L’évaluation de l’efficacité des centres d’insertion socioprofessionnelle (CISP)
Session : 2024-2025
Année : 2025
N° : 146 (2024-2025) 1
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Question écrite du 19/03/2025
de WARZEE-CAVERENNE Valérie
à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, du Numérique, de l'Emploi et de la Formation
L'accord de gouvernement met en avant la nécessité d'un accompagnement des demandeurs d'emploi intensifié, accéléré et sur mesure, visant à renforcer l'adéquation entre les compétences disponibles et les besoins du marché du travail. Dans cette perspective, les centres d'insertion socioprofessionnelle (CISP) jouent un rôle clé en offrant des formations aux publics éloignés de l'emploi. Toutefois, des chiffres qui m'ont été communiqués récemment par une fédération de CISP m'interrogent.
D'une part, il apparaît que seulement 24 % des stagiaires des CISP accèdent à un emploi à l'issue de leur parcours : un chiffre qui semble relativement peu élevé. Une part plus large des bénéficiaires se réoriente vers d'autres formations, ce qui interroge sur l'adéquation entre les compétences acquises et les besoins réels du marché du travail.
D'autre part, les données indiquent que 32 % des bénéficiaires des CISP sont des citoyens hors Union européenne, alors que ces formations sont financées par des subsides régionaux wallons. Cela soulève des questions sur les critères d'accès et sur la manière dont ces ressources bénéficient en priorité aux demandeurs d'emploi les plus en difficulté en Wallonie.
Dès lors, comment le Gouvernement évalue-t-il l'efficacité des CISP au regard du taux d'insertion professionnelle des stagiaires et quelles mesures sont envisagées pour renforcer leur mise à l'emploi ?
Des ajustements sont-ils prévus afin d'aligner davantage l'offre de formation sur les métiers en pénurie ?
Par ailleurs, quels sont les critères d'accès aux formations des CISP et comment le Gouvernement veille-t-il à garantir une allocation optimale des ressources publiques ?
Enfin, le FOREm dispose-t-il d'indicateurs précis permettant de mesurer l'impact des CISP sur l'insertion des bénéficiaires à moyen et long terme ?
Réponse du 10/04/2025
de JEHOLET Pierre-Yves
Tout d’abord, je souhaite rappeler que c’est à mon administration qu’il incombe légalement d’établir les chiffres officiels de l’insertion en CISP, dans le cadre de l’instruction des rapports d’activité annuels que lui remettent les CISP. C’est également l’administration qui est en mesure de pouvoir me communiquer les indicateurs précis pour en mesurer l’impact.
Si l’on prend en considération tous les stagiaires sous contrat en 2023, et donc financés par la Wallonie, le taux d’insertion est de 11,9 %, soit 3,4 % de stagiaires entrés en formation qualifiante et 8,5 % de stagiaires ayant trouvé un emploi.
Si l’on ne prend en considération, parmi tous les stagiaires sous contrat, que ceux qui ont achevé leur formation en 2023, le taux d’insertion est de 19,5 %, soit 6,9 % de stagiaires entrés en formation qualifiante et 12,6 % de stagiaires ayant trouvé un emploi.
Précisons encore que la subvention structurelle des CISP en 2023 dépassait les 106 millions d’euros et, qu’avec un total de 1 701 stagiaires insérés sur base du rapport de l’Administration, un calcul de ratio permet de calculer le coût d’une insertion en CISP en 2023 à 62 000 euros. Les chiffres pour 2024 permettront d’identifier si la tendance reste similaire.
Par rapport à l’efficience du secteur des CISP, celui-ci est actuellement analysé à travers plusieurs sources, et nous avons également sollicité l’administration afin de pouvoir être force de proposition pour identifier toute piste éventuelle de modification décrétale qui irait dans le sens d’une amélioration des niveaux d’insertion.
Enfin, par rapport aux critères d’accès et aux publics éligibles aux CISP, ceux-ci sont fixés à travers les articles 5 et 6 du décret.
Les formations en CISP sont accessibles aux chercheurs d’emploi faiblement qualifiés, en longue période d’inoccupation (18 mois sur les 24 mois précédant l’entrée en formation), avec des difficultés d’insertion (handicap, maladie professionnelle, accident du travail, incapacité de travail, inaptitude de 33 % au travail, justiciables, personnes d’origine étrangère …). Des bénéficiaires du revenu d’intégration sociale ainsi que des articles 60 sont également éligibles à une formation en CISP.
Comme l’honorable membre l’aura compris, la question de l’insertion socioprofessionnelle au départ d’un CISP doit être prise avec sérieux et transparence, et c’est dans cet esprit que je souhaite mener mes prochaines réformes du paysage de l’insertion socioprofessionnelle.