/

Entreprenariat féminin.

  • Session : 2007-2008
  • Année : 2007
  • N° : 60 (2007-2008) 1

2 élément(s) trouvé(s).

  • Question écrite du 23/11/2007
    • de SIMONIS Isabelle
    • à MARCOURT Jean-Claude, Ministre de l'Economie, de l'Emploi, du Commerce extérieur et du Patrimoine


    Récemment, une étude du fonds de participation a dressé un portrait du paysage entrepreunarial en Belgique.

    Il ressort de cette étude qu’au sein du monde des indépendants à titre principal, les femmes représentent à peine plus de 30 % du total et 22 % en Wallonie.

    Diverses raisons sont épinglées pour expliquer cet état de fait.

    Tout d’abord, les jeunes filles sont moins encouragées que les jeunes gens à créer leur entreprise, notamment parce que les médias accordent une attention moins importante aux femmes entrepreneurs qu’à leurs homologues masculins.

    Ensuite, l'enquête indique que les femmes ont, en moyenne, une plus grande aversion pour le risque que les hommes. Elles financent davantage leur projet avec leurs économies et s'endettent moins facilement. Cet élément expliquerait que les entreprises gérées par les femmes sont en moyenne plus petites et génèrent moins de revenus.

    Le monde politique n’est au demeurant pas resté au balcon puisqu’il s'efforce d'encourager l'initiative privée en Belgique, vu le nombre trop réduit de créateurs d'entreprises.

    Parmi l’ensemble des mesures prises, aucune discrimination n'est faite entre les sexes. Bien au contraire, il existe des projets spécifiques axés sur les femmes, notamment le projet " Affaires de femmes, femmes d’affaires " du Crédal qui propose une formation, un micro-financement et des conseils. Il faut également citer le réseau Diane de l'Union des Classes Moyennes, qui met en contact des femmes chefs d'entreprise.

    Fort de ce constat de carence, cette étude du Fonds de participation formule des suggestions pratiques pour faciliter l'accès à l'entrepreneuriat féminin :

    - ainsi, en matière de garderies d’enfants, l’enquête souligne qu’en dépit des gros efforts consentis, l’offre ne répond toujours pas à la demande. Et de souligner qu’il s’agit d’un problème dont il faut se saisir de façon urgente;
    - en matière d’enseignement, l’étude propose d’instaurer une participation obligatoire dans au moins un projet de promotion de l’entrepreneuriat afin d’encourager les jeunes, garçons et filles, à lancer leur propre projet;
    - en matière de soutien, l’étude préconise que la phase de soutien des starters prenne davantage en compte les difficultés plus sensibles pour les femmes, comme la question de la sécurité;
    - ensuite, l’étude souligne que les femmes entrepreneurs obtiennent trop peu d'attention dans les médias. Et l’étude de préconiser que les femmes entrepreneurs devraient être plus présentes dans ces médias, avec une image plus complète et plus correcte;
    - enfin, un problème fondamental a été épinglé quant à la difficulté d’obtenir des données ventilées par sexe. Et l’enquête de recommander aux institutions financières de réaliser et de publier des statistiques relatives aux hommes et aux femmes.

    Dans quelle mesure une approche spécifique du genre devrait être introduite dans le système actuel en vue de promouvoir l'esprit d'entreprise des femmes ?

    Que pense Monsieur le Ministre des recommandations émises par le fonds de participation ?

    Les éléments développés par cette étude sont-ils pertinents et pourraient-ils implémenter la politique de Monsieur le Ministre en matière d’entrepreunariat féminin ?
  • Réponse du 17/12/2007
    • de MARCOURT Jean-Claude

    L’étude menée par le Fonds de Participation met en relief plusieurs problématiques qui pèsent sur l’entrepreneuriat par les femmes.

    La première d’entre elles touche à la question de la conciliation vie privée – vie professionnelle des femmes et à la garde des enfants. S’agissant d’un enjeu important pour l’ensemble des femmes qui s’insèrent dans la vie professionnelle, le plan Marshall présente, à travers son axe 2 relatif à la création d’activités, une mesure consistant à créer 5.650 places supplémentaires dans les lieux d’accueil ONE prévus pour les enfants de 0 à 3 ans (crèches, haltes- garderies, maison communales d’accueil des enfants) et dans les écoles maternelles. Ces 5.650 places d’accueil supplémentaires correspondent à 950 emplois supplémentaires (450 APE et 500 PTP). Par ailleurs, le Plan Marshall prévoit un budget afin de subventionner 1.960 places supplémentaires dans l’accueil extra-scolaire, qui correspondant à 140 nouveaux emplois. C’est plus de la moitié de l’objectif de Barcelone qui vise la création de 8.000 places par la Communauté d’ici 2009.

    Pour ce qui concerne la sensibilisation à l’esprit d’entreprendre des jeunes en âge scolaire, l’Agence de stimulation économique créée par l’axe 2 du Plan Marshall – « Stimuler la création d’activités », tient un rôle actif en ce domaine.

    Pour rappel, un certain nombre d’actions soutenues par le Département de l’Economie, s’adressent chaque année aux établissements scolaires et académiques afin de sensibiliser les jeunes au goût d’entreprendre. Ces actions touchent tous les niveaux d’enseignement : le primaire (Ex : projet Cap’Ten), le secondaire (Ex : projets mini-entreprises, Dream) et le supérieur de type court et long (Ex : projets Génération Entreprendre, Start Academy, Young Enterprise projects, Clubs d’étudiants entrepreneurs…).

    Eu égard à la qualité de ces actions, l’objectif de l’ASE consiste à accroître leur visibilité auprès des établissements ainsi que le nombre de jeunes, garçons comme filles, touchés chaque année. Pour cela l’ASE a réalisé un programme coordonné d’actions, opérationnel depuis cette rentrée scolaire, dont les apports sont les suivants :

    - le budget annuel consacré aux actions de l’esprit d’entreprendre a été doublé et est passé de 700.000 euros à 1,5 million d’euros ;
    - les actions ne sont plus présentées en ordre dispersé par les opérateurs qui les portent mais à travers un programme coordonné et cohérent ;
    - ce programme est relayé par cinq agents de l’Esprit d’entreprendre sélectionnés parmi le personnel éducatif de l’enseignement et engagés auprès de l’ASE ;
    - outre le public cible prioritaire que sont les jeunes, le programme d’actions se concentre sur deux autres cibles : les responsables d’établissement et le personnel enseignant d’une part, en tant qu’acteurs dans la transmission des savoir et des valeurs, ainsi que les médias d’autre part, dans l’optique d’un travail culturel de fond visant l’évolution des mentalités face à l’acte d’entreprendre.

    Pour ce qui concerne la visibilité des femmes entrepreneurs dans les médias, l’étude du Fonds de Participation confirme les résultats de l’étude menée par le centre pour l’Egalité des chances de l’ULg (l’EGID) en 2007 et qui porte sur l’image de la femme entrepreneur à travers la presse écrite.

    L'objectif de cette étude ? Cerner les raisons qui amènent la presse à donner moins d'écho aux femmes entrepreneurs pour, à terme, sensibiliser les responsables de rédaction à véhiculer une image plus positive et plus réaliste de l'entrepreneuriat par les femmes. L'idée est de susciter l'identification d'un plus grand nombre de femmes à celles qui ont entrepris une activité. Ces dernières, contrairement à l'image qu'en véhicule la presse, ne se limitent pas à quelques fortes personnalités à la tête de grosses sociétés. Au contraire, les femmes entrepreneures wallonnes sont majoritairement représentées à la tête de TPE, dans des secteurs plutôt traditionnels (les services aux PME et aux personnes, le commerce) mais où elles font le plus souvent preuve d'originalité et de créativité.

    A la question de savoir si la question du genre dans l’accompagnement des créateurs d’entreprises est une dimension à prendre en considération, la réponse est la suivante : l’Agence de stimulation économique précédemment citée, a précisément reçu la mission de travailler à la réalisation d’un programme d’actions de sensibilisation des femmes à l’entrepreneuriat.

    L’A.S.E. analyse actuellement différentes propositions d’actions soumises dans le cadre de la programmation FSE. L’analyse de l’A.S.E. consiste à définir un portefeuille de projets coordonnés où chaque opérateur est amené à se positionner et se professionnaliser sur un métier. Parmi les actions déposées, le projet Diane est sans doute le plus emblématique ; ce réseau qui favorise le mentorat entre femmes indépendantes, s’inscrit très justement dans les pistes prônées par les études portant sur l’entrepreneuriat au féminin.

    Complémentairement aux actions déposées par les opérateurs et sans préjuger des avis qu’elle remettra dans le cadre de la sélection de ces projets, l’ASE envisage trois pistes d’actions complémentaires et particulières mais qui doivent toutefois faire encore l’objet d’une approbation par les organes de gouvernance de l’Agence.

    Les deux premières actions s’inspirent du modèle mis en place dans la région de Glasgow afin de maximiser l’efficacité des outils classiques existants.

    Première action : réalisation d’un modèle pédagogique à destination des structures classiques d’accompagnement à la création d’activité :

    - comment aborder l’entrepreneuriat féminin;
    - comment communiquer sur les succès entrepreneurial des femmes accompagnées par ces structures ?

    Deuxième action : sensibilisation des réseaux féminins à l’existence des dispositifs classiques d’accompagnement à la création d’entreprise.

    Troisième action : constitution d’un focus group chargé d’émettre des propositions sur trois thématiques principales :

    - la mise en place par l’ASE d’un plan coordonné d’actions de communication et la création d’une culture entrepreneuriale au féminin à l’échelle de la Région wallonne;
    - l’indentification d’actions permettant de lever les freins à la croissance des entreprises dirigées par les femmes ;
    - la pertinence d’une approche sectorielle dans la stimulation de l’esprit d’entreprise au féminin.