Les défis face à la crise du secteur de la construction
Session : 2024-2025
Année : 2025
N° : 101 (2024-2025) 1
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Question écrite du 25/02/2025
de EVRARD Yves
à NEVEN Cécile, Ministre de l'Energie, du Plan Air-Climat, du Logement et des Aéroports
Le secteur de la construction et de l'installation (chauffage, électricité, installation industrielle…) traverse une période difficile en 2024, poursuivant un déclin amorcé ces dernières années. Les prévisions pour l'année 2025 ne sont pas plus réjouissantes.
Le déclin est particulièrement marqué dans le domaine de la construction de logements neufs. Le nombre de permis de bâtir a significativement diminué en 2023 et cette tendance s'est confirmée en 2024.
Ce qui est particulièrement préoccupant, c'est que le pays fait face à une pénurie de logements pour répondre aux défis sociétaux, tels que le vieillissement de la population, qui reste de plus en plus longtemps à domicile et l'augmentation des familles monoparentales.
Pour éviter une crise du logement généralisée, il est crucial d'accélérer le rythme de construction. Selon Embuild, il serait nécessaire de bâtir 375 000 logements pour répondre à ces besoins urgents.
La difficulté majeure relève du ressort du fédéral puisque la TVA pour les opérations de démolition et de déconstruction sont fixés à 21 %.
Parallèlement, la rénovation des bâtiments progresse légèrement, affichant même une légère croissance, mais ce rythme reste bien trop lent pour répondre aux impératifs climatiques européens. Les besoins de modernisation énergétique du parc immobilier sont pressants, notamment en Wallonie et à Bruxelles, où les efforts devraient être multipliés par quatre pour atteindre les objectifs fixés.
Quelles mesures Mme la Ministre envisage-t-elle pour stimuler et encourager la rénovation du parc immobilier vieillissant ?
Entretient-elle des contacts avec le secteur de la construction concernant cet enjeu important ?
Réponse du 25/03/2025
de NEVEN Cécile
Depuis la mi-2022, le secteur de la construction, tant du côté de la promotion immobilière que de la rénovation, a connu un ralentissement net et généralisé de son activité.
Divers facteurs expliquent ce ralentissement tels que les crises successives, la hausse des prix des matériaux de construction et des matières premières, la hausse des taux hypothécaires, l’indexation des salaires qui a impacté le secteur de la construction également et la raréfaction du foncier.
La conjonction de ces facteurs a effectivement entrainé une baisse de 8 % des demandes de permis de construire en 2024 à l’échelle nationale. Notons néanmoins que c’est la Région bruxelloise qui affiche le plus net recul en matière de dépôts de permis de construire (-31 %).
Les chiffres auxquels l’honorable membre fait référence ont été publiés récemment par Embuild mais concernent le niveau national.
Le chiffre de 375 000 logements neufs à construire d’ici 2030 ne concerne ainsi pas la Wallonie. Selon une publication de la Conférence permanente du développement territorial, environ 7 000 nouveaux logements par an seraient nécessaires en Wallonie d'ici 2040.
Cela n’enlève rien aux enjeux, mais je veux rester optimiste pour un secteur qui attire toute mon attention.
Selon divers analystes avisés, dont le senior economist d’ING, Philippe Ledent, « on assiste à un léger rebond des carnets de commandes ».
Si le secteur a connu une baisse de l’activité de 1 % sur les 11 premiers mois de 2024, par rapport aux 11 premiers mois de 2023, les derniers mois ont enregistré une augmentation qui présage d’une stabilisation de l’activité sur 2025 et une reprise progressive les années suivantes avec une croissance de 0,5 % cette année et 1 % l’année prochaine.
Le cycle semble avoir dépassé son minimum et pouvoir revenir sur des perspectives de croissance positive.
Le secteur résidentiel affiche également des signes de reprise progressive et notre majorité n’y est pas étrangère, nous pouvons nous en réjouir.
Le 1er janvier dernier, les droits d’enregistrement pour l’achat d’une habitation unique et propre sont ainsi passés de 12,5 % à 3 % en Wallonie.
D’après l’observatoire de la CBC, qui a sondé plus de 1 000 personnes au début de l’année, cette baisse offre des opportunités aux candidats acquéreurs. Le prix trop élevé des biens reste le principal frein à l’investissement immobilier pour un tiers des personnes interrogées tandis que 47 % des Belges considèrent que la réduction des droits d’enregistrement en Wallonie et en Flandre facilitera l’accès à la propriété.
Selon la Fédération des agents immobiliers francophones, cette baisse des droits d’enregistrement a ainsi provoqué un réel engouement des candidats acquéreurs en Wallonie, notamment chez les plus jeunes qui ont été les premiers à souffrir des évolutions négatives du marché, tant en termes de prix que d’accès aux financements.
Cette réforme a d’ailleurs entraîné une hausse spectaculaire des transactions immobilières. Selon les données de la Fédération royale du notariat belge, le nombre d’actes de vente a bondi de 42,47 % par rapport à janvier 2024, avec des pics dans le Brabant wallon, +67,62 %, et à Namur, +60,23 %.
La réduction des droits d’enregistrement envoie un signal positif au marché, libérant des marges d’investissement en rénovation pour les nouveaux acquéreurs.
En parallèle, la baisse des taux hypothécaires et le recul de l’inflation contribuent également à la relance du marché.
La conjonction de ces quelques éléments traduit des perspectives positives pour la reprise du marché qui devrait se poursuivre dans les années à venir si ces conditions restent stables.
D’autres actions mises en place par le Gouvernement ou sur le point de l’être auront également pour effet d’apporter un soutien au secteur de la construction et de la rénovation résidentielle.
La volonté de centraliser les informations en matière de rénovation énergétique, la très prochaine transposition de la Directive PEB 4, l’intégration des acteurs régionaux du logement au sein d’une agence unique et l’intensification de la collaboration des acteurs locaux du logement, notamment par la création des guichets uniques sont autant de mesures que le Gouvernement mettra progressivement en place afin de simplifier le paysage du logement en Wallonie.
La réforme globale du régime de primes à la rénovation qui interviendra en 2026 visera également des objectifs d’efficience afin de placer la Wallonie sur la meilleure trajectoire d’atteinte des objectifs européens.
Par ailleurs, comme il a pu le voir, la déclaration de politique générale du nouveau Gouvernement fédéral prévoit bien le maintien du taux de TVA à 6 % pour la rénovation, une extension et une pérennisation de ce même taux pour les démolitions-reconstruction ainsi qu’une diminution de la TVA de 21 à 6 % pour l’installation de pompes à chaleur pendant 5 ans.
L’ensemble de ces mesures est de nature à aider les citoyens à accéder de manière plus aisée à la propriété, à rénover leur logement et à soutenir le secteur de la construction (démolition-reconstruction) et de la rénovation en lui offrant des perspectives à court, moyen et long termes.
Enfin, je lui confirme que mon cabinet a des contacts avec le secteur de la construction et notamment Embuild. Ces contacts se poursuivront dans les mois à venir afin de pouvoir avancer ensemble sur les enjeux majeurs du secteur du Logement.