La mise en place d'un point de contact unique pour les victimes LGBTQIA+
Session : 2024-2025
Année : 2025
N° : 354 (2024-2025) 1
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Question écrite du 14/05/2025
de AIT ALOUHA Rachida
à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale
En Wallonie comme ailleurs, les agressions homophobes et transphobes se multiplient, souvent dans l'indifférence générale. Les témoignages se succèdent : insultes, menaces, coups, harcèlement dans la rue, dans les transports en commun, parfois même en plein jour. Cette réalité installe un climat de peur et de repli chez de nombreuses personnes LGBTQIA+.
Ces violences ne naissent pas par hasard. Elles s'inscrivent dans une culture du silence, de l'impunité et d'une banalisation encore trop fréquente de la haine. Trop de victimes renoncent à porter plainte, par peur d'un mauvais accueil, d'un traitement inadapté ou d'un sentiment d'inutilité face aux démarches à entreprendre.
Les acteurs de terrain alertent depuis longtemps sur la nécessité d'une prévention plus efficace, dès l'école, pour déconstruire les préjugés et promouvoir le respect de toutes les identités. Il est également urgent de renforcer la formation des professionnels de première ligne - agents d'accueil, éducateurs, personnel médical - afin qu'ils puissent écouter, orienter et protéger les victimes avec humanité et compétence.
La mise en place d'un point de contact unique pour les victimes LGBTQIA+ permettrait de simplifier le parcours de signalement et d'accompagnement. Cette mesure concrète renforcerait la confiance, éviterait les ruptures de suivi et enverrait un signal fort contre toutes les formes de haine.
Quelles mesures concrètes M. le Ministre va-t-il mettre en place pour prévenir ces violences, soutenir les victimes et lutter contre l'impunité ?
Envisage-t-il la création rapide d'un point de contact unique pour les victimes de violences et de discriminations liées à l'orientation sexuelle ou à l'identité de genre ?
A-t-il prévu d'aborder ce point lors de ses réunions CIM entre différents niveaux de pouvoirs ?
Réponse du 15/05/2025
de COPPIETERS Yves
Il est essentiel de rappeler avec force que les discriminations et les violences envers les personnes LGBTQIA+ demeurent une réalité préoccupante, y compris en Wallonie. La recrudescence des discours et des actes homo-, bi- et transphobes, tant sur le plan national qu’international, ne fait que confirmer l’urgence d’une mobilisation accrue de l’ensemble des pouvoirs publics afin de garantir un environnement inclusif, respectueux et sécurisant pour toutes et tous.
Dans ce contexte, l’élaboration de la stratégie intrafrancophone LGBTQIA+ 2025-2029 représente un levier majeur. Cette stratégie vise à structurer notre action publique sur plusieurs années autour d’objectifs concrets et ambitieux, en s’appuyant sur l’expertise des actrices et acteurs de terrain ainsi que des spécialistes des questions LGBTQIA+.
À cet égard, le séminaire organisé le 9 avril dernier a constitué une étape clé dans ce processus.
Centré sur la présentation de l’étude de l’Université de Liège intitulée « Les risques de précarité encourus par les personnes LGBT en matière de logement et de santé en Région wallonne », cet événement a permis d’objectiver les vulnérabilités rencontrées par les personnes LGBTQIA+ et d’ouvrir un espace de réflexion collective réunissant les secteurs concernés, les institutions, les chercheuses et chercheurs, ainsi que les associations de terrain. Une prochaine rencontre avec la quarantaine d’acteurs et actrices présents lors de la première réunion se tiendra le mois prochain.
Ce séminaire a notamment permis d’aborder plusieurs propositions concrètes en matière d’accessibilité des services, de lutte contre les discriminations et de renforcement de la prévention en matière de santé.La proposition d’un point de contact unique pour les victimes LBTQIA+ nécessite une analyse approfondie, une mise en cohérence avec les dispositifs actuels, et une concertation étroite avec les acteurs spécialisés dans la lutte contre les discriminations, notamment UNIA et l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH).
Par ailleurs, les besoins criants en matière de formation ont été largement soulignés. Il est impératif de mieux outiller les professionnelles et professionnels de secteurs-clés – santé, action sociale, enseignement, logement, justice, notamment – afin qu’ils puissent accueillir, orienter et accompagner les personnes LGBTQIA+ dans le respect de leur dignité et de leurs droits. Les moyens budgétaires n’étant pas illimités, nous devrons opérer des choix stratégiques et prioriser les actions à mener dès les premières années de mise en œuvre de la stratégie.
L’honorable membre souligne à juste titre l’importance de l’éducation dans la lutte contre toutes les formes de discrimination. Je partage pleinement cette conviction : les violences et discriminations, qu’elles soient fondées sur l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre – ou sur tout autre critère d’exclusion – ne pourront reculer durablement que si nous investissons dans la prévention dès le plus jeune âge.
À ce titre, je veillerai à ce que les séances EVRAS soient maintenues, soutenues et enrichies dans l’ensemble de nos établissements scolaires. Ces séances jouent un rôle fondamental dans la sensibilisation au respect de l’autre, à la diversité des parcours et des identités, et à la construction d’un vivre-ensemble respectueux et éclairé.
Enfin, il convient de noter qu’il n’existe pas, à ce jour, de Conférence interministérielle (CIM) spécifiquement dédiée aux droits des personnes LGBTQIA+. Toutefois, la stratégie intrafrancophone permettra de réunir les différents niveaux de pouvoir afin de mener une réflexion et des actions communes.
Dans l’attente d’un cadre formel dédié, je suis convaincu que nous devons investir tous les espaces de coordination intergouvernementale existants. Ainsi, la prochaine CIM « droits des femmes », qui abordera les questions de sécurité dans l’espace public et de lutte contre les violences de genre, pourra – et devra – être l’occasion d’ouvrir le spectre des discussions à l’ensemble des violences liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. Cette transversalité est essentielle pour garantir une politique cohérente, inclusive et efficace.