La faillite de Lunch Garden et l'action du Gouvernement
Session : 2024-2025
Année : 2025
N° : 90 (2024-2025) 1
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Question écrite du 29/01/2025
de DEJARDIN Valérie
à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, du Numérique, de l'Emploi et de la Formation
La faillite de Lunch Garden laisse de nombreux travailleurs sur le carreau. Malgré la reprise partielle (42 restaurants sur 62), le bilan social sera lourd : 300 pertes d'emploi, les plus pessimistes annonçant le licenciement de 50% des 883 travailleurs.
Je m'interroge sur les causes de cette faillite et sur les mesures à prendre pour éviter que pareil cas ne se reproduise et que le climat économique wallon ne se détériore davantage.
D'après les informations du terrain, une cause de la faillite de Lunch Garden est le « backlash » du covid.
Par exemple, Lunch Garden loue ses locaux. Durant la crise, malgré les fermetures obligées, Lunch Garden n'a pas bénéficié d'aide, ou de manière marginale, et a dû s'acquitter de loyers parfois très onéreux auprès des propriétaires des bâtiments où se trouvent ses restaurants. L'enseigne ferait notamment les frais de cette problématique.
M. le Ministre va-t-il se pencher aujourd'hui sur des mécanismes de régulation des loyers, spécifiquement en cas de crise sanitaire ou de tout autre événement exogène d'ampleur qui affecte l'activité d'un acteur économique ?
En ce qui concerne les travailleurs, pourrait-il m'indiquer quel accompagnement va être mis en place ?
Dispose-t-il d'estimations du nombre de travailleurs wallons concernés par les fermetures ?
J'ai l'impression que la Wallonie se trouve dans une trajectoire difficile. Dans mon arrondissement, plusieurs entreprises d'ampleur ont cessé leurs activités récemment, c'est le cas d'Hexcel ou de Copeland. Aujourd'hui, c'est au tour de Lunch Garden, bien que l'enseigne d'Eupen soit épargnée. Il s'agit d'autant de signaux d'alerte auxquels nous devons être attentifs et qui nécessitent de la part de la Wallonie une réaction prompte.
Quelles sont les solutions M. le Ministre à court terme pour soutenir, dans ce cas, le tissu HORECA wallon et, plus généralement, le tissu économique de la région ?
Réponse du 25/02/2025
de JEHOLET Pierre-Yves
La faillite de Lunch Garden est due à une combinaison de facteurs internes et externes ayant fragilisé sa situation financière. Malgré une restructuration de sa dette de 50 millions d’euros à l’été 2024, les pertes accumulées sont restées trop importantes. L’augmentation des coûts de l’énergie, l’indexation des salaires et des loyers ont alourdi les charges, réduisant les marges bénéficiaires. Par ailleurs, le manque d’innovation dans l’offre culinaire a entraîné une perte d’intérêt de la clientèle. Ces difficultés ont conduit l’entreprise à déposer le bilan auprès du tribunal de l’entreprise de Bruxelles.
Entretemps, un accord a été conclu avec le fonds d’investissement CIM Capital pour reprendre 41 des 62 restaurants. Sur ces 41 restaurants, 24 seront repris en gestion propre, 9 sont des franchisés existants et 8 sont des restaurants en direct transformés en franchisés, repris par des franchisés existants. Malgré la reprise partielle, la fermeture de 21 restaurants entraîne des suppressions d’emplois significatives, affectant de nombreux travailleurs. Dans le cadre de Synerjob, des contacts sont en cours entre Actiris, le VDAB et le FOREm afin d’obtenir des précisions sur les licenciements et sur les coordonnées des travailleurs impactés. Étant donné la localisation du siège social, Actiris est compétent pour la centralisation des contacts avec la curatelle. Plusieurs sites wallons étant impactés, une demande de Cellule de reconversion pourra être introduite afin d’assurer le reclassement professionnel des travailleurs wallons. Concernant la régulation des baux commerciaux, des réflexions sont actuellement en cours, notamment autour de la loi de 1951 qui les encadre.
Il est évidemment trop tôt pour s’avancer sur le contenu, mais les objectifs tourneront autour de davantage de flexibilité (simplification et digitalisation), de prévisibilité et de transparence pour les parties. Des objectifs qui, à l’instar de certains pays voisins, permettraient ainsi d’encourager les innovations tout en protégeant davantage les parties contre les clauses abusives.