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Projet d'exploitation des carrières d'Antoing par Holcim.

  • Session : 2008-2009
  • Année : 2008
  • N° : 90 (2008-2009) 1

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  • Question écrite du 12/11/2008
    • de WACQUIER Pierre
    • à ANTOINE André, Ministre du Logement, des Transports et du Développement territorial

    Afin de pérenniser et développer son activité industrielle en Belgique, la Société Holcim, implantée depuis 1911, lance un projet d'exploitation de carrières à Antoing.

    La société doit, d’une part, faire face l'épuisement de ses gisements sur le site d'Obourg supposés vers 2020 et, d’autre part, se mettre en conformité avec la mise en application des réglementations en matière de réduction des émissions de CO2.

    La société Holcim veut exploiter un gisement calcaire sur une zone de 157 hectares (sur des terrains situés sur la rive gauche de l'Escaut sur les communes d'Antoing et de Tournai), afin d'alimenter sa cimenterie d'Obourg où l'épuisement des gisements se situe vers 2020. En exploitant les carrières situées sur les territoires précités, la société assurerait la pérennité de ses activités pendant 70 ans.

    Le projet d'Holcim pourra compter sur un partenaire : le groupe C.B.R. (Cimenteries et briqueteries réunies). L'investissement financier pour l'exploitation de cette nouvelle carrière à Antoing est estimé entre 50 et 70 millions d’euros.

    A Antoing, Holcim compte produire +/- 4,5 millions de tonnes de calcaire par an. Afin d'alimenter le four d'Obourg, grosso modo 3,2 millions de tonnes de pierre, équivalent à 70.000 tonnes par semaine, seront expédiées par barges.

    C’est dans ce contexte que, le 12 septembre dernier, la Société Holcim a déposé auprès des villes d'Antoing et de Tournai un dossier visant à modifier partiellement le plan de secteur.

    Dans notre cas d’espèce, les intérêts qui découleront de ce projet seront essentiellement économiques et financiers et profiteront particulièrement aux investisseurs. Soulignons, et ce n’est pas rien de le dire, que cela permettra de créer 25 emplois directs et de maintenir ceux sur le site d'Obourg. Les inconvénients seront à la charge des riverains sans compter les impacts paysagers et environnementaux.

    Mon observation première concerne la bande transporteuse Nord qui passera au dessus de l’Escaut. L’installation de cette infrastructure aura une double conséquence. Premièrement, elle scindera le village de Calonne en deux parties. Ce n’est pas une vue de l’esprit, la bande transporteuse fait 100 mètres de long. La séparation dans l’espace sera bien réelle et visible.

    Deuxièmement, elle engendrera un important impact paysager. Je m’explique, Monsieur le Ministre a, face à lui, l’Escaut bordé de part et d’autre de chemins de halage. A divers intervalles, des ponts en parfaite harmonie avec le paysage. Premier bémol paysager : la cimenterie dont les structures en acier ternissent le site. Ce n’est pas radieux. Maintenant, si une bande transporteuse ayant le gabarit d’un pont est aménagée, le petit village de Calonne adoptera très vite les allures d’une cité sidérurgique, ce qui ne cadre absolument pas avec les environs.

    Les conséquences visuelles seront gigantesques. Sans oublier les inconvénients sonores et la diffusion de particules de poussières dans l’air. Dès lors, Monsieur le Ministre ne pense-t-il pas que, tout en privilégiant le transport par voie fluviale, tout en mettant en place des solutions qui répondent aux enjeux du développement durable, on puisse envisager un projet qui entraverait de manière moins abrupte la qualité du paysage ?

    Pour ce qui est des merlons, ces monts de terre destinés, d’une part, à freiner les chutes de rochers, et, d’autre part, à protéger les habitations. En érigera-t-on d’autres ? D’ici plusieurs décennies, qu’en adviendra-t-il ? Seront-ils réhabilités ? Une manne financière est-elle prévue ?

    Je reste convaincu et persuadé que, dès aujourd’hui, il faut penser à l’ « après exploitation ». Une fois les gisements exploités jusqu’à la dernière poussière, il ne faut pas qu'Antoing devienne une friche industrielle. Qu’adviendra-t-il des carrières ?

    La Ville d'Antoing ne doit pas, aujourd’hui, être la victime des investisseurs et, demain, payer pour le démantèlement des structures du passé. Monsieur le Ministre ne pense-t-il pas qu’il serait logique d’envisager, dès aujourd’hui, le futur de l’entité en élaborant un cautionnement solide qui, dès la fin des activités et exploitations, structurerait et assurerait la réhabilitation du site ?
  • Réponse du 11/12/2008
    • de ANTOINE André

    Tout d'abord, nous pouvons nous réjouir qu'Holcim pérennise ses activités cimentières au-delà de l'épuisement de ses ressources de craie sur Obourg, et investisse pour cela de manière significative dans le Tournaisis.

    En ce qui concerne la bande transporteuse Nord, le projet prévoit qu'elle sera enterrée sur toute la partie contiguë au village de Calonne. Elle ne deviendra aérienne que pour le passage au-dessus de l'Escaut où elle sera entièrement capotée et insonorisée, évitant ainsi toute nuisance liée au bruit et aux poussières.

    En ce qui concerne l'esthétisme de la partie aérienne, Holcim fera appel à un cabinet d'architectes, en concertation avec les villages d'Antoing et de Calonne, pour intégrer au mieux visuellement la bande lors de sa traversée de l'Escaut.

    L'étude d'incidences permettra d'évaluer toutes les nuisances résiduelles potentielles liées à ce transporteur.

    En ce qui concerne les merlons, ils sont mis en place pour isoler les habitants de l'exploitation de la carrière. Leur hauteur fera l'objet de recommandations de la part de l'étude d'incidences. Le projet d'Holcim prévoit qu'ils seront réalisés de manière à s'intégrer au mieux au paysage existant.

    A l'issue de l'exploitation, ils seront soit détruits afin de revenir au paysage originel, soit conservés afin de garder la flore qui s'y sera constituée. Là aussi, l'étude d'incidences se prononcera sur la meilleure solution.

    Par ailleurs, dans le permis unique qui sera délivré après l'adoption de la révision de plan de secteur par le Gouvernement wallon, des conditions relatives à la fin de l'exploitation seront naturellement imposées et l'exploitant se devra de s'y conformer.

    Enfin, en ce qui concerne des cautionnements éventuels pour garantir la réhabilitation du site, rappelons que nous sommes ici dans la procédure de modification du plan de secteur et que la notion de cautionnement est dès lors prématurée.

    Cette notion est prévue dans le cadre de la procédure de permis unique qui suivra la modification de plan de secteur.