La préparation de la Wallonie face aux risques d’ingérence numérique lors des prochaines élections
Session : 2024-2025
Année : 2025
N° : 557 (2024-2025) 1
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Question écrite du 02/04/2025
de ROBERTY Sabine
à DESQUESNES François, Ministre du Territoire, des Infrastructures, de la Mobilité et des Pouvoirs locaux
Le récent rapport du Service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques étrangères (VIGINUM) met en lumière des manœuvres de manipulation de l'information ayant affecté l'élection présidentielle roumaine de 2024.
Ce rapport décrit notamment une instrumentalisation massive des réseaux sociaux, en particulier TikTok, à travers des campagnes sophistiquées d'astroturfing (techniques de propagande manuelles ou algorithmiques à des fins publicitaires, politiques ou de relations publiques) et le recrutement d'influenceurs à leur insu. De telles ingérences numériques ont conduit la Cour constitutionnelle roumaine à annuler le scrutin.
Face à ces risques croissants qui pourraient également menacer le bon déroulement des futurs processus électoraux en Belgique, il apparaît essentiel d'évaluer la préparation des pouvoirs locaux wallons en la matière, notamment en vue des échéances de 2029 et 2030.
M. le Ministe a-t-il pris connaissance du rapport de VIGINUM sur les manipulations numériques observées lors de l'élection présidentielle roumaine de 2024 ?
Quelles leçons en tire-t-il pour la Wallonie en vue des prochaines élections locales, fédérales et régionales ?
Quelles mesures ont été ou seront mises en place pour prévenir et détecter d'éventuelles ingérences numériques similaires lors des scrutins prévus en 2029 et 2030 ?
Existe-t-il une coopération avec le niveau fédéral sur cette question, notamment avec les services de renseignement et de cybersécurité, afin de garantir l'intégrité du processus électoral ?
Les autorités locales wallonnes bénéficient-elles d'un accompagnement ou de formations spécifiques pour faire face aux menaces liées à la désinformation et aux cyberattaques ciblant le processus électoral ?
Réponse du 22/04/2025
de DESQUESNES François
Mes services ont pris connaissance du rapport de VIGINUM concernant la manipulation d’algorithmes et l’instrumentalisation d’influenceurs opérées dans le cadre de l’élection présidentielle en Roumanie. Ce dernier met en évidence la redoutable utilisation de TikTok pour augmenter la visibilité d’un des candidats. Il fait également état d’un « nombre important de cyberattaques visant les systèmes informatiques liés au processus électoral ». L’intégrité du processus électoral ainsi que la confiance des électeurs dans sa fiabilité sont des priorités sur lesquelles j’ai veillé pour le scrutin du 13 octobre 2024 et qui guideront l’organisation des élections de 2030.
Avec l’Administration et ses divers partenaires collaborant sur les questions de cybersécurité (les différents pouvoirs organisateurs, le Centre pour la cybersécurité belge, le CORTEX et le SPW Digital), les enseignements d’octobre 2024 seront tirés dans le rapport d’évaluation des élections locales.
Une veille est également assurée par les services de renseignement et de sécurité afin de détecter ces tentatives de cyberattaques et de désinformation.
Un guide a d’ailleurs été publié en mars 2024, à l’initiative du Centre pour la cybersécurité belge et des services de renseignements fédéraux émettant des recommandations pour une campagne électorale sous le signe de la cybersécurité. Il permet notamment de reconnaître la désinformation et d’utiliser les médias sociaux avec précaution.
Ces questions seront réévaluées en perspective des scrutins de 2030, notamment au regard des dispositifs d’Intelligence Artificielle dont l’utilisation pourrait accroître la réactivité des acteurs malveillants ainsi que l’échelle de leurs actions. Aussi, par sa capacité à générer du contenu faux crédible, dans un contexte où la confiance du grand public envers l’information semble fragilisée, l’Intelligence Artificielle est susceptible d’accroître encore davantage la défiance de certains citoyens envers les médias et les « fact-checkers », créant un terrain favorable aux acteurs de la manipulation de l’information.
Enfin, l’Agence du Numérique et le Centre pour la cybersécurité Belgique collaborent pour mettre en place, en soutien des tâches du CSIRT national (Computer Security Incident Response Team), une Cyber Response Team en Wallonie. Sa constitution permettra de renforcer la sécurité informatique du territoire par la mutualisation et la professionnalisation des expertises autour du consortium Cyberwal by Digital Wallonia. L'objectif étant d’offrir ce service aux structures telles que les pouvoirs locaux.