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Les mesures wallonnes de lutte contre la pauvreté infantile

  • Session : 2024-2025
  • Année : 2025
  • N° : 325 (2024-2025) 1

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  • Question écrite du 24/04/2025
    • de GARDIER Charles
    • à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale
    La pauvreté des enfants est un problème de société majeur. D'année en année, les études corroborent les constats du terrain : la précarité fragilise la santé des enfants, pèse sur leur parcours scolaire, et limite leurs perspectives d'accès à l'enseignement supérieur, à l'emploi, à un logement durable et sain. En d'autres termes, un enfant né dans la précarité est susceptible d'en porter des conséquences toute sa vie, voire de devenir à son tour un adulte pauvre. 

    Sous la précédente législature, et dans le cadre du Plan wallon de sortie de la pauvreté 2020-2024, un projet relatif à la pauvreté infantile réalisé en partenariat entre l'AViQ et l'IWEPS visait à alimenter les réflexions autour de l'évolution de politiques publiques en matière de lutte contre la pauvreté infantile en Wallonie à l'horizon 2050.

    Quel regard M. le Ministre porte-t-il sur les résultats de ce projet ?

    Quelles sont les politiques qui fonctionnent et celles qui ne fonctionnement pas ou plus ?

    M. le Ministre pourrait-il nous les lister ?

    Comment s'est-il approprié ce projet dans le cadre de la rédaction de sa feuille de route ?

    Quels sont aujourd'hui les derniers chiffres disponibles concernant la déprivation matérielle des enfants en Wallonie ?

    M. le Ministre aurait-il une répartition de ces chiffres par province ? Sont-ils en augmentation d'année en année ?

    Quelles sont les mesures en place sur notre territoire dans le cadre de la lutte contre la pauvreté infantile ?

    Dans un souci de coordination efficace, une CIM s'est-elle déjà réunie sur le sujet ?
  • Réponse du 19/05/2025
    • de COPPIETERS Yves
    Tout d’abord, en raison du caractère multifactoriel de la pauvreté infantile et de la diversité des politiques publiques ayant un effet direct ou indirect sur les enfants, il ne m’est pas possible de dresser une liste exhaustive des mesures existantes. Certaines politiques dépassent en effet le champ de mes compétences régionales puisque l’on sait que celles liées au logement, à la sécurité sociale, à l’enfance, aux droits de l’enfant, à l’enseignement, et cetera, peuvent également avoir un impact sur les enfants.

    Néanmoins, en ce qui concerne les mesures en place sur le territoire, j’invite l’honorable membre à consulter le rapport de l’état belge sur la garantie européenne pour l’enfance (2022-2030) lequel met en évidence toutes les actions menées par les différents niveaux de pouvoir ainsi que le rapport intermédiaire élaboré en 2024. Cette garantie vise à améliorer l’accès à l’éducation et aux soins dès la petite enfance, aux activités extrascolaires, à un repas sain chaque jour à l’école et aux soins de santé de qualité.

    S’agissant du Plan de sortie de la pauvreté du Gouvernement précédent, celui-ci comprenait un projet intitulé « Allocations familiales : lutte contre le non-recours aux droits et étude prospective sur la pauvreté infantile ». Il visait à mener une analyse prospective des futurs possibles des politiques de lutte contre la pauvreté des enfants à l’horizon 2050. Il s’agissait d’anticiper les évolutions possibles des outils d’action publique de lutte contre la pauvreté des enfants. L’étude visait à :
    • réfléchir à l’évolution du rôle des politiques régionales et communautaires sur la pauvreté infantile ;
    • considérer l’« enfant » comme destinataire d’une action publique spécifique composée de dispositifs et d’outils relevant d’une pluralité de champs d’action qui varient en fonction des âges, de la naissance à la fin des études secondaires ;
    • développer une approche prospective de nature identifiant quatre à cinq scénarios contrastés pouvant nourrir les futures politiques régionales et communautaires en matière de lutte contre la pauvreté infantile ;
    • mettre en place une large participation des acteurs institutionnels et de terrain en lien avec la pauvreté et les politiques de l’enfance ainsi que des experts.

    Le diagnostic prospectif a permis la réalisation de dix entretiens et deux ateliers. Le travail de documentation et de diagnostic s’est terminé en septembre 2023 avant l’entame de la phase de construction des scénarios. Des rencontres avec familles et enfants ont été réalisées durant le premier trimestre 2024 afin d’obtenir un avis critique sur les scénarios proposés et de les confronter également au regard de témoins du vécu. Le rapport final, publié sur le site web de l’IWEPS sous le titre « Lutter contre la pauvreté des enfants en Wallonie : une analyse prospective », décrit quatre scénarios à l’horizon 2050. Il identifie six enjeux et domaines d’action majeurs.

    Du reste, pour élaborer la Stratégie de lutte contre la pauvreté du Gouvernement, nous avons, d’une part, tiré les leçons du précédent plan en consultant notamment les administrations responsables, et d’autre part, mis en place un Comité de pilotage rassemblant des expertises variées. Le travail de ce dernier a débuté par une phase dite exploratoire destinée notamment à établir le diagnostic de la pauvreté en Wallonie.

    Celui-ci met en lumière une série d’éléments et de données qui attestent la nécessité de répondre au phénomène de pauvreté infantile. En Wallonie, le taux de pauvreté monétaire des enfants (< 16 ans) atteint par exemple 16,7 %. Les enfants sont plus à risque de pauvreté que la population totale (15,3 %). Le taux de privation infantile atteint environ 18 %. Ce taux dépend assez fortement du type de ménage. Il atteint 33 % pour les enfants qui vivent avec leur mère dans un ménage monoparental, alors qu’il est 4 fois moins important dans les couples non séparés. La privation infantile se cumule avec d’autres risques. La probabilité que les enfants déprivés souffrent d’une mauvaise santé est par exemple plus de trois fois supérieure à celle des enfants non déprivés (8 % contre 2 %).

    Ce diagnostic visait ainsi à objectiver la situation actuelle dans le but d’alimenter la phase dite de débat et d’élaboration de la Stratégie de lutte contre la pauvreté. La réflexion s’est articulée autour de quatre groupes de travail thématiques chargés de déterminer le contenu de la stratégie, à savoir le GT Formation, Emploi et Revenu, le GT Logement et Énergie, le GT Santé et Santé mentale, et le GT Ressources, endettement et recours aux droits.

    Les groupes de travail viennent d’achever leurs travaux. Le Comité de pilotage doit désormais les traduire en une série d’actions ciblées, concrètes, à fort impact pour les personnes concernées par la pauvreté, en ce compris les jeunes et les enfants.

    Par ailleurs, ces travaux de consultation réalisés dans le cadre de la Stratégie de lutte contre la pauvreté alimenteront également les échanges avec mes collègues au sein du Gouvernement, ainsi qu’avec les autres niveaux de pouvoir. Ils contribueront également à la Stratégie de soutien aux familles monoparentales du Gouvernement. Des recommandations spécifiques seront notamment adressées aux autres niveaux de pouvoir, dont la Fédération Wallonie-Bruxelles, en lien avec le soutien aux enfants et aux jeunes.

    Enfin, la Région wallonne préside la CIM Intégration sociale, Logement et Politique des grandes villes en 2025. Une première réunion se tiendra fin juin. J’y défendrai les priorités de la Wallonie en matière de pauvreté.