La présence ou non de radioactivité dans l'eau potable
Session : 2009-2010
Année : 2010
N° : 644 (2009-2010) 1
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Question écrite du 02/06/2010
de PARY-MILLE Florine
à HENRY Philippe, Ministre de l'Environnement, de l'Aménagement du Territoire et de la Mobilité
Lors d’un récent reportage télévisé de France 3, on a pu constater que l’eau du robinet dans certaines régions de France, tout en respectant les normes en vigueur à savoir des teneurs maximales en pesticides et en nitrates, pouvait être dangereuse pour la santé en raison de sa radioactivité naturelle.
En effet, alors que la présence de radon dans les caves des habitations est depuis longtemps connue comme étant un facteur aggravant du cancer du poumon, il existe très peu de littérature scientifique en ce qui concerne la présence de radon dans l’eau potable et sur les effets en termes de santé publique sur les consommateurs.
Cette méconnaissance du danger a abouti à une non prise en compte de ce phénomène en France, où concrètement l’eau potable ne doit répondre à aucune norme en matière de radioactivité, induite par la présence naturelle de radon au point de captage.
Une récente enquête a pourtant montré que les personnes habitant près des centrales nucléaires étaient plus exposées à l’apparition d’un cancer de la thyroïde.
L’eau potable en Région wallonne doit-elle respecter une norme maximale de becquerel par mètre cube, sachant que les endroits où le radon est plus présent sont les Provinces de Liège et du Luxembourg ?
La SWDE effectue-t-elle des contrôles à ce propos en collaboration avec l’Agence fédérale de contrôle nucléaire ?
Réponse du 30/06/2010
de HENRY Philippe
La question concernant la fixation d'une norme relève de la compétence fédérale en matière nucléaire.
L'eau du robinet doit répondre aux exigences de la Directive 98/83/CE du Conseil du 3 novembre 1998 relative à la qualité des eaux destinées à la consommation humaine, transposée au sein du Code de l'Eau.
En ce qui concerne la radioactivité, deux paramètres doivent faire l'objet de contrôles selon cette Directive. Il s'agit du tritium et de la dose totale indicative (DTI), pour lesquels les valeurs paramétriques sont de 100 becquerel par litre (Bq/l) et de 0.10 milliSievers par an (mSv/an), respectivement. Sachant que l'exposition moyenne de l'homme aux rayonnements de source naturelle est de 2.4 mSv/an, ce niveau représente moins de 5% de la dose efficace moyenne attribuable annuellement au rayonnement naturel.
La Commission européenne a également publié en date du 20 décembre 2001 une recommandation concernant la protection de la population contre l'exposition au radon dans l'eau potable. Ce document précise que des mesures correctives doivent être prises au-delà d'une concentration de 1.000 Becquerel par litre et que des seuils devraient être fixés par les états membres lorsque la concentration dépasse 100 Becquerel par litre si l'eau est fournie dans le cadre d'une activité commerciale où publique.
Depuis de nombreuses années, la SWDE réalise régulièrement des campagnes de mesure de la radioactivité de l'eau de ses captages. Cela correspond à près de 900 analyses de radioactivité.
La SWDE n'est pas seule concernée par cette problématique, puisque 53 autres opérateurs publics assurent la distribution d'eau publique en Région wallonne, sans parler des ressources privées.
En 2006 et 2007, une importante étude de la radioactivité dans l'eau a été menée par l'Institut de la Santé Publique. En résumé, ses conclusions sont rassurantes : - les teneurs en 3H dans les eaux souterraines ne posent pas de problème par rapport à la valeur guide définie dans la directive. C'est un paramètre qui ne mérite pas un contrôle intensif routinier. - les calculs pour les données existantes de la dose totale indicative (DTI) n'ont donné aucun résultat supérieur à la limite de 0.1 mSv/an.
En ce qui concerne plus particulièrement la problématique du radon, la principale source d'exposition provient de bâtiments situés dans des zones à risque et dont l'isolation est insuffisante. Toutefois, des mesures ont été réalisées sur les eaux brutes et le seuil de 1000 Bq/l n'a pas été dépassé. Dans ce cas, il faut tenir compte de la très grande volatilité de cet élément qui est éliminé lors du transport de l'eau et du séjour de l'eau dans les ouvrages de stockage. Les teneurs en radon au robinet du consommateur devraient par conséquent être très faibles.