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La valorisation économique de la recherche en Wallonie

  • Session : 2024-2025
  • Année : 2025
  • N° : 180 (2024-2025) 1

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  • Question écrite du 13/05/2025
    • de de WASSEIGE Olivier
    • à DOLIMONT Adrien, Ministre-Président et Ministre du Budget, des Finances, de la Recherche et du Bien-être animal
    Un article récent de La Libre Belgique revient sur les efforts de valorisation de la recherche académique en Région wallonne via la création de spin-off, en se basant notamment sur le cas de l'UCLouvain.

    Il en ressort que, malgré quelques réussites emblématiques, le bilan global wallon reste en deçà des attentes. Entre 2017 et 2023, seules 60 spin-off ont été créées par les établissements d'enseignement supérieur de Wallonie, soit moins que les résultats atteints par certaines universités flamandes à elles seules.

    Les freins sont connus : complexité du transfert de technologie, manque de profils mixtes recherche/entrepreneuriat, incitants insuffisants pour les chercheurs, et surtout la question sensible de la propriété intellectuelle et de la part laissée aux porteurs de projets, qui peut dissuader certains d'entre eux de franchir le pas. Pourtant, dans une économie de la connaissance, la transformation des résultats scientifiques en valeur socio-économique est essentielle : elle contribue à l'innovation, à la création d'emplois qualifiés, et renforce l'attractivité de nos pôles académiques.

    Quel est le bilan actuel de la Wallonie en matière de création de spin-off issues de la recherche publique (nombre de créations annuelles, secteurs concernés, emploi généré) ?

    Quels sont, selon M. le Ministre-Président, les principaux freins qui expliquent le retard de la Wallonie par rapport à d'autres régions ou pays ?

    Quelle est la stratégie du Gouvernement wallon pour accélérer la valorisation économique de la recherche ? Un objectif chiffré de créations annuelles de spin-off est-il envisagé ?

    Des mesures spécifiques sont-elles en préparation pour mieux accompagner les chercheurs-entrepreneurs, notamment en ce qui concerne la formation à l'entrepreneuriat, la gestion de la propriété intellectuelle ou l'accès aux financements précoces ?

    Comment mieux intégrer la problématique du capital à risque extérieur, souvent freiné par les conventions de propriété intellectuelle ?
  • Réponse du 23/05/2025
    • de DOLIMONT Adrien
    La Wallonie a mis en place depuis plus de 25 ans un dispositif spécifique visant la création de spin-off, le programme appelé Win4SpinOff.

    Depuis sa création, celui-ci a permis le financement de près de 300 projets, pour un total avoisinant les 92 millions d’euros. Actuellement, plus de 120 entreprises ont été créées, représentant plus de 1 000 ETP en 2023.

    Il faut toutefois noter que tous les spin-off créés au départ des recherches financées par Wallonie ne passent pas forcément par ce programme. Par ailleurs, la création d’un spin-off ne constitue pas un objectif en soi lorsqu’il est question de valorisation, c’est un outil parmi d’autres.

    De manière globale, plusieurs facteurs limitent la valorisation des résultats de la recherche. On peut évoquer le manque de lisibilité du paysage, le déficit de collaboration entre les entreprises et les universités, le manque de culture à l’entrepreneuriat dans les institutions, les problèmes de propriété intellectuelle, la complexité administrative…

    Dans ce cadre, dans la lignée des principes de la DPR, une évaluation des dispositifs actuels d’aide à la valorisation de la recherche est en cours. Les premières conclusions permettront d’adapter les aides actuelles en vue de répondre aux besoins des acteurs et pleinement contribuer au développement économique de la Wallonie.

    Il est néanmoins évident que la stratégie qui ressortira de cette analyse intégrera des actions visant à intensifier les relations entre les universités et les entreprises, c’est le plus important : intensifier la relation entre les 2 mondes, mais aussi développer une culture de l’entrepreneuriat dans la formation des chercheurs, sensibiliser activement les acteurs de la recherche et les entreprises à l’importance de la propriété intellectuelle, avec un objectif transversal de simplification administrative. Rappelons par ailleurs la volonté d’intégrer une évaluation d’impact de la politique de soutien à la recherche dans le cadre de la révision du décret ; il s’agira par-là de permettre aux dispositifs d’être évalués notamment sur cet élément.

    Je tiens toutefois à exprimer une considération importante. La création de spin-off est un indicateur de vitalité de la valorisation de la recherche académique et bien qu’il soit amplement commenté par les journalistes, la création de spin-off ne constitue pas à mon sens l’alpha et l’omega du sujet.

    La valorisation des résultats de la recherche dans les entreprises existantes est également très importante. Le réflexe des laboratoires universitaires devrait être de collaborer au plus près et au plus tôt avec les entreprises potentiellement utilisatrices des nouvelles avancées technologiques. C’est en effet ainsi que le monde de l’entreprise sera le plus efficace pour concrétiser les avancées et les transformer en processus de production ou en nouveaux produits répondant aux besoins, permettant in fine au tissu économique de notre Région de gagner en compétitivité le plus rapidement possible.

    La création de spin-off est une voie, mais n’est pas la seule et parfois, et les observateurs ont pu le constater dans divers projets, certaines sociétés spin-off sont lancées trop tôt sur la base d’une seule technologie sans avoir établi une vision du marché suffisamment développée et pensée. La relation étroite entre le monde académique et le monde de l’entreprise est donc clé pour préparer et assurer l’adoption par le second d’une technologie développée par le premier.

    Diverses réflexions sur ces éléments sont en cours de discussion avec les acteurs concernés, notamment les cellules de valorisation des universités et hautes écoles, et les représentants des entreprises : AKT et UCM.

    Je mène ces réflexions en parfaite collaboration avec mon collègue en charge de l’Économie et de l’Innovation, le ministre Jeholet, ainsi qu’avec Wallonie Entreprendre pour les volets « investissement » et la réforme du paysage de l’Innovation dont ce dernier a la charge.