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L'augmentation du prix des kots en Wallonie

  • Session : 2024-2025
  • Année : 2025
  • N° : 59 (2024-2025) 1

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  • Question écrite du 15/01/2025
    • de PAVET Amandine
    • à NEVEN Cécile, Ministre de l'Energie, du Plan Air-Climat, du Logement et des Aéroports
    Le nombre d'étudiants est en augmentation et cela s'est accentué ces derniers temps. On peut bien évidemment s'en réjouir. Un tiers des étudiants n'ont pas d'autre choix que de côté, mais la plupart des kots appartiennent au privé. Ils suivent donc l'augmentation des prix du marché. C'est la loi de l'offre et de la demande.

    Un bon exemple est celui des kots à l'ULiège. Après que l'université en ait privatisé une partie, le nouvel exploitant privé a annoncé qu'il allait augmenter le loyer de 375 euros à 440 euros, soit une augmentation de 18 %.

    Bref, pouvoir kotter devient un luxe, car c'est un coût supplémentaire que tous les parents ne peuvent pas nécessairement assumer.

    Comme Ministre du Logement, Mme la Ministre doit s’assurer que chaque étudiant qui en a besoin puisse loger dans un kot proche de son université ou de sa haute école.

    Cela passe notamment par la construction de nouveaux kots publics et par l'application d'une grille contraignante des loyers.

    Comment explique-t-elle l'inaction de son Gouvernement face à cette crise du logement étudiant qui ne cesse d'empirer ?

    Pourquoi ne pas activer le levier de la construction de milliers de kots publics par exemple ?
  • Réponse du 28/01/2025
    • de NEVEN Cécile
    Concernant le marché locatif étudiant en Wallonie, comme je l’ai dit lors de la séance plénière du 18 décembre 2024, je me réfère à l’Observatoire wallon du logement étudiant, géré par le CEHD.

    Selon celui-ci, pour l’année académique 2023-2024, le prix moyen d’un kot en Wallonie hors charges était de 386 euros.

    Pour l’année académique 2024-2025, la nouvelle enquête visant à récolter les données vient de s’achever avec le concours des établissements d’enseignement supérieur de la Wallonie.

    Selon les premiers résultats du CEHD, qui doivent encore être consolidés, le loyer moyen hors charges des kots observé en Wallonie, ainsi que celui en province de Liège, est bien inférieur à 440 euros. J’attire l’attention sur le fait qu’il s’agit ici de loyers hors charges.

    Face à l’augmentation du nombre d’étudiants et l’insuffisance de l’offre en logements étudiants, la construction de kots d’utilité publique ou d’intérêt public est évidemment une des solutions à envisager.
    Dans le cadre du Plan de Relance, il est effectivement prévu la construction de 770 kots publics :
    * 422 kots, pour un budget de 25 millions d’euros, sont attribués aux 6 SLSP en Hainaut et dans les provinces de Liège et de Namur.
    * 348 kots sont attribués à 6 autres opérateurs, dont la Ville de Liège, l’ULiège et l’UNamur, pour un budget de 20 millions d’euros. Plusieurs projets ont été lancés (avant-projet reçu ou en cours).

    Je suivrai attentivement l’avancement de ces projets dont la prochaine échéance est le 31 décembre 2025, date à laquelle les porteurs de projets devront communiquer à l’administration régionale (SPW Logement) ou à la SWL, le nom de l’adjudicataire du marché principal des travaux ou avoir obtenu le permis d’urbanisme dans le cas d’une opération de Desing & Build.

    En ce qui concerne les autres perspectives pour une politique régionale du logement étudiant, qui je le rappelle doit venir en complément des mesures prises par le Gouvernement de la FWB en matière de coût des études, le CEHD a réalisé une étude sur une série de pistes innovantes de financement et de déploiement du secteur du logement public.

    Elle met notamment en évidence des formes nouvelles des logements publics à destination des étudiants et étudiantes.

    Ces kots publics seraient des logements collectifs, meublés et équipés, situés à proximité des établissements d’enseignement supérieur, et caractérisés par des superficies adaptées et la présence de plus d’espaces partagés.

    En raison de leurs formes bâties se voulant beaucoup plus simples et standardisables, ces kots bénéficieraient de coûts de construction plus maîtrisés, permettant par-là de multiplier les opérations de construction. Différentes collaborations permettraient par ailleurs d’en réduire le coût.

    L’instauration d’un nouveau mode de calcul de loyer pour ces kots publics favoriserait également l’équilibre financier des opérations tout en restant socialement abordable.

    Mon cabinet attend la publication des résultats finaux pour examiner comment cette étude pourrait être mise en œuvre, notamment en matière de kots d’utilité publique, en partenariat avec d’autres acteurs, dans le cadre d’une nouvelle politique globale de construction de logements publics.

    Concernant l’efficacité de la grille des loyers du logement étudiant en Wallonie, je rappelle qu’il s’agit d’un projet récent.

    Premier projet de ce type en Belgique et même dans les pays limitrophes, la grille des loyers des kots existe, est disponible pour tous les candidats-locataires étudiants et les bailleurs depuis septembre 2023.

    La mise à jour de la grille a été effectuée le 1er avril 2024 et l’actualisation est prévue pour cette année encore.

    Au cours d’un an et quatre mois d’existence, 3000 estimations complètes de loyers ont été effectuées sur le site de la grille.

    Ce nombre de consultations démontre l’intérêt du public pour un tel outil et l’importance d’en développer, même s’ils ne sont pas contraignants.
    Le but n’est pas de bloquer le marché locatif au risque de créer une pénurie, mais donner les outils pour permettre un juste prix entre bailleurs et étudiants-locataires.

    Je rappelle également que la grille des loyers du logement étudiant doit être respectée dans le cadre des opérations de construction subsidiées.

    La question sur l’éventuelle application contraignante de la grille des loyers des kots est complexe, elle concerne plusieurs parties prenantes et mériterait une analyse approfondie, tentant d’en simuler les conséquences socioéconomiques pour le parc locatif de la Wallonie.

    On connait les conséquences néfastes de telles initiatives pratiquées sur le marché locatif général : revente des logements locatifs, diminution du parc, discrimination, pas-de-porte et dégradation de la qualité générale des biens faute d’entretien en sont quelques exemples. Il ne s’agirait pas de les reproduire dans ce secteur spécifique.