositif à Braine-Le-Comte. Alors même que des associations locales agissent pour réguler la population de pigeons au moyen d'œufs factices, comme l'ASBL Au Bonheur de ViCA, et ce sur les entités de Braine-Le-Comte et Courcelles. Le projet est par ailleurs en cours à Morlanwelz et Anderlues.

    L'efficacité des graines contraceptives a-t-elle été étudiée ?

    Sur quelle étude se base-t-on concernant l'efficacité du produit ?

    Quel est le numéro d'agrégation du produit ? Quelle est sa durée de validité ?

    Pouvons-nous obtenir des informations précises sur la mise en circulation de ces graines contraceptives dans les sept communes concernées (Charleroi, Soignies, Morlanwelz, Aywaille, Anderlues, Liège et Fléron) ?

    Depuis quelle date sont-elles distribuées et en quelle quantité ?

    Qui a inventorié le nombre de pigeons avant, pendant et après l'usage du produit ? Quels sont les résultats ?

    A-t-on étudié l'interférence sur la faune sauvage ?

    Enfin, un contact a-t-il été pris entre les communes organisant les régulations de populations de pigeons au moyen de graines contraceptives et les associations locales d'ornithologie ainsi que les centres pour colombidés (par exemple, l'ASBL Au Bonheur de ViCa ) ?
  • Réponse du 28/01/2025
    • de DOLIMONT Adrien
    Le pigeonnier contraceptif et les graines contraceptives sont deux méthodes distinctes pour contrôler les populations de pigeons dans les villes.

    Le pigeonnier contraceptif est un petit bâtiment ou local aménagé pour le logement et l’élevage des pigeons. Il permet d’une part de stériliser une partie de la population par le remplacement des œufs par des œufs artificiels et d’autre part de garder un lien entre les nourrisseurs et les pigeons.

    Les grains contraceptifs sont utilisés dans des distributeurs automatiques, placés à des endroits stratégiques de présence de colonies de pigeons. Les grains sont recouverts de nicarbazine, médicament utilisé dans l’aviculture comme traitement préventif à la coccidiose, un parasite intestinal chez les oiseaux. Elle a pour effet secondaire d’interférer dans le processus de maturation de l’œuf en s’attaquant à la membrane entre le jaune et le blanc d’œuf, empêchant ainsi le développement embryonnaire. Cet effet secondaire est réversible et disparaît dans les 4 à 6 jours après la dernière administration. La nicarbazine ne cause aucune lésion négative chez le pigeon. La taille du grain et le comportement du pigeon permettent de rendre la méthode très sélective. Les oiseaux de proie ne risquent pas de devenir stériles ou malades en mangeant un pigeon.

    Dans la littérature scientifique internationale, plusieurs articles démontrent que la nicarbazine est une méthode efficace et respectueuse du bien-être des animaux pour contrôler les colonies de pigeons conflictuelles dans des zones urbaines en Espagne, en Italie et aux États-Unis. Les études s’accordent sur une réduction moyenne de 20 à 30 % des colonies de pigeons traités la première année avec les grains contraceptifs. Plus proches de chez nous, différentes communes de Flandres et la ville de Bruxelles ont obtenu des résultats similaires. Pour exemple : en 2019, la ville de Bruxelles a placé un distributeur de grains sur la place Princesse Clémentine comme projet pilote : un an après, la population y a chuté de 30 %.

    Les informations demandées et relatives au médicament vétérinaire relèvent de la santé animale, compétence fédérale. En Belgique, la dénomination du médicament vétérinaire est le R-12. Il porte le numéro d’autorisation de mise sur le marché BE-V498444. La première autorisation date du 07/06/2016 et a été renouvelée pour la dernière fois le 05/05/2022. Le médicament ne peut être délivré que sur ordonnance vétérinaire.
    Par ailleurs, c’est un arrêté du gouvernement wallon du 30 mars 2023 qui instaure un régime de subvention aux communes en matière de bien-être animal et qui a pour objet de soutenir les actions prises par les communes en la matière. La réalisation du plan d’action communal et l’aménagement de pigeonnier contraceptif font partie des actions subventionnées. Outre une subvention principale de 3 000 euros, une subvention complémentaire de 2 000 euros est octroyée aux communes.

    La gestion des animaux « errants », la sécurité et la salubrité publique relèvent de la stricte compétence communale, ainsi que l’établissement du plan d’action par rapport à la population de pigeons des villes présente sur son territoire. Le plan d’action est concerté avec un vétérinaire et un refuge ou une association et comprend :
    * La mise en place d’une cellule d’étude au niveau de la commune qui, afin d’objectiver la problématique, est chargée d’analyser les plaintes, la relation empathique des citoyens avec les pigeons et les nuisances réelles de la population de pigeons. Cette cellule est chargée de la communication vers les citoyens avant, pendant et après la réalisation du plan, et ce de manière continue ;
    * Un relevé des sites qui demandent des mesures spécifiques directes comme le déplacement des populations ;
    * Une gestion visant à diminuer les ressources alimentaires disponibles ;
    * L’installation, l’entretien et le suivi du ou des pigeonniers contraceptifs.

    Si la commune décide de travailler avec les grains contraceptifs, il est de sa responsabilité de réaliser un marché public pour l’achat des grains contraceptifs.

    Un contact a été pris avec les communes citées dans la question. Certaines ont opté pour les distributeurs de grains contraceptifs tandis que d’autres pour le pigeonnier. Il s’agit de décisions strictement communales. L’utilisation d’un pigeonnier demande un emplacement fixe et nécessite un entretien et une gestion réguliers pour remplacer ou retirer les œufs tandis que les grains sont plus faciles à déployer sur une grande surface.

    En fonction des communes et de leur coordination, le projet est en attente ou bien les démarches d’acquisition des distributeurs à grains sont en cours. À Fléron, le distributeur de grains contraceptifs a permis de maintenir une population de pigeons constante sans recrudescence.

    Les communes sont encouragées à poursuivre leur action et à communiquer sur l’évolution de leur projet et des difficultés rencontrées auprès des experts de l’Administration.