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L’élimination des dépouilles des ratons laveurs

  • Session : 2024-2025
  • Année : 2025
  • N° : 153 (2024-2025) 1

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  • Question écrite du 02/04/2025
    • de SPIES Patrick
    • à DALCQ Anne-Catherine, Ministre de l'Agriculture et de la Ruralité
    Le raton laveur est une espèce exotique envahissante. Il s'attaque aux volailles et aux nichées d'oiseaux, vandalise les poubelles, pille les garde-mangers, s'installe dans les greniers. Il est aussi porteur de maladies qu'il peut transmettre à l'homme et aux animaux domestiques.

    C'est surtout ce dernier élément qui le classe parmi les nuisibles. Le réservoir potentiel de maladies pouvant être transmises par cet animal à l'homme (zoonoses) inclut différents virus, des bactéries et des vers parasites.

    Du fait de sa tendance à fréquenter les hommes, il présente un risque sanitaire plus important que d'autres animaux exotiques installés en Wallonie.

    La transmission d'agents pathogènes peut s'effectuer par le biais de la consommation de fruits ou de légumes souillés par de l'urine ou par des excréments ainsi que par contact direct avec les animaux.

    Depuis plusieurs années, on constate une augmentation de la population alors qu'elle n'a été remarquée chez nous qu'en 1986 pour la première fois.

    D'ailleurs, dans un article d'août 2024, l'UVCW invite les communes à procéder au piégeage et à l'élimination des spécimens capturés.

    La question qui se pose c'est : que faire des dépouilles de ces animaux ?
    Y a-t-il des mesures spécifiques à prendre pour éliminer les cadavres ?
    Y a-t-il un risque de transmission de maladie des cadavres à la faune sauvage ?

    D'une manière générale, quelle est la base légale pour l'élimination de ce type de dépouilles ?

    Il semble que dans certaines régions de Wallonie, la question se pose également pour l'élimination des dépouilles de renards. Quelles sont les règles ?

    La question qui se pose c'est : que faire des dépouilles de ces animaux ?
    Y a-t-il des mesures spécifiques à prendre pour éliminer les cadavres ?
    Y a-t-il un risque de transmission de maladie des cadavres à la faune sauvage ?

    D'une manière générale, existe-t-il une règle spécifique ? Qu'en est-il pour les renards ?
  • Réponse du 18/04/2025
    • de DALCQ Anne-Catherine
    L’augmentation rapide des populations de ratons laveurs est inquiétante, notamment à cause du réservoir de zoonoses potentielles que cet animal représente.

    Depuis plusieurs années, une surveillance des risques sanitaires des animaux sauvages, y compris des ratons laveurs, est assurée par l’Université de Liège (ULiège) sous convention avec le Service public de Wallonie (SPW ARNE) et ce, en collaboration étroite avec le DNF, le service de piégeage du Département du développement, de la ruralité, des cours d’eau et du bien-être animal (DDRCB) et le DEMNA.

    Les analyses effectuées par le laboratoire de l’ULiège sur les carcasses de ratons laveurs ciblent une série de maladies zoonotiques, c’est-à-dire transmissibles à l’homme, dont la leptospirose, l’échinococcose et la baylisascariose.

    Il y a un risque de transmission de la Baylisascariose des cadavres à la faune sauvage pour les animaux qui entrent en contact avec des éléments souillés par les fèces ou les charognards. Cependant, nous n’avons pas encore de preuve de la contamination d’autres espèces que le raton laveur en Wallonie à l’heure actuelle.

    Même si la gestion appropriée des carcasses de ratons laveurs reste essentielle pour minimiser les risques sanitaires et de salubrité publique, il n’est pas nécessaire de recourir à une recherche active de celles-ci pour les éliminer. Les processus naturels d’élimination de celles-ci dans l'écosystème présentent un risque négligeable.

    Le risque sanitaire que représentent les carcasses de ratons laveurs n’est pas alarmant actuellement, mais souligne néanmoins la nécessité du port d'équipements de protection tels que des gants et un masque buccal, lors de la manipulation d’une carcasse de raton laveur, comme pour toute manipulation de carcasses d’animaux sauvages.

    Il existe des mesures de prévention qui consistent à respecter les règles d'hygiène suivantes :
    • se laver les mains après un contact avec des animaux ou déjections ;
    • laver et désinfecter les plaies ;
    • porter des vêtements de travail et un équipement de protection individuelle changés ou nettoyés régulièrement : gants, bottes, masque ;
    • laver et cuire les plantes ou les fruits poussant près du sol.

    Il est également recommandé de vermifuger les chiens et de clôturer son potager dans les zones à risque.

    En cas de découverte de carcasses de ratons laveurs par un particulier, il est recommandé de contacter les autorités communales qui sont subsidiées pour la gestion des déchets, y compris les déchets biologiques. Les services du SPW Mobilité et Infrastructures, quant à eux, gèrent les carcasses retrouvées au niveau des voiries, ainsi qu’au niveau des cours d’eau gérés par la Région wallonne. Ces carcasses sont éliminées vers le clos d’équarrissage. Dans le cas de découverte de carcasses de ratons laveurs sur un territoire régional, les services du DNF et les piégeurs du DDRCB disposent de bacs d’équarrissage régulièrement vidés par une société spécialisée. Il est à noter que selon le niveau de risque de la zone, un échantillonnage des carcasses de ratons laveurs est effectué pour les faire examiner en autopsie et les faire analyser pour les agents zoonotiques.

    L’évacuation des dépouilles et parties de dépouilles d’animaux sauvages non destinés à la consommation humaine sont encadrées par le règlement européen n°1069/2009.

    En date du 27 mars 2025, le Gouvernement wallon a approuvé le lancement d’un marché public de services organisant la collecte et le traitement des animaux d’élevage trouvés morts au sein des exploitations agricoles et chez les hobbyistes. L’évacuation des ratons laveurs lors d’actions de lutte déployées au niveau régional peut également rentrer dans le champ d’application de ce marché.

    En ce qui concerne le renard, il s’agit d’une espèce gibier, classée dans la catégorie « autre gibier », qui dispose d’une période d’ouverture de sa chasse toute l’année. Sa régulation se pratique donc sur une période étendue et généralement à l’occasion d’opportunités qui se présentent lors d’actions de chasse.

    Le renard peut être porteur de nombreuses maladies, dont certaines peuvent être transmises aux humains comme l’échinococcose alvéolaire, qui reste rare, mais qui peut entrainer des symptômes assez graves chez l’Homme. En Wallonie, l’infestation des renards par ce parasite semble malheureusement en progression. Le risque de contamination des humains peut se faire par ingestion d’œufs du parasite excrétés dans les matières fécales du renard qui se retrouveraient sur des fruits, des légumes ou des champignons souillés, consommés crus ou pas suffisamment cuits, mais également s’il porte à la bouche une main contaminée par des œufs présents sur le pelage d’un renard manipulé sans précaution.

    Depuis de nombreuses années, le monde cynégétique est sensibilisé à manipuler les renards prélevés avec des gants et ceux-ci ne sont plus ramenés « au tableau » des journées de chasse.

    Il est possible que des carcasses de renards puissent contaminer des animaux de la faune sauvage, mais cela peut se produire aussi bien à partir d’un animal mort « naturellement » qu’à partir d’un renard abattu à la chasse.

    Si la carcasse de renard est collectée par le chasseur, elle doit être considérée comme un « déchet » et devra être évacuée vers un centre de traitement agréé.