La situation et les perspectives d’avenir pour les centres d’insertion socioprofessionnelle (CISP)
Session : 2024-2025
Année : 2025
N° : 152 (2024-2025) 1
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Question écrite du 21/03/2025
de ROBERTY Sabine
à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l'Economie, de l'Industrie, du Numérique, de l'Emploi et de la Formation
Les CISP jouent un rôle fondamental dans l'accès à l'emploi des publics les plus éloignés du marché du travail.
Avec plus de 14 300 demandeurs d'emploi formés en 2023 et un taux de mise à l'emploi de 42 % dans les formations professionnalisantes, ils contribuent directement aux objectifs de relance de l'emploi en Wallonie.
Pourtant, ils font aujourd'hui face à une cure d'austérité sans précédent. J'en veux pour preuve un budget 2025 non indexé et réduit de 2 % ainsi qu'un moratoire sur leurs formations, et ce sans parler du retard dans le versement des subsides en début d'année qui a littéralement asphyxié le secteur.
Cette situation suscite de vives inquiétudes, tant pour les centres que pour les milliers de stagiaires qu'ils accompagnent.
Dès lors, que répond M. le Ministre à leurs questions légitimes ?
Comment peut-il les rassurer ?
Que répond-il aux revendications du secteur, notamment en ce qui concerne le manque de concertation du secteur, son financement ou le fait que des demandeurs de formation n'ont pas pu être accueillis par les CISP ?
Comment compte-t-il atteindre l'objectif du Gouvernement d'un taux d'emploi de 80 % en coupant dans les budgets de structures qui organisent efficacement la réinsertion socioprofessionnelle ?
Réponse du 18/04/2025
de JEHOLET Pierre-Yves
Comme je l’ai précisé en Commission, je souhaite rappeler que c’est à mon administration qu’il incombe légalement d’établir les chiffres officiels de l’insertion en CISP, dans le cadre de l’instruction des rapports d’activité annuels que lui remettent les CISP.
Ces chiffres, assez stables d’année en année, ne sont pas contestés par le secteur, pas plus que la méthodologie utilisée pour les établir.
Si l’on prend en considération tous les stagiaires sous contrat en 2023 et donc financés par la Wallonie, le taux d’insertion est de 11,9 %, soit 3,4 % de stagiaires entrés en formation qualifiante et 8,5 % de stagiaires ayant trouvé un emploi.
Si l’on ne prend en considération, parmi tous les stagiaires sous contrat, que ceux qui ont achevé leur formation en 2023, le taux d’insertion est de 19,5 %, soit 6,9 % de stagiaires entrés en formation qualifiante et 12,6 % de stagiaires ayant trouvé un emploi.
Précisons encore que la subvention structurelle des CISP en 2023 dépassait les 106 millions d’euros et qu’avec un total de 1 701 stagiaires insérés sur base du rapport de l’Administration, un calcul de ratio permet de calculer le coût d’une insertion en CISP en 2023 à 62 000 euros. La subvention pour 2024 est supérieure, et j’attends les résultats du rapport de l’Administration tout prochainement.
Parallèlement à ces données officielles, l’Interfédé a, de son côté, pris l’initiative d’établir et de communiquer d’autres chiffres. L’Interfédé utilise, pour ce faire, le concept de « sortie positive ».
Déjà par le passé, l’Administration a fait remarquer à l’Interfédé l’ambiguïté de ce concept peu propice à la correcte appréhension de l’insertion par un lecteur non spécialiste du secteur.
Selon la réponse reçue de l’Interfédé à l’époque par l’Administration, il devait en effet s’agir d’un simple outil de communication mis à disposition des directeurs de centres. Les questions de ce jour attestent néanmoins du fait que, non seulement la diffusion n’a pas été celle annoncée, mais, la correcte appréhension de l’insertion en CISP est remise en cause.
Comment dès lors arriver à 70 % de « sorties positives » en CISP, lorsque l’on connaît les taux réels d’insertion ? Par exemple, en considérant qu’un stagiaire qui achève sa formation en CISP et reprend une autre formation en CISP, y compris dans le même CISP, connaît une « sortie positive ». Or, ce stagiaire, financé par la Wallonie, n’est aucunement « sorti » du dispositif non qualifiant que constituent les CISP et il peut être encore bien loin de l’insertion.
Par rapport aux efforts budgétaires demandés au secteur des CISP, ils sont solidaires à d’autres efforts opérés par d’autres acteurs de l’insertion socioprofessionnelle, tels que les MIRE, les ALE ou encore les Maisons de l’Emploi.
La question de l’insertion socioprofessionnelle au départ d’un CISP doit être prise avec sérieux et transparence, et c’est dans cet esprit que je souhaite mener mes prochaines réformes du paysage de l’insertion socioprofessionnelle.