à COPPIETERS Yves, Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités et de l'Economie sociale
Quand un demandeur d'emploi retrouve un travail après plusieurs mois ou plusieurs années de chômage et qu'il a besoin d'un véhicule pour se déplacer sur son lieu de travail, aucune banque ne lui prêtera de l'argent pour s'acheter ce véhicule.
C'est ce que permet le microcrédit social. Ce type de microcrédit s'adresse aux travailleurs, aux pensionnés et aux allocataires sociaux en situation de vulnérabilité et qui ont des besoins de financement. Les microcrédits portent sur des montants de 500 à 15 000 euros et un taux de 6 %, plus bas que celui du marché. Chaque année, la coopérative octroie 500 microcrédits personnels.
Pour financer son fonctionnement, et principalement l'équipe des quatre chargés de crédit pour l'ensemble de la Wallonie, Crédal a répondu à un appel à projets de la Wallonie, qui le renouvelle régulièrement. Aux côtés d'autres spécialistes, un expert de la Région fait partie du comité de crédit qui décide de l'octroi des microcrédits.
D'après les informations parues dans le journal l'Avenir du 16 juin dernier, 51 % des personnes qui demandent un crédit sont des salariés et 45 % des bénéficiaires d'allocations sociales en 2024, une évolution inquiétante, car en 2021, il s'agissait de 37 % de travailleurs et 58 % d'allocataires sociaux. Les trois quarts des demandes concernent des achats de voitures d'occasion.
Face à la réforme des allocations de chômage du Gouvernement fédéral, qui va entraîner l'arrivée de plusieurs milliers de nouveaux entrants sur le marché du travail, les responsables de la coopérative craignent un afflux massif de demandes de microcrédits. En effet, une partie de ces personnes auront besoin d'un véhicule pour se déplacer sur leur lieu de travail.
M. le Ministre a-t-il été informé de la situation ? Quelle est son analyse ?
Le renforcement de l'équipe des chargés de crédit au sein de la coopérative pourra-t-il être réalisé, via un amendement au marché qui a été passé fin 2024 ?
Réponse du 09/07/2025
de COPPIETERS Yves
Le crédit social accompagné a été mis sur pied en Région wallonne en 2003. Il permet aux personnes en situation de fragilité financière à d’accéder à un crédit, tout en bénéficiant d’un accompagnement social et financier.
Conscient de son utilité, le Gouvernement wallon a relancé un marché public pour la période 2025-2028, qui a été attribué à Crédal pour un montant de 1 550 000 euros HTVA. Ce montant couvre à la fois : - les frais de fonctionnement ; - le différentiel d’intérêt, c’est-à-dire la part que la Région prend en charge entre le taux proposé par Crédal (6 %) et les taux bancaires du marché, souvent plus élevés pour ce public.
Depuis sa création, Crédal a octroyé 6 196 crédits sociaux accompagnés, pour un total décaissé de 26,47 millions d’euros. Le taux de sinistralité est remarquablement bas (autour de 2 %), ce qui témoigne de l'efficacité du suivi social.
Dans son rapport d’activités 2023, Crédal met en avant qu’il y a effectivement une hausse des demandes concernant des soins de santé. Cependant, cela ne représentait, en 2023, que 1 % des dossiers, alors que les demandes pour financer un véhicule représentaient quasiment 80 % des dossiers.
La modification du marché public n’est pas à l’ordre du jour. Si cela devait être le cas, cela nécessiterait une analyse juridique approfondie, car la modification d’un contrat public en cours d’exécution ne peut se faire qu’à la condition que ces modifications ne soient pas substantielles, sans quoi le contrat devra faire l’objet d’une nouvelle mise en concurrence.
L’équipe du crédit social accompagné de Crédal est dimensionnée pour 3 000 appels, 1 000 demandes de crédit social analysées par an et 500 dossiers de crédit social par an à soumettre au comité crédit. Crédal n’a, à ce jour, pas adressé de demande officielle quant à un risque de saturation ou à un besoin urgent de renforcement de son équipe.
Cependant, la coopérative rédige un rapport d’activités annuellement reprenant les données chiffrées en termes de demandes, de crédits octroyés ou refusés. Je serai bien entendu attentif à l’évolution de ces données.
Enfin, l’honorable membre l’a souligné à juste titre, la problématique du crédit ne peut être dissociée de celle de la pauvreté. L’endettement constitue un facteur de basculement vers la pauvreté ou d’aggravation de celle-ci.
Dans le cadre de l’élaboration de la stratégie de lutte contre la pauvreté, un groupe de travail dédié aux enjeux de ressources, d’endettement et de recours aux droits a souligné l’importance d’un changement de paradigme : il ne s’agit plus seulement de gérer les dettes existantes, mais bien d’agir en amont pour prévenir leur formation, leur aggravation et éviter l’enlisement dans l’endettement.
Le Comité de pilotage, chargé de coordonner l’ensemble du processus d’élaboration de la stratégie, clôturera ses travaux ce mardi, avec la finalisation du rapport de recommandations, fruit de la co-construction menée avec près d’une centaine de participants. Quant au Gouvernement wallon, il déposera un projet de stratégie en septembre, conformément à la note d’orientation, avec l’ambition d’apporter des réponses à la fois préventives et curatives face à ces enjeux.