Le danger de la trichloramine dans les piscines wallonnes
Session : 2024-2025
Année : 2025
N° : 370 (2024-2025) 1
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Question écrite du 23/05/2025
de ROBERTY Sabine
à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale
L'émission #Investigation diffusée le 14 mai dernier sur la Une a mis en lumière les dangers liés à la présence de trichloramine dans l'air des piscines publiques belges. Ce gaz, formé par la réaction du chlore avec des matières organiques telles que la sueur ou l'urine peut être particulièrement nocive pour la santé à forte dose, surtout pour celle des jeunes enfants.
Il est préoccupant de constater que la norme belge autorise une concentration de trichloramine dans l'air allant jusqu'à 0,5 mg/m³, soit une valeur supérieure à celles en vigueur dans d'autres pays européens comme la France, l'Allemagne ou la Suède, où les seuils sont fixés entre 0,2 et 0,3 mg/m³.
Comment M. le Ministre envisage-t-il d'améliorer la qualité de l'air dans nos piscines publiques ?
Est-il possible de réviser à la baisse la norme autorisée de trichloramine dans l'air des piscines publiques afin de l'aligner sur les standards européens plus stricts ?
Quelles mesures sont actuellement en place pour contrôler régulièrement les niveaux de trichloramine dans les piscines publiques, et ces contrôles sont-ils systématiquement effectués ?
Existe-t-il des initiatives pour promouvoir l'adoption de technologies alternatives au chlore ou des méthodes de traitement de l'eau réduisant la formation de trichloramine ?
Des campagnes de sensibilisation sont-elles prévues pour informer le public, en particulier les parents de jeunes enfants, des risques associés à la trichloramine dans les piscines ?
Enfin, des études épidémiologiques récentes ont-elles été menées en Wallonie pour évaluer l'impact de l'exposition à la trichloramine sur la santé des usagers réguliers des piscines, notamment les enfants et le personnel encadrant ?
Réponse du 23/06/2025
de COPPIETERS Yves
Afin d’encadrer la problématique de la trichloramine dans l’air des piscines, la Région wallonne a défini des normes précises.
Lorsqu’un dépassement de la valeur d’intervention est constaté, l’exploitant de la piscine est tenu de mettre en œuvre un plan d’intervention et de procéder à une nouvelle analyse dans un délai d’un mois. Si cette seconde analyse confirme le dépassement, le fonctionnaire chargé de la surveillance doit être averti. En cas de dépassement de la valeur limite, la fermeture immédiate de l’établissement est requise. La réouverture ne peut être autorisée qu’après réception d’un rapport favorable émanant d’un laboratoire agréé par la Wallonie, attestant du retour à un taux conforme. Un registre consignant l’ensemble des mesures correctives mises en œuvre doit également être tenu à jour par l’exploitant.
La réglementation impose par ailleurs plusieurs obligations d’autocontrôle aux gestionnaires de piscines. Ceux-ci doivent procéder à des analyses mensuelles de la qualité bactériologique et physico-chimique de l’eau, à un contrôle annuel de la qualité de l’air, à réaliser entre le 1er septembre et le 30 avril, ainsi qu’à trois vérifications quotidiennes des paramètres de désinfection, tels que le chlore libre, le chlore combiné, le pH et le taux d’humidité de l’air.
Depuis 2005, le Département de la police et des contrôles du SPWARNE a confié à l’ISSeP la mission de contrôler l’effectivité et la qualité de ces autocontrôles. Chaque année, environ 200 établissements font ainsi l’objet de contrôles ponctuels, portant tant sur les documents administratifs et techniques que sur des prélèvements et analyses d’eau. La trichloramine et les légionelles font quant à elles l’objet de mesures ciblées lorsqu’une anomalie est suspectée.
En mars dernier, dans le cadre de cette mission, le DPC a demandé à l’ISSeP d’actualiser les données disponibles relatives à la trichloramine. Ainsi, 305 analyses issues des autocontrôles menés entre 2020 et 2024 ont été regroupées et examinées. Les résultats sont rassurants : 93 % des échantillons présentent une concentration inférieure à la valeur d’intervention de 0,5 mg/m³, et 68 % se situent même sous le seuil de 0,3 mg/m³. Aucune piscine n’a enregistré plus d’un dépassement de la valeur d’intervention sur l’ensemble de la période.
Par ailleurs, des campagnes de mesures complémentaires de la trichloramine dans l’air sont en cours depuis avril 2025 et se poursuivront dès septembre. Ces nouvelles données permettront d’évaluer la pertinence d’une éventuelle révision des normes en vigueur, ou encore d’un renforcement de la fréquence des autocontrôles.
Pour limiter ces concentrations, plusieurs solutions techniques existent: l’utilisation de réacteurs UV, l’ozonation, la production de chlore par hydrolyse, les procédés Cuivre-Argent, et cetera, qui permettent d’extraire la trichloramine de l’eau au niveau du bac tampon et de l’évacuer vers l’extérieur. Toutefois, certaines de ces technologies ne garantissent pas une désinfection rémanente suffisante et doivent être associées au chlore.
En ce qui concerne la protection des jeunes enfants, une réflexion est en cours afin d’évaluer l’opportunité d’instaurer des limites plus strictes pour le chlore combiné, l’urée et la trichloramine, ainsi que de prévoir des autocontrôles plus fréquents dans les établissements qui les accueillent.
Les normes actuelles, les mesures de surveillance renforcées et les efforts continus d’amélioration témoignent de l’engagement constant de la région à garantir la sécurité des usagers, en particulier des plus vulnérables.